Chapitre 33 : une nouvelle force
Cela faisait trois mois que Junker, Quentin et Diamounder étaient revenus d’Afrique. Depuis, ils avaient effectués deux autres missions. Et a chaque retour, l’Humanoïde orange s’assurait que les sans-abris du quartier aient les ressources nécessaires à leur survie. Sa jeune congénère le suivait régulièrement pour en apprendre davantage. Elle le secondait d’ailleurs beaucoup dans ses distributions.
Le trio était dans le bureau de Gin.
-Vos exploits m’étonneront toujours. Junker, tu brilles par ton altruisme et ton côté prévenant. Tu es un excellent éclaireur et tes talents ne sont plus à démontrer. Quentin, tu es vraiment doué en communication. Et toi, Diamounder, malgré ton jeune âge, tu fais une garde exceptionnelle. Vous êtes extraordinaires.
- Nous ne faisons qu’appliquer les ordres, dit le biomech orange.
- Certes. Vous avez bien travaillés et il est temps pour vous de vous reposer un peu. Je ne vous confierai donc pas la prochaine mission. Prenez du bon temps.
- Avec plaisir, accepta Quentin.
Junker hocha la tête et le maitre de Goei les laissa partir. Le trio sorti donc et gagna la chambre. Un nouveau papier-peint avait été collé et quelques souvenirs des précédentes missions ornaient une grande armoire transparente. Il faisait déjà nuit. L’humanoïde orange s’approcha de la fenêtre et regarda le ciel parsemé d’étoiles.
-Ça va ? Demanda Quentin en posant une main sur son épaule.
-Oui. J’ai un truc à… à faire.
Puis il ouvrit la fenêtre et bondit au travers, s’accrochant au mur d’un immeuble.
-Eh !
Il entama sa montée avec agilité. Quentin tourna la tête vers Diamounder qui haussa les épaules. Tous les mois, le comportement de Junker changeait et il s’absentait toutes les nuits pendant quelques jours. Et cela semblait toujours être à la même période.
-C'est vraiment bizarre, dit la petite humanoïde.
- Je vais tenter de le retrouver.
-Laisses-moi faire. Je suis la plus à même de m’en occuper.
Comme pour le prouver, elle déploya ses ailes.
-Je te remercie, mais ce n’est pas nécessaire.
Il quitta la chambre puis le bâtiment de Goei. Il monta un escalier sur la façade d’un immeuble et se retrouva sur le toit. Il leva les yeux. C’était une nuit de pleine lune particulièrement belle. Le jeune métis regarda autour de lui pour trouver son compagnon robotique. Il l’aperçu plus loin et entreprit de le rejoindre.
Quentin arriva sur le toit plat de l’immeuble. Il avait la respiration forte à cause de toute l’énergie déployée.
-Junker, dit-il entre deux souffles. Tu…
Il écarquilla les yeux. Le dragon orange était différent. Ses cornes luisaient d’une pâle lueur et les striures de son corps étaient d’un blanc immaculé. La bioluminescence de ses ailes était plus foncée pour s’harmoniser avec le ciel nocturne.
-Junker ?
La bête tourna la tête. Ses yeux aussi étaient blancs. Le biomech se redressa et se tourna.
-Tu m’as trouvé, dit-il avec un air surpris.
- Tu fais quoi ?
- J’admire la pleine lune. Je la trouve si belle.
- Je me demandais… pourquoi tu pars comme ça, tous les mois ?
Junker esquissa un sourire.
-Pour la lune. J’adore la regarder.
- Toi alors. On va se promener ?
- Mais je n’ai pas ma cape.
Quentin secoua la tête.
-Je l’ai prise avec moi.
En effet, celle-ci était pliée et maintenue entre le pantalon et la cuisse du jeune homme. Il la lui donna et Junker se drapa, laissant sa tête non couverte. Il prit alors Quentin tel une princesse dans les bras de son prince charmant et sauta dans le vide. Il se réceptionna sans mal et le déposa. Le métis le regarda et lui donna un petit baiser. Ils commencèrent à marcher. Tout était calme et rares étaient les personnes encore dehors. Et les gens ne prêtaient guère attention à Junker, le prenant sûrement pour l’un de ces cyborgs de la grande ville aux pièces métalliques luxueuses. Tous deux marchaient main dans la main.
-Tien, tu as vu ? Cette boulangerie est ouverte.
- Alors attends-moi ici, je vais nous prendre un truc.
Quentin parti vers la boutique. Junker, lui, décida de prendre de la hauteur. Il monta sur un toit et leva les yeux pour admirer l’astre lunaire. Plusieurs minutes s’écoulèrent lorsqu’un cri retendit.
-Quentin !
Junker tourna la tête. La portière d’une fourgonnette se referma et elle partie aussitôt à vive allure.
-Non !
Le Biomech s’élança à quatre pattes et bondit entre les immeuble. Malheureusement, la voiture ne tarda pas à quitter le ghetto pour se diriger vers la ville. Junker s’arrêta net. Il se cabra et poussa un rugissement. Il ne pouvait les laisser emmener Quentin. La bête avisa les immeubles. Soudain, elle sauta à nouveau. Sa cape se détacha.
Le jeune métis était allongé sur ce qui ressemblait à une table. Il avait les yeux bandés et des sangles de cuir l’entravaient.
-Comme on se retrouve, dit une voix familière.
- Mon… monsieur Adam ?
- Tu ne croyais pas que tes pupilles allaient m’échapper ?
- On va se faire un de ces pactoles ! Lança un homme.
- Le Mystérieux de Goei qui te suis partout t’avais laissé tout seul. C’était une aubaine.
L’ancien propriétaire de Quentin lui ôta son bandeau. Celui-ci était terrifié. Au-dessus de lui se trouvait des outils de chirurgie peu rassurant. Ils se trouvaient dans un vieil entrepôt au toit brisé qui laissait entrer la lumière de la lune. Monsieur Adam esquissa un sourire.
-Ils sont magnifiques…
Soudain, une boule de feu fit exploser les deux grandes portes.
-C’était quoi ?!
Dans la fumée et la poussière, une silhouette s’avança. C’était Junker. Sa queue se balançait et il arborait un air furieux au visage.
-Vous… vous venez de commettre la dernière erreur de votre vie !
- Alors c’est toi le Mystérieux ? On avait pensé à ton improbable arrivée…
Un filet aux énormes mailles de fer tomba sur Junker, le clouant au sol par de gros poids.
-Non !
- Oh si, dit monsieur Adam. Tu sais, je n'ai pas oublié notre précédente rencontre. Qui aurai cru que ce petit salaud serait protégé par une machine ?
Il ricana. Le Biomech le fusilla du regard. L’homme ne lui prêta plus attention et se tourna vers Quentin, saisissant l’un des outils au-dessus de sa tête avant de l’approcher de ses yeux.
-Arrêtez !
- Tes pupilles ont trop de valeurs pour les laisser sur un corps. Après te les avoir retirés, mes hommes profiteront de toi.
- Oh oui, dit l’un d’eux en lui caressant la cuisse.
Junker serra les poings. Ses cornes se mirent à luire davantage, tout comme le cristal qu’elles arboraient.
-Allez, dit monsieur Adam.
Il fit claquer la sorte de pince et l’approcha encore.
-Junker !
- Je suis là Quentin !
Tout le corps de Junker se mit à luire d’une vive lueur blanche. Une énergie s’échappa de lui.
-Quoi ?!
Le Biomech grossi. D’un coup de griffe, il fit voler le filet en éclat et se redressa. La lumière s’estompa et Junker poussa une sorte de rugissement. Son corps était à présent recouvert d’une sorte de duvet bleu sombre presque noire. Ses ailes étaient faites de plumes et il avait un gouvernail complet. Une troisième petite paire d’ailes ornait la base de sa queue. Quentin était sans voix. Les cornes de son compagnon étaient pâles et ses yeux ainsi que ses striures étaient d’un blanc immaculé. Il devait mesurer au moins deux mètres cinquante et son physique était bien différent. Il avait des membres disproportionnés. Ses bras étaient courts comparés à ses avant-bras plus longs et massifs. Ses grosses mains aux imposantes griffes cuirassées étaient quasiment au même niveau que ses genoux et ses cuisses étaient aussi un peu courtes, comparées à ses mollets tout aussi gros. Ses épaules élargies donnaient à sa fine taille une forme en V.
-Junker ?!
Les yeux de celui-ci scintillèrent un bref instant.
-Quiconque fait du mal à Quentin… doit en payer le prix !
L’humanoïde se jeta sur les hommes. Sans les tuer, il s’assura de les blesser sans grande gravité. Sa longue queue les envoyait au sol et il les frappait du revers de la main avec une force difficilement comparable. Certains lui tirèrent dessus mais il n’en fit rien, brisant leurs armes d’un coup de griffe. Alors, il se changea en dragon. La bête était presque terrifiante avec ses crocs étincelants tel l’ivoire et ses énormes griffes cuirassées. Monsieur Adam était sans voix mais se repris bien vite. Il chercha à s’enfuir mais le dragon bleu lui bloqua le passage, les crocs dévoilés. L’homme poussa un cri et tomba sur les fesses. Junker le fusilla du regard en grondant férocement.
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