On raconte qu’il y a environ 300 ans, vivait un peuple sur le haut plateau de Voltraf. Situé entre l’extrémité est du royaume de la Croisée et le désert Haysaïble, ce plateau s’élevait à 200 mètres de hauteur et formait un cercle d’environ huit kilomètres de diamètres. Autrefois recouvert d’habitation et de champs, il ne portait maintenant plus que des ruines et plus personne n’y était retourné. Pourtant, les deux silhouettes qui venaient d’arriver au pied du plateau avaient un objectif bien clair : le gravir et arriver jusqu’en haut.

Les deux silhouettes en question avaient la taille d’humains moyen, mais toute personne qui serait passée par là aurait tout aussi bien pu les confondre avec l’une des quatre autres races humanoïdes qui peuplaient l’Empire de la Tétrade, que sont les elvenns, les ondals, les nagraads ou les darfs. Il était impossible de savoir exactement, car les deux silhouettes portaient des capuches qui recouvrait totalement leurs visages et des vêtements amples qui cachaient le reste de leurs corps. Et ce n’est pas les harnais rudimentaires qu’elles portaient sur leurs dos et sur lesquels était attaché de ballots de bois qui aurait pu donner plus d’indices.

Après s’être regardé un instant, elles acquiescèrent et activèrent un sort magique qui les enveloppa toutes deux d’une aura verte pendant quelques secondes. Une fois cela fait, elles sautillèrent sur place pour vérifier que leurs poids avaient été suffisamment réduit avant de décrocher de leurs ceintures des piolets. Elles s'accroupirent puis sautèrent de toutes leurs forces pour atteignirent les huit mètres de hauteurs. Elles plantèrent alors leurs piolets dans la pierre du plateau et entamèrent leur ascension en répétant l’opération.

Environ un quart d’heure plus tard, elles arrivèrent enfin au sommet. Elles prirent quelques instants pour observer silencieusement la désolation qui demeurait ici sous forme de vastes étendues de ruines. Finalement, elles se dirigèrent vers la façade ouest du plateau où elles se délestèrent toutes deux du bois qu’elles portaient sur leurs dos. La première silhouette se chargea de ramener des pierres et des brindilles trouvées dans les décombres des maisons érodé par le temps, tandis que la seconde s’activa à organiser tout ce qu’elles avaient transportées jusqu’ici. Une fois qu’elles eurent suffisamment de matériaux, elles formèrent un carré avec les pierres ramassées d’environ un demi-mètre de largeur et d’une vingtaine de centimètres de hauteur. Dedans, elles y mirent les brindilles puis utilisèrent quelques bûches pour former une pyramide. Enfin, elles érigèrent une tour avec le bois qu’il leur restait en le superposant en quinconce sur le muret de pierre. Après avoir vérifié que l’ensemble était suffisamment stable, elles l'embrasèrent grâce à un autre sort. Les deux silhouettes reculèrent de quelques pas et firent un signe de salut vers leur assemblage en s’inclinant légèrement et en posant leurs poings gauches sur le cœur et leurs droits dans le dos. Rapidement, le feu gagna toutes les bûches et devint en quelques instant un véritable brasier dont la lumière réconfortante illuminait cette partie du plateau et dont la chaleur ardente réchauffait le corps des deux silhouettes. L’une d’entre elles sortit alors un petit rubis de sa poche qu’elle jeta dans les flammes tandis que l’autre regroupait leurs affaires. Après un autre signe de salut vers le brasier, elles partirent hâtivement du plateau.

Elles n’avaient nullement envie d’expliquer à quiconque qui passerais par ici pourquoi ce feu, qui brillera plus tard dans la nuit, ne cessait de brûler sans jamais faiblir.