chapitre 7
Trois jours plus tard, à environ 1 heure du matin, alors que les captives sont toutes endormies. La porte de la salle s’ouvre silencieusement et un homme se glisse à l’intérieur, restant dans l’ombre. Il se déplace dans l’obscurité, sans bruit jusqu'à un lit en particulier. Il connait parfaitement la disposition de la pièce. Il s’arrête devant celui où repose Nathalie. La personne la réveille par des petits mouvements sur l’épaule. Nathalie ouvre les yeux et failli pousse un cri de surprise mais l’individu anticipe son geste et met une main sur sa bouche. Cette dernière se calme en reconnaissant le docteur. Il lui fait signe de le suivre sans tarder. Ils sortent de la cellule, après s’être assuré que les autres femmes soient bien endormies.
Les gardes à l’extérieur de la pièce les laissent passer sans poser la moindre question. Nathalie a le cœur qui bat la chamade dans sa poitrine. Elle se demande si le jour J est arrivé et si son cauchemar touche enfin à sa fin. Elle aimerait poser de nombreuses questions à son sauveur, mais elle sait que ce n’est pas le moment.
La française préfère attendre que ce soit lui qui prenne la parole, au cas où ils seraient surveillés. Elle sait qu’elle commence à devenir paranoïaque mais elle est obligée de penser à tout, pour qu’on ne découvre pas son petit secret. Il lui fait traverser un dédale de couloirs, monter un long escalier avant d’arriver devant un grand sas.
- Je préfère te prévenir, ça va sans doute te faire un choc dit Diezel, en souriant.
Diezel utilise une de ses cartes magnétiques pour déverrouiller le sas. Ce dernier s’ouvre automatiquement très lentement, laissant un petit soupçon de suspense.
Lorsqu’elle voit le spectacle qui s’offre devant elle, Nathalie ne peut cacher sa surprise. Elle écarquille les yeux, n’en revenant pas. Le sas mène à une petite terrasse. On découvre un magnifique panorama composé d’une large étendue d’arbres et une rangée de montagne au loin. Nathalie se précipite vers la rambarde pour observer de plus près ce paysage. Elle respire à pleins poumons l’air frais, humant le parfum dégagé par les arbres. Elle reste immobile, quelques instants, profitant du spectacle. Sous le coup de l’émotion, elle se sent incapable de prononcer le moindre mot.
La jeune femme ne peut s’empêcher d’ébaucher un large sourire. Cela fait tellement longtemps qu’elle n’a pas respiré un bol d’air frais, qu’elle n’a pas senti la brise du vent sur son visage. Quand on est libre, on ne se rend pas compte de la chance que l’on a de pouvoir respirer, de sentir le vent contre notre peau. Sans qu’elle s’en rende compte, des larmes coulent le long de ses joues. Au bout d’un moment, elle les essuie d’un revers de la main, en riant, se moquant de son émotivité.
- Je me sens ridicule de pleurer, mais c’est tellement beau. On se rend compte de la beauté des choses seulement quand on en est privée.
- Tout changera très bientôt. Ce lieu est un des derniers endroits sûr, aucune caméra, ni de micro. J’ai bien peur que certaines personnes aient des soupçons sur moi. Il va falloir agir au plus vite.
- Il existe vraiment un moyen de s’enfuir ? demande Nathalie.
- Oui, tout est en place. C’est pour demain. Je viendrai te chercher pour un entretien privé et on en profitera pour fuir. Ce n’est pas sûr à 100%, il y’a toujours le facteur risque, mais crois-moi, il faut saisir cette chance. Nous n’aurons pas d’autres opportunités.
Nathalie fronce les sourcils, n’étant pas sûr d’avoir tout bien saisi.
- Dans ton plan, on fuit tout les deux. Mais et les autres ?
Le docteur secoue négativement la tête, en faisant la moue,
- Je suis désolé, je ne peux faire sortir qu’une seule personne. C’est déjà assez risqué comme ça.
Il semble mal à l’aise, comme s’il voulait s’excuser de ne pas pouvoir en faire plus, ni d’avoir trouvé une meilleure solution. Cette réponse à l’effet d’une douche froide pour la captive. Cette dernière n’avait pas pensé une seule seconde qu’elle serait la seule à pouvoir fuir. Elle a tellement partagé avec elles qu’elle ne s’imagine pas les abandonner. Nathalie ressent un poids énorme sur ses épaules Elle sait qu’elle ne peut agir ainsi, elle s’en voudrait toute sa vie.
- C’est impossible, je ne peux pas les laisser ici. On doit toutes s’en aller ensemble.
Diezel a quelques difficultés à cacher sa surprise, ne s’attendant visiblement pas à ce retournement de situation.
- Ça risque de devenir vraiment délicat ! Tu ne te rends pas compte de ce que tu me demandes.
- Je ne les abandonnerai pas. Mon sort ne sera pas diffèrent du leur.
- C’est ridicule, tu ne peux pas toutes les sauver. Pense d’abord à toi ! s’exclame véhément Diezel, fulminant presque.
Il pousse un long soupir avant de secouer la tête et de tourner le dos à la jeune femme. Il tente de calmer la colère qui commence à monter en lui. Le docteur sait que ce n’est pas en agissant ainsi qu’il réussira à persuader Nathalie. Il n’existe d’ailleurs aucune méthode pour cela. Il a appris à la connaître. C’est une femme têtue, qui va toujours jusqu’au bout de ce qu’elle veut entreprendre.
Il ne l’aura pas à l’usure et d’ailleurs il ne dispose pas de suffisamment de temps pour cela. Il n’a pas d’autre choix que de capituler. Il ne peut pas abandonner, pas maintenant, pas si prés du but. Diezel se tourne vers Nathalie et acquiesce de la tête, même si cela se voit sur son visage que cela lui en coûte. Il n’est pas nécessaire d’être devin pour le lire sur son visage.
- C’est d’accord, je vais devoir procéder à quelques ajustements mais tu as ma parole. Demain, vous serez toutes dehors !
- Je ne sais pas comment te remercier dit Nathalie, les larmes aux yeux.
La jeune femme l’enlace et le serre fort contre elle.
- J’ai confiance en toi. Je sais que tu vas tout faire pour nous aider. Tu as un bon fond. Il faudrait plus d’homme comme toi.
Diezel ne peut s’empêcher de rougir, malgré son mécontentement.
- Tu vas finir par me mettre mal à l’aise si tu continues. Tu me remercieras quand tout sera terminé.
- Quoi qu’il puisse se passer demain, du plus profond de mon cœur, je te dis merci.
Diezel acquiesce de la tête, acceptant silencieusement les remerciements de la jeune femme. Cette dernière se tourne vers la rambarde et regarde une dernière fois le panorama, comme si elle souhaitait graver cette image dans son cerveau. Elle se dit que demain l’air aura une senteur différente…celui de la liberté.
Le docteur regarde sa montre et s’empresse de dire :
- Nous devrions y aller, nous risquons d’être découverts.
- Oui, je sais, ce serait triste la veille du grand jour tout de même dit elle, en se tournant vers le docteur, avec un large sourire sur les lèvres
- Oui, c’est sûr dit Diezel, un petit sourire complice au coin des lèvres.
Nathalie est si heureuse qu’elle a envie de crier et de sautiller sur place. Cela fait si longtemps qu’elle ne s’était pas sentie aussi vivante. On dit souvent que l’espoir fait vivre et bien pour une fois, la jeune étudiante est d’accord avec cette idée.
Au moment où ils vont se retirer, le sas s’ouvre et une personne apparait devant eux. Il s’agit de Michael Cross. Ce dernier ricane en voyant leurs têtes.
- Eh bien dis donc, on dirait que j’avais raison depuis le début, n’est-ce pas doc ! Vous ne pouvez plus le nier.
Diezel lui jette un regard noir, sachant très bien où veut en venir le fils du directeur. Le jeune homme jette à peine un regard en direction de la femme enceinte. Il ne prendrait même pas la peine de lui adresser la parole. Ce serait gaspiller de la salive pour rien.
- Je croyais que tu étais consigné jusqu'à nouvel ordre dit Diezel.
- Il faut croire que je ne suis pas le seul à avoir quelques passe-droits.
- Oui, il faut croire. Bon et bien, nous allons te laisser dit Diezel, en faisant signe à Nathalie de rejoindre la porte.
- Oh, je ne voudrai pas être la raison de votre départ dit Michael, mimant l’homme gêné.
Diezel ne prend pas la peine de lui répondre, grommelant des insultes dans sa barbe, avant de sortir à son tour. Une fois seul, Michael ne peut s’empêcher d’éclater de rire, amusé par la surprise affichée sur le visage du docteur. La prisonnière paraissait effrayée et avoir peur de lui. Il aime procurer ce type d’émotions et se sentir supérieur. Michael se dit qu’il doit avoir hérité ce trait de caractère de son père. Il sort de sa poche une flasque de whisky et un paquet de cigarette. Il a envie de se mettre minable avant de retourner à ses quartiers. Il a dû soudoyer 3 gardes pour pouvoir sortir de sa chambre. Il compte bien profiter de ce moment de répit. Il déteste l’idée de se sentir prisonnier. Il a l’impression d’être mis à la même enseigne que ces stupides femmes. Et pour lui, c’est tout simplement inadmissible.
En temps normal, il aurait parlé à son père de l’attitude suspecte du docteur, cela lui aurait peut-être permis de gagner quelques crédits. Mais après sa dernière frasque, Michael décide de ne rien faire. Il le maudit du plus profond de son âme.
Diezel raccompagne Nathalie et au moment où elle va rentrer dans la pièce commune, il la retient par le bras. Cette dernière se tourne vers lui, curieuse de savoir ce qu’il peut bien avoir à lui dire. Avant de s’exprimer, le docteur jette un rapide coup d’œil derrière lui pour s’assurer que les gardes sont à une distance raisonnable.
- Je sais que la journée de demain va être forte en émotion mais tu ne dois rien révéler à tes camarades. Ce serait prendre trop de risques et nous n’avons pas le droit à l’erreur.
- Oui, je comprends.
- Et surtout, essayes de ne pas être trop nerveuse ou anxieuse. Cela pourrait causer la naissance prématurée de ton enfant et il ne peut pas naître demain. Cela compliquerait tout !
Nathalie sent un poids lourd peser sur ses épaules. La jeune femme sait qu’elle n’a pas le choix, elle doit contrôler ses peurs si elle veut s’en sortir. La dernière ligne droite n’a jamais été aussi proche.
Diezel sourit, comprenant les inquiétudes de sa patiente.
- C’est bientôt terminé, courage ! Tu t’en sors très bien.
Nathalie réussit à ébaucher un sourire crispé avant de prendre congé et de rentrer dans la pièce, plongée dans l’obscurité.
Diezel reste quelques instants immobile devant la porte fermée. Il commence à se demander s’il a parié sur la bonne jument et s’il n’aurait pas dû choisir une autre captive. Nathalie semble avoir les reins solides mais il sent une grande sensibilité en elle, ce qui pourrait lui coûter très cher. Mais il sait qu’il est trop tard pour faire machine arrière. Il n’a plus qu’à attendre car prier ne fait pas partie de ses hobbies.
Lendemain matin. Il est près de 10 heures lorsque Nathalie ouvre les yeux, épuisée par une nuit sans sommeil. La jeune femme a essayé toutes les méthodes qu’elle connaissait pour s’endormir, « même compter les moutons » mais rien n’a fonctionné. Faire le vide en elle a abouti au même résultat.
Cette journée est très importante, sa vie et celles des autres femmes sont en jeu. Rien que d’y penser, un haut le cœur l’envahie. Elle se précipite vers les toilettes et vomit son dernier repas. Une fois purgée, elle reste quelques instants à genou, prés de la cuvette. Catherine et Janice l’aident à se redresser et à s’asseoir dans un des canapés de la pièce.
- Eh, ça va ? Je ne t’ai jamais vu dans un tel état dit Catherine, d’une voix inquiète.
- Tu veux qu’on prévienne les docteurs ? demande Janice.
- Non, merci, ça va passer. C’est bon, je me sens déjà mieux dit Nathalie, en respirant une bonne bouffée d’air.
Nathalie les remercie pour leurs attentions d’un signe de la tête. Elle est heureuse d’avoir pu compter sur ses deux camarades durant toute la durée de leur captivité. Elle n’aurait jamais pu rester seule entourée de Sandra et Carla. La jeune française est contente d’avoir tenu tête à Diezel. Elle n’aurait jamais pu les abandonner à leur triste sort alors qu’elle aurait pris la fuite avec le docteur. Hors de question de vivre avec un tel poids sur les épaules.
- T’es sûr que tu te sens mieux ? insiste Janice.
- Oui, ne t’en fais pas. Mais et vous, comment vous sentez vous ?
Les deux femmes haussent les épaules en faisant la moue. Nathalie comprend qu’elle vient de poser une question idiote.
- Plus l’accouchement approche, plus les tensions se font sentir. C’est tellement horrible comme situation. L’enfant aussi ressent tout ce stress, ce n’est pas bon pour lui se lamente Catherine.
- Crois-moi, tu ne devrais pas trop te soucier du bébé car tu ne le connaîtras jamais. Ils nous tueront une fois qu’on aura accouché crache Janice.
- Ne dis pas ça, nous n’en savons rien.
- Bien sûr que si. Arrêtez de vous voilez la face. Nous sommes foutues ! Bande de salaud ! crie Janice, hors d’elle.
Elle attrape un verre sur la table basse et le jette de toutes ses forces contre le mur. Le verre rebondit dessus avant de rouler sur le sol. Aucun des ustensiles dont elles disposent n’est en verre. Leurs ravisseurs ont pensé à tout. Ne voulant pas qu’elles se blessent ou qu’elles tentent de se suicider, en s’ouvrant les veines par exemple.
Une fois qu’elle se sent mieux, la jeune française rejoint Amy. Cela fait un moment qu’elle ne lui a pas parlé. Amy est de plus en plus amorphe, les gardiens la drogue régulièrement. Nathalie se sent mal de voir la jeune fille dans cet état. Elle aurait aimé que ce soit une des deux pestes Carla ou Sandra qui subissent un tel sort. Amy a déjà assez souffert dans sa vie, pas besoin d’en rajouter d’avantage.
Nathalie ne peut s’empêcher d’avoir pitié pour elle, elle souhaiterait l’aider mais ses moyens sont réduits. Elle l’aide à se relever et l’oblige à s’asseoir sur son lit. Amy se laisse faire comme une poupée, n’opposant aucune résistance. Nathalie lui caresse les cheveux et lui remet une mèche en place derrière l’oreille. Amy plisse les yeux et l’instant d’après, elle semble mieux. Le brouillard qui obstruait son regard semble avoir disparu. Elle est de nouveau lucide.
- Amy, ça va ?
- On est quel jour ? demande t’elle d’une voix laiteuse.
- Le 28 octobre. Pourquoi ?
- Alors, c’est pour ce soir !
Nathalie ne peut cacher sa surprise, déglutie avec peine et écarquille grand les yeux. Elle se demande si Amy parle de leur évasion. Comment pourrait-elle être au courant ?
- De quoi tu parles ? demande Nathalie, d‘une voix manquant d’assurance.
- Il me l’a dit. Az me l’a dit. Mais chut, c’est un secret lui murmure t’elle, sur le ton de la confidence.
La jeune française reste sans voix, bouche bée. Elle commence à se demander si elle n’est pas en train de délirer ou en plein cauchemar. Amy ne dit plus rien, elle ferme les yeux et l’instant d’après, elle redevient amorphe.
Nathalie essaye de trouver une explication rationnelle mais elle ne trouve aucune logique. Elle aimerait tirer les vers du nez d’Amy mais elle sait que c’est pure perte, vue l’état dans lequel elle se trouve.
Nathalie est tirée de ses rêveries par Catherine qui a remarqué que quelque chose n’allait pas.
- Tout va bien, Nathalie ?
La jeune française réussit à sourire et acquiesce de la tête.
- Oui, ne t’en fais pas. Juste un peu de sur-ménage. Mais ça va passer.
- Ok dit Catherine, pas totalement convaincue mais elle n’insiste pas.
De son coté, Janice tente de se calmer, martelant nerveusement le sol avec son pied droit. Elle finit tout de même par écouter les conseils de Catherine, c'est-à-dire inspirer et expirer de grandes bouffés d’air pour se relaxer. Elle y serait arrivée si une personne n’était pas venue la provoquer. Il s’agit de Sandra, suivi de son double maléfique Carla. Les deux filles semblent excédées et ne font rien pour le cacher. Nathalie qui n’a aucune envie que la situation dégénère, tente de les démotiver en leur jetant un regard glacial, mais cela n’est pas suffisant pour les arrêter.
- Je ne sais pas si cela se voit, mais je ne suis pas d’humeur pour écouter tes conneries. Je te conseille de rester hors de ma vue grogne Janice.
- Tu crois nous faire peur. Tu n’es plus dans ton petit quartier malfamé. A cause de toi, les gardes vont nous avoir dans le collimateur, on ne va pas pouvoir être tranquille.
- Ah, parce que tu trouves que tu l’aies jusqu'à maintenant !
Sandra allait rétorquer, mais se rétracte et se contente de secouer négativement la tête, avant de dire :
- Tu es pathétique !
Cette remarque a le don de faire sortir Janice de ses gonds. Malgré son état de santé, elle réussit à se redresser d’un seul mouvement, prête à l’étrangler et à la faire taire définitivement.
La porte s’ouvre et le directeur fait son entrée suivi de Constantine et de quelques gardes. Ils sentent tout de suite que l’ambiance est électrique. Janice se rassoit dans le fauteuil, bougonnant toute seule, dans son coin.
- Et bien, on dirait que nous arrivons au bon moment ! s’exclame le directeur, un petit rictus au coin des lèvres.
Aucune des captives ne prend la peine de lui répondre, ne voulant pas croiser son regard.
- On m’a tenu au courant de certaines rumeurs sur votre avenir. Je voulais juste venir vous dire en personne que vous n’avez aucun souci à vous faire.
- Facile à dire ! Ce n’est pas vous qui êtes enfermée ici marmonne Janice.
Le directeur se contente d’ébaucher un petit sourire plissé.
- Les naissances sont prévues dans trois jours. D’ici là, vous allez subir une batterie de test d’une durée plus longue que les précédentes. Ne vous inquiétez pas, tout sera indolore et votre enfant ne sera pas en danger. Je sais que les tensions montent, vos inquiétudes aussi, mais soyez assurer que vous ne risquez rien !
En entendant cela, Nathalie n’a qu’une envie, celle de s’esclaffer et de lui rire au nez. Il serait beaucoup moins arrogeant s’il connaissait la vérité. Mais la jeune française se retient et ne montre aucune émotion qui pourrait la trahir. Surtout qu’en relevant la tête, elle remarque que l’agent Constantine la fixe avec une certaine intensité. Comme s’il cherchait à la sonder, à pénétrer dans son esprit. Mal à l’aise, Nathalie finit par baisser les yeux.
Une fois que le directeur a quitté la pièce, les jeunes femmes sont escortées dans un laboratoire de l’aile ouest. C’est une zone où elles n’avaient encore jamais mises les pieds. Ce laboratoire dispose de meilleurs équipements, flambants neufs. L’endroit est truffé de caméras. Les captives se doutent que ces vidéos feront partie des archives et que des analystes décortiqueront chaque séquence. Nathalie se demande jusqu’où ses personnes pousseront le vice. Ils n’ont donc aucun scrupule !
La jeune française a l’impression que les heures avancent très lentement durant cette journée. Elle n’a qu’une envie… celle de fuir, fuir le plus loin possible. Mais elle ronge son frein, se laissant palpée, auscultée sans rien dire. Ce qui l’étonne car elle ne pensait pas être capable de rester zen, pas avec tout ce qui est en jeu.
La future maman a la tête continuellement tournée vers l’horloge accrochée au mur. Elle a l’impression que le cadran se joue d’elle, faisant tourner les aiguilles encore plus lentement que d’habitude. Nathalie fulmine intérieurement et aurait voulu pousser un cri de frustration, mais elle reste de marbre, ne laissant rien paraître.
La femme enceinte voit à peine le docteur Diezel de la journée. Ce dernier n’a fait qu’une rapide apparition, donnant quelques conseils à ses collègues ou vérifiant les instruments médicaux. Il ne s’attarde pas et jette à peine un regard à Nathalie. Elle doit reconnaître qu’il est doué pour jouer un double jeu. Si elle ignorait tout de ses manigances, jamais elle ne se serait méfiée de lui. Elle remarque également que l’agent qui suit le docteur comme son ombre est absent. Constantine est reparti en même temps que le directeur.
Nathalie pousse un long soupir silencieux avant de laisser sa tête retomber sur la table. Elle évacue toutes ses pensées et tente de se concentrer sur l’instant présent. La française sait qu’elle va encore devoir subir des examens durant de longues heures interminables. Elle penche sa tête sur le coté et laisse son coté rêveuse prendre le dessus, voulant se couper de la réalité et ne plus rien ressentir.
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