Le piano du fantôme
Une ruine
Une pluie fine qui bruine
Et un piano
Un simple piano, dans une chambre, en haut.
Oh ! Qu'ai-je fait de mes années ?
Combien de mélodies ai-je jouées ?
Se demanda le fantôme
Dans sa robe blanche monochrome
Je ne les ai jouées devant personne
Il fallait bien que l'heure sonne !
Dans ces vieilles ruines
J'entends mon piano et la pluie froide qui bruine
Oh ! Le temps passe et la vie
Comme lui, passe aussi
Je ne suis plus qu'un fantôme
Et voilà qu'une larme froide comme la pluie froide qui bruine tombe dans ma paume
Depuis quand suis-je là ?
Oh ! Condamnation ultime !
On m'a privée de l'au-delà
Je demeure ici, avec ma peau pâlie et mes lèvres purpurines
Quand est-ce qu'un prince me délivrera ?
Quand pourrai-je quitter cet endroit ?
Quand finirai-je d'être fantôme et serai-je une ange ?
Quand atteindrai-je l'au-delà ? Oh ! Cela me démange !
Car au fond, je sais
Que je ne partirai jamais !
Oh ! Je suis condamnée
Pour l'Eternité !
En disant ces mots, la jeune morte
Se mit à pleurer des larmes froides comme la pluie qui bruinait
Cette jeune fille, il fallait que je la réconforte
Mais impossible : car je vivais !
Alors je pleurai, moi aussi
Car je l'avais entendue
Pleurer, dans sa robe blanche jaunie
Jaunie par les années ; par le temps suspendu
Mais pourquoi avais-je entendu ses mots ?
Soudain, je me souvint...
Moi aussi, j'avais joué à ce piano
En l'an 1920
Oh ! J'étais morte, moi aussi
Comme cette jeune fille !
Car le temps et la vie
Défilent et filent !
Pour toujours, je devrai demeurer dans cette ruine
A écouter la mélodie du piano et la pluie froide qui bruine.
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