Samedi 01 juin 2019
"Quand on cesse d'aimer quelqu'un, c'est qu'on ne l'a jamais aimé au départ".
J'ai toujours été d'accord avec cette maxime mais ces derniers temps je suis bien moins sûre de moi. Ça semblait tomber sous le sens, l'amour devait être plus fort que tout. Il ne pouvait que tout accepter, tout endurer, tout traverser et rester inchangé pour être réellement de l'amour.
Et si c'était plus compliqué que ça ? Et si on ne cessait effectivement jamais d'aimer ceux qui entre dans notre cœur mais qu'en réalité on cessait d'être la personne qui ressentait cette flamme ? Et qu'on confonde en fait le souvenir avec l'émotion elle-même ?
Je crois que les moments de souffrances se figent en nous alors qu'ils nous changent radicalement. Et comme les instantanés d'un passés endoloris, ils nous immortalisent juste avant cette scission. Et quand c'est la relation elle-même qui devient toxique au point d'en devenir un calvaire, ce souvenir de nous et de l'attachement qu'on portait à l'autre deviennent une cicatrice du passé. Littéralement figée en un souvenir doux-amer, une réminiscence d'un avenir définitivement gâché.
Ce n'est pas parce que j'ai ouvert les yeux sur notre relation ou que j'ai choisi de m'en éloigner que ce que j'éprouvais s'est évanoui d'un seul coup. Même avec la colère, même avec le ressentiment, même avec le regret et la peine, les choses ne sont pas aussi simples.
J'ai dû faire face à un choix : me laisser éteindre par cette affection aussi aveugle que destructrice ou m'éloigner pour reprendre le contrôle de mon existence. Et aussi fou que cela puisse paraître, j'ai sincèrement hésité. Je me suis avancée tellement loin dans le domaine de la dévastation personnelle que revenir en arrière semblait et semble encore totalement insurmontable. Et pourtant j'ai choisi d'entreprendre ce voyage improbable poussé par un espoir ténu mais vivace.
Et parfois, mon inclination pour lui remonte à la surface. J'oublie alors que ce n'est guère plus qu'un vestige blafard d'une réalité disparue et j'ai le coeur lourd. Mais de nous, il ne me reste plus que l'écho perdu d'émotions paradoxales : une tendresse discrète, une aigreur trop présente et beaucoup de chagrin.
Cela me semble aujourd'hui impensable et totalement aberrant mais je crois qu'accepter qu'il fasse partie de moi pour toujours est une étape nécessaire pour mettre définitivement fin à notre histoire, cesser tout contact et couper tous les ponts.
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