La rencontre de "J".

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C. pense que peut-être il apprécie cruellement sa déception et son humiliation, souriant avec cette jeune pouffiasse à la pensée de la pauvre chienne qui l'attend en vain le front posé sur un jambage de cheminée. Sans doute joue-t-il déjà avec le jeune corps de cette salope ? Alors que la pendule comtoise sonne pour annoncer 9 heures.

C. entend des pas descendre les escaliers. Serait-ce finalement lui ?

Mais ce n’est que J, qui nue vient vers elle.

  • Monte moi le café que tu m’as promis avant que je m’endorme.
  • Bien, major, toujours bien noir et sans sucre ?
  • Devine, idiote ?

Allongé nu sur le lit d’une chambre au décor froid et austère, je regardais la lézarde qui courait au plafond. J’avais tout le temps de penser à J. C’est vrai qu’elle avait le don de tomber comme un cheveu sur la soupe. Déjà lors de notre première rencontre…

J’avais un rendez-vous avec sa mère et j’avais eu la surprise de voir J se présenter pour excuser l’absence de sa mère, j’étais dans une brasserie et j’avais commandé pour deux.

La table était petite et j’avais des problèmes avec mes jambes, les étendre c’était à coup sûr lui faire du pied, même involontairement et quoi, la donzelle devait avoir à peine 17 ou 18 ans.

Aussi je me forçais à les garder repliés. Elle, n’avait pas ces scrupules et les étendit presque sous ma banquette.

Déjà qu’elle avait pris une chaise sans même une hésitation ! elle y avait posé ma veste comme si c'était la sienne. Pour un peu, elle aurait retiré mon portefeuille pour le poser sur la table comme à mon habitude.

Les rôles étaient-ils inversés ?

Tout m’échappait, pensez, donc une presque gamine jouant les allumeuses… Tout m’échappait. Qui était le chasseur ? Qui était la proie ?

Et son sourire carnassier, ces petites quenottes que je sentais toutes prêtes à me dévorer.

Je commandais pour nous deux. Peut-être le vin ferait la différence.

Je lui avais pris du foie gras sur pain d’épices garni d’un unilatéral de mangue avec son verre de Sauternes, suivi du sempiternel gratin dauphinois, mais ici, il était réussi, ce qui était plutôt rare.

Pour le dessert, elle choisirait.

Je l’écoutais distraitement alors qu’elle mangeait, elle me parlait de ses études, des garçons de son âge qu’elle trouvait trop immatures. De sa mère et de ses nombreux amants dont je faisais partie.

La petite avait bu son verre de Sauternes, deux verres de Bourgogne et pour le dessert un colonel avec une double dose de vodka.

Elle semblait à peine enivrée.

Notre discussion allait bon train, elle me parlait de ses projets, de ses UV ou de quelque chose comme cela, de son master dans le tourisme.

Nos jambes se frôlaient sans cesse et je me résolus à les étendre enfin.

Je m’excusais.

  • Pardon je ne vous fais pas du pied, je les étends simplement, dis-je avec conviction.

Elle se touchait le nez se le caressant presque.

  • Je sais. Faire du pied c’est autre chose, ce n’est pas ça… cela ressemble plus à ça.

Elle joignit la phrase au geste. Sa jambe, presque sa cuisse dans un léger frottement, se cala contre ma jambe dans un léger mouvement de va et vient.

Et quand son pied sans la chaussure se blottit entre mes jambes, appuyant sur mon sexe, le massant plusieurs secondes, je sentis son orteil se diriger sur ma fermeture éclair. Elle n’allait tout de même pas oser ?

En tout cas elle se rendait compte de l’effet produit, elle souriait montrant ses dents et, toujours ce petit tic, elle tapotait sur sa narine.

Je me décomposais. Tout mon sang se retira de mon visage, je devins blême en un instant.

Je faillis même m’étrangler.

Désinvolte, elle remit son pied dans la chaussure.

Elle ajouta l’air de rien :

  • Voilà, faire du pied, ça doit être à peu près cela ?

Du blanc, ma figure s’empourpra, mélange de honte, de dépit, l’impression d’être manipulé.

De nouveau son sourire et son regard enjôleur.

  • Oui, dis-je, ça c’est faire du pied et je dois dire que je ne peux pas lutter… pour une gamine vous êtes trop forte pour moi.
  • Mais non, me dit elle en me tapotant légèrement la main, je suis certaine que vous survivrez.

Et je pensais : « mais on rêve, elle me pique aussi mes répliques. »

Il fallait que je réagisse, que je me reprenne en main, c’était moi le séducteur… pas elle.

Mais maintenant nos jambes étaient trop étroitement imbriquées pour que je puisse les replier.

De toute façon je suis sûr qu’elle les aurait traquées jusque sous la banquette.

Bon, j’avais perdu la bataille sous la table, aurai-je l’avantage du terrain et de la situation.

Il s’agissait maintenant d’être le maitre sur la table, j’abandonnais donc mes jambes à leur triste sort, elles étaient prisonnières des siennes.

Je me concentrai sur ses mains, je les caressai légèrement l’air de rien, mais j’avais la certitude qu’elles se laisseraient apprivoiser, et, sans vergogne, elle abandonna sa paume dans la mienne.

C’était ainsi que j’avais rencontré J.

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