Chapitre VI : Le corps du Poulpe
Le Poule, 12 février 2223
Pacifica venait d’arriver au corps du Poulpe après avoir rapidement traversé les huit fractions du sous-marin pour saluer les habitants. Le centre organisationnel grouillait de ses travailleurs. Cet espace qui se trouvait au cœur du subaquatique était un endroit clé pour le bon fonctionnement de la communauté, car l’histoire du Poulpe était particulière. Il avait été conçu par l’Italie pendant la guerre avec l’objectif de pouvoir embarquer un maximum de personnes, et ce, peu importe leur nationalité. Tout avait été pensé pour sa taille, sa forme en passant par sa capacité à renouveler son air intérieur.
Il était composé de huit bras, tel un poulpe, dans lesquels étaient aménagés des habitations. Le centre du sous-marin quant à lui se nommait le centre organisationnel, car c’était là que se trouvait la fraction scolaire, la fraction médiation, la zone de stockage, la cantine, la fraction décisionnelle de l’Assemblée, le cockpit, l’infirmerie et la salle multi-usages. Chaque bras, chaque fraction, correspondait à un groupe d’individus possédant des similarités. On retrouvait la fraction britannique, la fraction chinoise, la fraction latine, la fraction océanique, la fraction orientale, la fraction Afrique du nord, la fraction Afrique du sud et la fraction péninsulaire. Une annonce avait été communiquée par l’Italie pendant la guerre incitant les personnes n’ayant pas pu embarquer dans des sous-marins à se rendre à Naples pour embarquer à bord du Poulpe. C’était le plus grand subaquatique des océans. Il recensait pas moins de six cents habitants. Habitants que Pacifica connaissait tous. La jeune médiatrice salua ses collègues de la fraction scolaire et se rendit à la fraction médiation, qu’elle était la seule à gérer. Elle s’occupait donc de la médiation externe et interne du sous-marin. Elle s’occupait de la paperasse quand vint quatorze heures. Elle n’avait pas mangé et devait se rendre dans la fraction décisionnelle pour conduire une réunion de l’Assemblée sur le périmètre de chasse et de cueillette.
Elle entrait dans la salle où se trouvaient déjà quelques membres de l’Assemblée, dont Allan, à qui elle sourit par politesse. Allan Mackenzie, âgé de cinquante-neuf ans était officier cartographique. Il était chargé d’étudier les eaux du Poulpe pour permettre aux autres membres de voter les prochaines coordonnées de mission du sous-marin. Le grand blond portait son uniforme d’officier habituel. D’origine écossaise, il en était le parfait cliché. Il avait la peau très pâle, un visage ovale, de courts cheveux blonds avec des reflets roux et des yeux marron terre. Le tout avec une très belle musculature, malgré son âge avancé. Pacifica revint à elle quand la dernière députée se joignit à la table. C'était sa mère. Camilla s’excusa pour son retard et demanda à sa fille de bien vouloir commencer. Dans de telles réunions, la médiatrice avait pour rôle de partager et de gérer le temps de parole de chacun ainsi que de maîtriser les possibles échauffements. Elle céda la parole à Allan qui la remercia d’un signe de tête.
“Suite à votre demande, j’ai effectué mes recherches, et ce que j’ai trouvé devrait vous plaire. Les wakamés se trouvent généralement dans des eaux tempérées et près des côtes. Il est vrai que nous pourrions aller en cueillir au niveau des côtes étasuniennes, néanmoins, en vue de nos dernières récoltes, il nous faudrait ralentir le rythme si on ne veut pas risquer d’éteindre cette espèce d’algue dans nos eaux.
- Et que proposez-vous monsieur Mackenzie ? Vous savez que nous avons besoin de ces algues, la fraction infirmerie l’utilise régulièrement pour soigner les habitants, intervint la députée.
- Oui, madame Russo, et c’est pourquoi nous ne pouvons retourner aux États-Unis, si nous continuons d’exploiter cette zone, nous allons nous retrouver sans rien. Je propose donc les côtes canadiennes.
- Mais nous sommes en février Allan ! S’exclama la mère de Pacifica.
- Députée Russo, je dois vous demander de ne pas couper monsieur Mackenzie, s’interposa Pacifica.
Allan remercia Pacifica du regard.
- J’allais y venir, Camilla, selon mes études, la hausse des températures et donc des océans font qu’à cette période de l’année, nous pourrions en trouver au Canada.
- Très bien, et concernant le sujet des mollusques ?
- C’est là que mes prévisions deviennent intéressantes, les côtes canadiennes sont des anciens lieux de récoltes.
- Très bien, passons au vote, reprit la médiatrice en gratifiant Allan d’un signe de tête. Que tous ceux s’opposant à la récolte des côtes canadiennes se manifestent.”
Aucune main ne fut levée, Pacifica conclue donc la réunion. Elle rentrait à son habitation sans aller voir sa mère, elle n’avait pas envie de discuter avec elle.
La médiatrice s’écroulait sur son lit dans un long soupir. Elle n’était pas friande de ces réunions, car sa mère avait la fâcheuse habitude de prendre la parole sans son autorisation ce qui lui donnait l’impression qu’elle dénigrait son rôle de médiatrice interne. Elle se relevait pour aller prendre une douche, afin de se vider l’esprit. Elle laissa tomber ses vêtements au sol et s’admira dans le miroir. Bien qu’elle soit mince de nature, son ventre était impressionnant plat, traduisant qu’elle ne s’était pas alimentée depuis un certain temps. Un gargouillement vint lui rappeler au même moment que son intestin avait été beaucoup trop négligé. Elle observait ses petits seins qui étaient plus gros qu’à leur habitude, signe que ses règles allaient bientôt arriver. Elle attacha ses cheveux châtains, mi-longs en chignon. Elle entrait dans la douche et fit couler l’eau. Les gouttes coulaient sur son visage, plaquant sa frange contre son front. Elle penchait la tête en arrière et profita de ce moment de détente pour se plonger dans un état de pleine conscience.
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