XIII

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Jour 25

Aujourd’hui, j’ai fait envoyer à la capitale un rapport détaillé de l’état de notre matériel, et notamment de la chaufferie, en précisant exactement quelles pièces nous voudrions pouvoir changer. Si tout se passe bien, et si la demande est validée par le haut commandement, nous pourrons commencer les travaux d’ici un mois ou deux. La situation de la garnison devrait s’améliorer, et si la principauté d’Osowiets ne nous envoie pas d’assauts plus déterminés que le dernier qu’on a essuyé, nous devrions pouvoir tenir bon pendant des siècles durant. Il n’y a guère que pour le moral que je m’inquiète, mon propre moral surtout.

Aujourd’hui, j’ai à nouveau eu une conversation avec Irene. J’avais presque totalement oublié notre première conversation, et après la victoire de la semaine dernière, j’étais peut-être un peu trop candide. En la croisant au détour d’un couloir, je lui trouvais l’air préoccupée et de mauvaise humeur. Je lui ai demandé ce qui n’allait pas, et après m’avoir dévisagée d’un œil torve, elle m’a expliqué sans ambages que ses chorts la tourmentaient.

« Lorsque l’on ne leur donne pas une occupation, les démons tourmentent tout ce qui bouge, à commencer par leur maitre. » a-t-elle dit. « Il faut que je trouve quelque chose à leur faire faire, quelques malédictions ou sortilèges pour les occuper... N’importe quoi. Je ne peux pas les envoyer en mission dans le territoire Osowiet, puisque les kolduns auront tôt fait de les repérer et de les récupérer pour eux. Ces viles créatures n’ont aucune loyauté. »

Je n’ai pas su quoi répondre, et en me voyant muette elle s’est mise à ricaner. Puis elle m’a dit de ne pas m’inquiéter puisque d’après elle Osowiets ne tarderait pas à lancer une nouvelle offensive magique et elle pourrait employer ses chorts à la contrer, mais ce qu’elle avait dit m’a laissée si perturbée que je me suis contentée de la fixer sans rien dire pendant un moment.

Quelque part, je sens que mon devoir aurait été de lui poser plus de questions, d’essayer de comprendre ce que sont ces chorts et de m’assurer qu’ils ne fassent pas de dégâts dans le fort. Mais j’ai préféré couper court à la conversation. On se sent mieux quand on ignore simplement l’existence de certaines choses.

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