Il faut savoir prendre son mal en patience", jamais cette expression ne m'a paru aussi odieuse qu'aujourd'hui.

Depuis ce week-end, Gaston cherche en vain à m'énerver par tous les moyens possibles et imaginables.
Les menaces et les affronts, j'ai pris sur moi.
Les reproches arbitraires et illégitimes, je me suis contrôlée.
La punition par le silence, je ne me suis pas inquiétée.
Alors aujourd'hui, il fait un truc qui, je dois bien avouer, me porte particulièrement sur les nerfs. Il me rappelle de faire quelque chose juste au moment où je me prépare à le faire. Ce qui lui permet de s'attribuer tout le mérite de mes actions puisque c'est parce qu'il me l'a rappelé que je l'ai fait. Et si pour une raison ou une autre je ne le fais pas, ses reproches deviendront légitimes. Quoiqu'il en soit, il peut donc se flatter d'être celui qui pense à tout et sans qui je n'arrive à rien.

Je sais que je ne devrais pas le laisser m'atteindre mais ça commence à faire beaucoup.
Respirer. Laisser couler. Ne pas réagir. Surtout ne pas réagir.
Et pourtant, je suis prise d'une furieuse envie de frapper, si forte que la retenir me fait mal aux épaules et aux bras. Je suis obligée de serrer les dents pour retenir le flot d'injures qui s'accumulent dans ma gorge et tente désespérément de se frayer un chemin à travers mes lèvres closes.
La colère c'est mal, je sais.
C'est moi que je blesse avec ces toxines, je sais.

Mais bon sang, qu'est-ce que ça ferait du bien de lui en coller une rien qu'une fois. Ou juste de relâcher la grossière logorrhée qui essaye de sortir, rien qu'un moment ressentir cet orgasme verbal. Pouvoir enfin relâcher cette pression qui s'accumule inlassablement.
Mais il faut encore que j'attende et que je prenne mon mal en patience. Mais pour paraphraser cette citation vue sur les réseaux sociaux, je préférais nettement prendre mon bien en urgence.