J'ouvre les yeux mais tout est noir autour de moi. Je suis recroquevillée au fond de quelque chose, le dos contre le fond. J'essaye de me redresser, mais c'est difficile.

Ou suis-je ? Qu'est ce qui m'est arrivée ? Ou sont papa et maman ? Pourquoi je suis toute seule ?

Levant les bras aussi haut que je peux, je parviens à aggripper un rebord. En tirant de toute mes forces, je parviens à me hisser à l'air libre, respirant ma première bouffée d'air frais.

La pièce est plongée dans le noir, mais j'aperçois des meubles familiers. Est-ce ma chambre ? Ma maison ?

Au loin, plusieurs tables rondes gigantesques disposées de par et d'autre. Tout au fond, un tableau à craies qui me semble très très haut. A droite, accrocher au mur, un porte-manteau vide. A gauche, de grandes fenêtres couvertes de dessins et d'autocollants.

Je suis déjà venue ici, j'en suis sûre !

Baissant la tête, mes mains se serrent sur le rebord. Le sol semble tellement bas. J'ai peur. Pourqui suis-je aussi haute ? Comment je vais descendre ?

Aggrippant le rebord comme je garderais mon goûter, je lève une jambe puis l'autre, me suspendant dans le vide. Je ne dois surtout pas regarder en bas. Tout tourne devant mes yeux, j'ai le vertige.

Mes doigts s'enfoncent dans le tissus qui me sert à descendre. A chaque pas, j'ai peur de tomber. J'aimerais tellement que ma maman et mon papa soient là.

Déconcentrée, j'oublie de m'accrocher à un morceau de tissus. Je sens mes mains qui glissent et mes pieds dérapent. Je lâche prise, tombant dans le vide. J'ai l'impression que ça dure des heures. Mon cri de terreur résonne dans mes oreilles.

J'atterris finalement sur un sol en bois sans le moindre bobo. En levant la tête, je vois une blouse d'enfant couverte de peinture accrocher à un porte-manteau. Sa poche est légèrement tordu. J'étais là haut ? Dans la poche d'un vêtement ?

Maintenant que je suis parterre, il faut que j'arrive à sortir d'ici. Mais je n'y vois pas grand chose. Je dois trouver de la lumière. Un bureau au fond de la pièce, bien plus haut que tous les autres, m'intrigue. Peut-être y aura-t-il quelque chose qui fait de la lumière ?

Plus j'avance vers mon objectif, et plus je reconnais l'endroit. C'est ma classe, celle où je vais à l'école. Je suis en maternelle. Ces tables rondes, c'est là où on s'assoie avec mes copains et copines. Cette blouse, c'est la mienne, maman a même mis mon nom dessus.

Pourquoi je suis à l'école alors qu'il fait nuit ? Est-ce que je rêve ? Maman va venir me réveiller d'un bisous sur le front ? Papa va me faire voler dans ses bras pour me dire bonjour ?

J'arrive au bureau de la maîtresse et je commence à l'escalader difficilement. Comment est-ce que mes mains collent au meuble ?

Je me tape dans la poignée du tiroir avant de le contourner et de grimper dessus. Je tiens en équilibre, les bras tendus, me forçant à ne pas regarder en bas. Je ne me suis pas fais mal en tombant avant, mais je ne veux pas en refaire l'expérience.

Alors que je me demande comment ouvrir le tiroir, celui-ci bouge tout seul, me donnant accès à ce qu'il contient. Dedans, des objets confisqués : une bille, une carte à collectionner, une toupie, une balle. Mais pas de quoi faire de la lumière.

Je m'assoie sur le bord du tiroir, dépitée. Comment sortir d'ici si je n'y vois rien ?

Il me faut un moment pour réaliser que j'ai réussie à venir jusqu'au bureau sans. Comment ? Mon regard parcours à nouveau la salle. J'y vois sans être gênée par la pénombre.

Le tiroir sous moi se met soudainement à bouger et je saute instinctivement pour éviter qu'il ne se referme sur moi. J'atterris sur le bureau, m'étalant dessus. Alors que je me redresse sans ressentir aucun bobo, une bougie apparaît sous mon nez.