La porte de l'appenti était grande ouverte.

Bérenger, penché au-dessus de l'établi, enfilait ses perles florales, totalement absorbé par son office.

Duchêne frappa à peine, avant d'ouvrir un peu plus la porte du local.

Bérenger sursauta si fort, qu'il en laissa échapper son ouvrage.

Duchêne le ramassa aussitôt.

• Bel ouvrage,dites moi !.., je viens de voir le même, au poste de St martin...

Bérenger le regarda, un peu moins fier que d'habitude.

• Comment ça, au poste,...? Je les fabrique pour les pélerins. Je récupère d'abord les graines, je les fais sécher...Ensuite je perce un trou au centre et puis,...je les enfile.
• Un certain Ancelin,...ça vous dit quelque chose ? Très grand,...et très énervé !....
• Je vois, répondit le jardinier. Il m'aide quelquefois... Je lui donne un peu de travail, contre quelques euros. Je lui ai offert un de mes chapelets, une fois, en récompense de son aide, et pour son réconfort.
• La prière, ça aide toujours...

Duchêne jeta un oeil sur le gros bocal de verre, posé sur l'étagère.

• Vous savez qu'on a retrouvé le même genre de grain, dans le col d'une des jeunes ?... Comment expliquez-vous cette "coïncidence" ?

Bérenger semblait perdu, et restait sans voix.

• Elles m'aidaient aussi, parfois ! Le père Ebbon tentait de les convaincre de faire leur confirmation. Je les ai connues petites, avant leur communion ; elles venaient au catéchisme ! C'était avant qu'elles s'habillent comme ça,...et se mettent du rouge ! Vous vous rendez compte, si jeunes...
• Le monde a changé, mon vieux ! On va faire des prélèvements ici.

Le jardinier désemparé et silencieux, ne rétorqua pas.

• Je vous mets en garde à vue, Bérenger.