À l’intention de monsieur Peter Feldmann, commissaire de police de Kleindorf.

Monsieur,

Ma réponse à votre lettre est un refus catégorique, et je vous mets en garde contre de prochaines initiatives telles que celle-ci. Vous faites preuve d’une grande impudence en outrepassant ainsi le cadre de vos fonctions. Pour ce qui est des disparitions, c’est en effet très fâcheux, mais guère étonnant dans des régions comme les vôtres, surtout si les villageois laissent leurs enfants garder les troupeaux sans la surveillance d’adultes. Ils se seront égarés en plein blizzard, et c’est sans doute à peu de choses près ce qui est arrivé à la cinquantaine d’autres enfants.

Cette réponse se veut définitive : non, nous ne pouvons pas nous permettre d’envoyer des effectifs ou du matériel dans vos régions. Personne ne se porte volontaire, personne ne veut s’installer dans vos villages, et affréter un train spécial juste pour vous faire parvenir le strict nécessaire chaque mois nous coûte déjà suffisamment cher. Vous avez des tenues pour tenir le blizzard et des munitions pour vos armes, estimez vous déjà heureux. Du reste, la ligne de train doit servir uniquement au transport du matériel militaire.

En définitive, si vous avez besoin de matériel ou d’effectifs supplémentaires de façon ponctuelle, vous n’avez qu’à quérir l’aide de la garnison de Nachtwall. Et je ne veux plus entendre parler de vos superstitions douteuses ou de démons. Tant que Nachtwall est là, aucun sorcier ne peut passer la frontière. Et non, la forteresse en elle même n’est ni maudite ni hantée, et je vous ordonne d’aller vous adresser à la commandante de ce fort la prochaine fois que vous aurez, comme vous me le dites, besoin de plus d’effectifs pour vos opérations.

Nous sommes fatigués d’entendre en permanence les vôtres invoquer des superstitions pour justifier leur incompétence. Estimez vous heureux qu’il n’y ait personne pour prendre votre place, commissaire Feldmann.

Très cordialement,

Reinhard zu Dunkelherz,

prévôt royal du département de l’est.