chapitre 6

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Plus les jours passent, plus les jeunes captives ont du mal à se déplacer. Elles souffrent de courbatures et ont peur pour leur avenir, ce qui ne les aide pas à avoir l’esprit tranquille. Pour toutes, il s'agit de leur première enfant. Cela les effraie car l'accouchement est une étape
nouvelle dans leurs vies.

Nathalie essaye de ne pas céder à la panique et de conserver son calme afin de ne pas se créer des contractions dû au stress. Son bébé la fait déjà suffisamment souffrir, elle n'a pas envie de se rajouter d’autres soucis d’ordre psychosomatique. La française a remarqué que des changements sont en train de s'opérer. Les tests, auxquels elles sont soumises, sont différents, comme si on les sondait au plus profond de leur être, qu'on essayait de leur arracher leur progéniture. Ces expériences n’ont rien de plaisantes et sont assez douloureuses. Mais les jeunes femmes restent fortes, retenant leurs cris de douleur, ne voulant pas donner la moindre satisfaction à leurs tortionnaires.

Mais ce qui manque le plus à la jeune française, ce sont les entretiens privés avec le docteur Diezel. Son dernier rendez-vous remonte à plus d'une semaine. Il est toujours présent lors des tests mais ne passent plus autant de temps avec elle, ni ne se montre aussi chaleureux qu'avant. Nathalie a l'impression qu'il fuit son regard, comme s'il souhaitait mettre de la distance entre eux. La jeune femme se demande si elle n'a pas fait ou dit quelque chose qui l'aurait contrarié, mais elle ne voit pas ce que cela pourrait être.

Elle finit par réaliser que le docteur est toujours secondé par l'agent Constantine. Le bras droit du directeur le suit comme une ombre et lorsque ce n'est pas le cas, il n’est jamais très loin. Nathalie ne laisse rien paraitre, mais elle se demande si ce que Diezel lui a expliqué n'est pas en train de lui porter préjudice. Si les propres partenaires du docteur commencent à douter de lui et à le surveiller, elle se demande si le plan a une chance de réussir.

Le docteur lui a insufflé de l'espoir. Elle a de nouveau cru qu'un happy end serait possible. La jeune française se promet de ne pas craquer. Elle ne doit pas laisser sa peur, ni son chagrin prendre l’ascendant sur elle. Nathalie sera plus forte que ça.

C’est à ce moment que les portes d’entrée s’ouvrent en grand et que Peter Cross fait son apparition. Il est suivi par quatre gardes et son fils, le dénommé Michael. Durant leur captivité, les jeunes femmes n’ont pas souvent croisé la route du directeur, mais elles ont appris à le haïr et à le craindre. Elles ont le même regard assassin affiché sur leurs visages. Le directeur le remarque mais cela ne l’affecte aucunement. C’est même plutôt le contraire.

Pour lui, ses femmes ne sont que des expériences, du bétail qui va bientôt lui permettre de passer à la postérité et d’avoir un avantage de taille sur son adversaire. Il a hâte de contempler les rejetons de Satan et de les traiter comme ils le méritent. Il n’aura aucune pitié envers eux. Peter imagine déjà la scène : une coupe de champagne à la main, riant aux éclats avec à ses pieds le cadavre des bébés qu’il aurait disséqué. Le directeur est pressé que cette scène se réalise. La bouteille de champagne est déjà au frais, n’attendant que le bon moment pour être débouchée.

Le directeur se concentre sur l’instant présent et avance en direction de Diezel.

- Alors doc, Tout est sous contrôle !

- Oui, monsieur. Les femmes sont en excellentes santé, Je n’attends aucune complication durant les jours à venir.

- Parfait ! C’est le genre de nouvelle que j’aime entendre dit Peter, en frappant dans ses mains.

Peter Cross se tourne vers ses femmes et leur dit :

- Très bien. Jusqu'à maintenant, vous vous êtes bien comporté. Je n’ai rien à redire sur votre attitude. Malgré la situation, vous avez bien agi et je vous en remercie. Je déteste devoir m’occuper de problème (en disant cette dernière phrase, il se tourne vers son fils pour lui faire comprendre que le message s’adresse aussi à lui). Nous entrons dans la dernière phase. Dans moins de deux semaines, vous aurez accouché et tout ceci touchera à sa fin.

- Vous voulez nous faire croire qu’une fois accouchée, vous nous laisserez partir comme si de rien était. Vous nous prenez vraiment pour des idiotes ! s’exclame Janice.

- Je comprends votre colère mais vous pouvez me croire, je vous en donne ma parole. Il ne vous sera fait aucun mal. J’attends les dernières consignes de mes supérieurs. Ce cauchemar touche à sa fin. Nous procèderons juste à quelques tests sur vos progénitures. Elles vous seront ensuite rendues saines et sauves et vous pourrez mener la vie que vous souhaitez. Nous ne sommes pas des bouchers.

Nathalie s’abstient de tout commentaire et observe la réaction de ses camarades, suite à cette nouvelle. Catherine, Amy et Carla ébauchent un sourire timide, elles retrouvent un semblant d’espoir. Nathalie doit reconnaître que le directeur est doué pour s’exprimer en public et que dans leur situation, n’importe qui se raccrocherait à la moindre parcelle d’espoir. Janice, Sandra et elle, ne sont pas dupes. Elles savent qu’ils ne les laisseront pas sortir d’ici vivant. Elles connaissent les visages, les noms de pratiquement tous les agents. Personne ne prendrait le risque qu’elles puissent parler. A part s’ils disposent d’un appareil qui leur permettrait d’effacer leurs mémoires. Elles sont une gêne pour eux, un danger qu’ils n’auront aucun scrupule à supprimer de l’équation.

- Ses prochains jours vont devenir douloureux. Vous aurez énormément de mal à vous déplacer et vous souffrirez de nombreuses contractions. Nous vous soulagerons au maximum. Un de mes agents sera entièrement dédié à vos soins. Il s’agit de l’agent Constantine. Pour toutes vos demandes, vous devrez vous adresser directement à lui.

Le docteur Diezel remarque qu’une personne présente dans la pièce ne semble pas enthousiaste par l’annonce de cette nouvelle. Il s’agit de Michael, ce dernier est devenu pâle, en entendant le nom de son pire ennemi. Il pensait que son père l’aurait choisi. Il est de son sang, personne ne devrait être plus proche de lui que son propre fils.

Michael se tourne vers Diezel, sentant son regard sur lui. Ce dernier lui fait comprendre d’un hochement de tête que c’est maintenant qu’il doit saisir sa chance, s’il veut que son père change d’opinion à son sujet. Il est temps d’afficher une nouvelle image, une aussi belle occasion ne se représentera peut être plus jamais. Le fils du directeur semble avoir compris le message car il prend la parole et dit :

- Je peux m’en charger, père dit Michael.

Un lourd silence s’instaure dans la pièce, personne n’ose intervenir, chacun sent que le climat va devenir orageux. Le directeur se tourne lentement vers son fils et lui jette un regard glacial.

- Je te demande pardon !

Michael ne se laisse pas décontenancer. Il ira jusqu’au bout, quoi que cela lui en coûte. Il déglutie avec peine avant de reprendre la parole.

- Laissez-moi faire mes preuves.

- Vraiment ! Je ne crois pas que cela sera nécessaire (puis se tournant vers son auditoire) je disais donc que l’agent Constantine…

- Je me permets d’insister continue Michael, en appuyant bien sur le dernier mot.

Le directeur pousse un long soupir, tentant de rester maitre de ses émotions. Les traits de son visage sont tirés, énervé d’être interrompu sans cesse par son fils qui ose se donner en spectacle devant tout le monde.

- Et moi, je me permets de te dire que ce n’est ni l’heure, ni le moment de déblatérez à ce sujet. Cette tâche est de la plus haute importance. Je ne confierai pas la vie de ses femmes à une personne aussi immature et en qui je n’ai aucune confiance. Et si tu veux tout savoir, tu m’as trop déçu pour que je te confie la moindre mission. Même pour aller me chercher un café, je préférai la confier à quelqu’un d’autre. C’est bon maintenant, tu as compris !

- Je suis ton fils, c’est mon devoir de te seconder.

- Tu es peut être de mon sang, mais pour moi, tu n’es que tracas et soucis. Alors ne comptes pas sur moi. Je sais ce que tu vaux et c’est tout ce dont j’ai besoin de savoir.

- C'est donc ainsi que vous me voyez ! Je vois, vous préférez cet hypocrite plutôt que votre propre fils. Je suis désolé si je n'ai jamais répondu aux attentes de monsieur dit Michael, sur un ton sarcastique.

Il cache sa colère derrière un sourire moqueur mais il bout intérieurement, blessé au plus profond de son cœur. Il a envie de hurler, d'attraper son père par le col de sa veste et de lui crier ses quatre vérités.

Peter Cross ne prend pas la peine de répondre. Il se contente de faire un geste de la tête en direction de l'agent Constantine. Le bras droit comprend le message et se place devant Michael. Il n'est pas très à l'aise car il s'agit du fils de son supérieur. L'agent se penche vers le jeune homme et lui dit d'une voix basse:

- Calme-toi Michael, tu es en train de te ridiculiser ! Penses à ton père.

La colère que Michael avait tant essayé de contenir, explose et trouve le parfait bouc émissaire en la personne de Constantine. La respiration de Michael devient de plus en plus forte, en raison de son énervement qui croît.

- Ne t’avise pas de me dire quoi que ce soit ! Tu es peut être le toutou de mon père, mais je sais qui tu es réellement. Un putain de manipulateur. Tu vampirises les autres mais moi, tu ne m'auras pas.

- Tu fais fausse route, alors je t'en prie, sors gentiment de cette salle ou je serai obligé d'employer la force. Je n'en ai aucune envie, ne m'y forces pas.

- Peut être pas toi, mais moi si dit Michael, à bout de nerfs.

Sans crier gare, Michael attrape Constantine par le col de sa veste et le pousse durement contre le mur. L'agent ne fait pas mine de se défendre. Il grimace, mais son adversaire n’a pas l’intention de le laisser souffler. Michael pousse un cri de rage, les yeux exorbités par sa haine et lui assène un coup de genou dans l'estomac. L'agent est plié en deux sous la douleur et son adversaire le pousse violement contre une table. Constantine s'écroule emportant de nombreux appareils médicaux dans sa chute.

- Alors, on fait moins le malin dit Michael, surplombant l'agent de toute sa hauteur.

Il lève son pied prêt à l'abattre sur le crâne de Constantine, des envies de meurtres dans les yeux. Mais il n'a pas le temps de l'abattre, ni de savourer son triomphe car Constantine lui fait une terrible balayette. L’agresseur se retrouve à son tour au sol, sans avoir eu le temps de comprendre ce qui lui est arrivé. Constantine est le premier à se remettre debout, il recule de quelques pas, prêt à se défendre. Il conserve une attitude sereine et le regard sur son visage est indéchiffrable.

L’agent sait très bien que lors d’un combat, ce sont ceux qui perdent leur patience qui commettent le plus d’erreur. Michael se relève à son tour, fulminant de rage. Il avance d'un pas menaçant dans sa direction mais il n'a pas le temps de l'atteindre. Trois gardes l'encerclent et l'immobilisent sur ordre du directeur. Michael tente de se libérer en hurlant mais les agents connaissent bien leur affaire et il lui est impossible de se défaire d’eux.

- Lâchez-moi, bon sang ! Ne vous laissez pas manipuler par cet enfoiré ! Je vous ordonne de me relâcher.

Son père apparaît dans son champ de vision. Il se place devant lui, le regard brûlant de colère. On peut voir des veines se creuser sur son visage rouge cramoisi. Il ne prononce pas la moindre parole, mais frappe son fils au visage d'un violent revers de la main.

Le bruit de la gifle résonne dans toute la salle. Une marque rouge se dessine sur la joue droite de Michael. Du sang dégouline de sa lèvre inférieure, fendue sous la puissance du coup. Le fils du directeur reste sous le choc, son père n’a jamais levé la main sur lui avant. Le jeune homme ne lutte plus pour se libérer et laisse les gardes l'emmener hors de la salle.

- Je veux qu'il soit consigné dans ses appartements jusqu'à nouvel ordre ! Emmenez le hors de ma vue crie le directeur.

Michael se contente de jeter un regard assassin en direction de Constantine avant d'être escorté par les gardes. L’agent ne laisse aucune émotion transparaitre sur son visage.

Profitant du fait que tout le monde a les yeux rivés ailleurs, le docteur Diezel se rapproche de Nathalie. Il se met à coté d'elle et lui murmure discrètement :

- Continuez à croire en moi, c'est pour très bientôt. Je ne vous abandonnerai pas !

Nathalie acquiesce de la tête pour lui faire comprendre qu'elle a saisi le message. Le docteur se permet d’ébaucher un rapide sourire. Il est si près du but, ce n'est pas le moment de se faire repérer. Surtout que Constantine est tout le temps sur son dos. Diezel est sûr que son bureau est sur écoute. Le praticien doit se montrer prudent car il joue avec le feu et ses adversaires sont sans scrupule. Mais l'avantage de jouer double jeu, c'est qu'il connaît bien ses ennemis et leurs méthodes d'investigations. C'est un point positif qu'il doit utiliser.

Le directeur se retourne vers les femmes .Janice est la seule qui ose afficher un sourire moqueur, heureuse de voir le malheur s’abattre sur lui. Cross finit son discours comme s’il n’avait jamais été interrompu avant de quitter précipitamment les lieux, suivi par son adjoint.

En raison de cet incident, les tests sont suspendus et les femmes sont escortées jusque dans leur cellule. Une fois seules, Janice éclate de rire, se moquant ouvertement du directeur. Nathalie lui fait signe de se calmer car elles sont sur écoute mais Janice n'en a cure.

- Ah, ça faisait longtemps que je n'avais pas vu une bonne petite baston, ça fait du bien ! Et vous avez vu la tête de ce con de directeur. Il n'a pas bougé pour les séparer. Putain qu'est ce qu'ils se sont mis sur la gueule. Je n'aurai pas voulu être à leur place.

Sandra se lève de son fauteuil et avance vers Janice avant de pointer un doigt sur son épaule. Elle semble excédée.

- Je suis vraiment contente que la situation t'amuse, mais je ne vois pas en quoi cela va nous être bénéfique.

- Retires ton doigt tout de suite, si tu ne veux pas le perdre menace Janice, d'une voix sifflante.

Sandra soupire d'un air supérieur avant de reculer. Elle essaye toujours de garder la face, même quand on la rabaisse. Cela fait partie des dogmes enseignés par sa famille. Elle ne doit jamais montrer un signe de faiblesse car les autres n'auront aucun scrupule à s’en servir contre elle. Sa famille lui a fait ancrer cette notion dans la tête depuis l’âge de ses six ans.

- On peut savoir au moins ce qui te fait rire ? demande Carla.

- Rien de spécial. Ça m'amuse trop de voir qu'il n'arrive pas à tenir son fils en laisse. Il n'est pas aussi parfait qu'il le prétend. Il fera peut être une erreur qui nous permettra de se barrer d’ici

- Tu rêves ma pauvre, on n’a aucune chance. On ne peut fuir nulle part, je te rappelle qu'on peut à peine se déplacer dit Sandra.

- Est ce que je t'ai demandé ton avis à toi? grogne Janice.

Sandra secoue la tête, sans rien ajouter. Même si elle ne l'avouera jamais, elle a peur de la jeune rebelle. Nathalie s'allonge sur son lit, les laissant se disputer inutilement. Elle réfléchit à la phrase que lui a glissée Diezel. Cela lui fait du bien de savoir qu'il reste encore un espoir, que le gentil docteur ne l'a pas abandonné. La française aimerait en parler à Catherine et Janice mais elle ne peut pas. En tout cas pas tant qu'elle n'en saura pas plus sur le projet de son sauveur. Nathalie a appris par expérience que moins de personnes sont au courant de quelque chose, moins il y'a aura de fuites possibles. La jeune femme s'endort rapidement, heureuse à l’idée que l’espoir renaît de ces cendres.

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