Elle m'a tendu une tasse un matin de café noir,

le vif au bord des yeux-sourire,

le tendre au coin des lèvres.

Elle m'a tendu une tasse croche et belle.

Une tasse au corps trop long,

bancal, à l’oreille trop petite,

blanche bouche trop grande ouverte

posée sur son cul ocre trop sérieux.

Un déséquilibre constant l’équilibre,

ou l’inverse, cela compte peu.

D’obscurs glyphes bleu-nuit

l’habillent sans plus d'une symétrie qui s'ignore.

La main qui l’a façonnée

semble l’avoir trop fortement voulue

marquée de son empreinte,

tordue à son seul usage.

Une pièce sans âge, dit-elle,

moderne hors mode,

singulière et peu conforme.

J’ai trouvé cette tasse,

elle m’a fait penser à vous.

Ses mots.

Je vous ai trouvé, vous.

Que j’entends.

J'ai été une tasse un matin de café noir.

Pas un de ces quatre matins, le quatrième.

M’a-t-elle déjà percé ?