Montgolfières.
Une énorme mouche s'excitait contre le double-vitrage, donnant sur le petit balcon du studio.
Duchêne avait entrouvert le battant en plexi blanc, malgré la circulation et les odeurs de pots d'échappement, qui remontaient de la rue en dessous.
Le bourdonnement des ailes du diptère, faisait écho à la tempête neuronale, prête à exploser dans sa tête.
Depuis chez lui, il entendait aussi le vrombissement de la tondeuse à gazon, provenant du presbytère, juste en face.
Il se rappela également qu'on appelait "mouches", les petites douleurs précèdant l'accouchement, reste de culture littéraire, et intérêt sincère pour notre patrimoine linguistique.
Son cerveau fonctionnait presque librement, sans qu'il eut besoin de cogiter plus que ça,...Les associations s'enchaînaient au gré des interactions avec son environnement proche.
Une partie de lui-même s'était déconnectée, ainsi qu'il en avait l'habitude lorsque la pression était trop forte.
Il n'avait pas attendu le jardinier pour faire ses propres recherches botaniques et utiliser les ressources du net.
Il savait aussi que le chemin de St Jacques passait par ici. Les pélerins arpentaient le Gr et Duchêne n'avait pas manqué de noter le lien historique, qui existait entre le lilas blanc, les premiers chapelets et ces pélerins en route vers la Terre Sainte, autrefois.
Il laissait tout ça mûrir et les associations se faire, jusqu'à obtenir, un ensemble plausible et cohérent.
Restait à établir le lien entre Sarah, les autres victimes, et la religion.
Ce soir il irait s'asseoir au bord du terrain de foot, juste à côté : sous l'aubette où aimaient s'installer Sarah et ses amies.
Il observerait les allées et venues, et tenterait de parler avec elles.
Le bruyant bruissement de la mouche s'était transformé en un vol majestueux de ballons dirigeables colorés, planant ensemble harmonieusement, vers le couchant.
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