L'évocation de sa charge, semblait peser un peu plus sur les épaules du prêtre.

• C'est bien moi, comme vous le voyez...

Duchêne n'insista pas et marqua un silence.

• Nous nous voyons enfin,...,...J'espère que vous avez mis tout ce temps à profit, et que mon enquête va pouvoir avancer, avec vous.
• Je l'espère aussi,...

Le jeune prêtre n'avait pas plus de la trentaine, peut-être un peu moins. Il connaissait les trois jeunes filles, victimes de la même mise en scène : découvertes au beau milieu du jardin, dans l'enceinte du presbytère.

Les trois crimes avaient eu lieu dans la même période, entre le début du printemps et la fin de l'été....

Plus exactement, dans la période impartie aux cérémonies de communion, et confirmation pour les plus âgés d'entre eux.

Etait-ce pour faire plaisir à leur famille, dans un souci d'intégration pour certaines, ou bien pour se démarquer des autres, que ces jeunes avaient fait cette démarche de foi ?

Par tradition sans doute. Le "lobbying" de l'église et la présence active des associations d'entraide, telle que le secours catholique, c'est à dire de ceux qui agissaient là où l'état démissionnait, au sein des cités défavorisées et autres ghettos sociaux, faisaient leur oeuvre efficace.

Un peu de reconnaissance pour les pauvres, leur donnait un certain sentiment d'exister, comme une dignité qui leur était reconnue...

Peut-être aussi le charisme du jeune curé et son action auprès des écoles privées, très présentes dans la région.

On appelait bien de façon très générique, ce territoire : "la terre des prêtres". L'évangélisation du peuple breton n'était pas une légende. Jusqu'à un récent passé, l'emprise de la religion avait été, très active. Plus confidentielle aujourd'hui, son influence restait réelle.

• Ces enfants m'aiment et me respectent,...lâcha le prêtre, la voix meurtrie. Je connaissais leur famille et discutais souvent avec elles.

Duchêne était perplexe. Autant sur les paradoxes, de ce monde, qui échappait à toute raison, que sur l'état émotionnel du prêtre.