Attirée par la détresse apparente du jeune homme, son gros sac à dos, et son banjo, la jeune fille s'était assise près de lui ce jour-là.

Il faisait chaud, nous étions au début de l'après-midi, et une légère et agréable brise marine soufflait un air doux, sur leurs visages.

La petite plage de galets, à côté du bunker énorme de la "porte des quatre pompes", était interdite au ramassage des coquillages et à la baignade. Néanmoins, une certaine tolérance existait, et l'on voyait souvent quelques pêcheurs, et badauds à l'eau ou bronzant allongés, sur des serviettes posées à même les galets.

Le petit bourg de St Pierre se trouvait huit cent mètres plus haut, en remontant la rampe.

Sarah et ses amies descendaient là, pour prendre le soleil, pas trop loin de chez elles.

Elle avait tout de suite remarqué le jeune homme, en arrivant. L'air prostré, et le regard tourné vers le large.

Absent.

Il lui avait souri lorsqu'elle s'était approchée de lui, puis s'était finalement assise, juste à côté.

Les jeunes filles étaient directes et franches, et ne s'embarassaient pas de préliminaires.

• Ca va ?
• Je m'appelle Sarah, et elles,... ce sont mes copines !

John parlait un peu le français grâce à sa soeur, mais pas trop.

D'abord interloqué, par l'attitude de la jeune fille, si peu farouche, il avait répondu :

• John !... My name is John.
• Vous êtes anglais ?
• American !...

Sarah le regardait, les yeux écarquillés, et souriait de toutes ses dents.

• Hahahah !... Américain !... C'est un américain, les filles,...!

Elles gloussaient toutes, la main sur leur bouche, et le rouge aux joues, excitées comme des puces.

• Vous êtes musicien ?

Sarah continuait à le fixer, curieuse, et un peu hypnotisée par le jeune homme, si différent des jeunes qu'elle fréquentait d'habitude.

John était beau gosse, brun, et pas très grand pour un américain.

Elle fixait également le chapelet étrange, qu'il portait autour du poignet gauche.