Quelques mots mal placés peuvent suffire à faire basculer une vie.

Et quelques mots, c'est tout ce dont Gaston a eu besoin pour porter le coup de grâce à notre couple moribond. Quelques mots, une toute petite phrase d'apparence anodine prononcée avec surprise, presque comme une inquiétude : "Et ton frère alors ?"

Quelques mots simples, pourtant sans mauvais sens à la base. Mais ce jour-là, dans cette conversation-là, à cet instant-là très précis, ces quelques mots sont devenus un coup de poignard qui m'a mis à genoux et laissée totalement sans voix.

Et qu'est-ce que j'aurais bien pu dire ? Quelle réponse aurais-je pu faire en découvrant que l'homme que j'aime me voit... comme une trainée ? Quoi dire en réalisant que quand je lui ai confié que petite fille j'ai été attouchée et violée par un membre de ma famille, lui n'en retenait finalement qu'une relation consanguine ?

Comment même lui expliquer le niveau d’écœurement dans lequel je me suis retrouvée face à sa réponse ? La simple idée qu'il puisse considérer ce que j'ai vécu comme une "relation sexuelle" me fait frémir de dégout.

Personne avec si peu de mots n'avait jamais réussi à me faire me sentir aussi mal et aussi sale... J'étais incapable de raisonner ou même d'essayer de lui expliquer. Tout ce que je voulais c'est qu'il me laisse. Qu'il retourne à ses jeux et qu'il me laisse accuser le coup. Qu'il me permette juste de digérer l'affront.

Mais même ça, même cette paix-là, je n'y ai pas eu droit. Il m'a poursuivie, harcelée, pour me faire admettre que c'était moi qui étais trop susceptible. Qu'après tout même un viol est quand même bien une "sorte de relation sexuelle", que c'était moi qui ne comprenais rien à rien. Et quand, épuisée et lassée, j'ai fini par lui donner raison... il s'est indigné parce que je n’étais pas vraiment convaincue par ce que je disais... Ben tient.. !