Mélodies oubliées
« Ma chérie. Ma jolie fille, toi que je croyais ne jamais rencontrer dans cette vie. Tu es si belle avec tes joues rondes, tes bras et tes jambes potelés et tes grands yeux. Ton sourire sans dent me fait rire. Je t’aime tellement !
Pourtant, Maman ne peut pas rester. Ce n’est pas de ta faute mon ange. Maman est très malade, alors… Tu dois me promettre d’être sage et gentille avec Papa. Il sera triste, mais je compte sur toi comme sur lui pour que vous vous souteniez. Soyez forts ensemble, mon trésor.
Avant de te dire au revoir, j’aimerai te chanter des berceuses. Papa te les passera pour que tu t’endormes, que tu rêves d’aventures et de mondes magiques où nous seront tous les trois réunis. »
Émilie se lève, change de cassette. Sur l’étiquette de celle-ci, l’écriture de sa mère est presque effacée. Elle se rassoit sur son vieux lit, qui grince de protestation. Son père l’enlace, s’essuie le nez du revers de manche. La douce voix de sa mère s’élève. Émilie et son père reniflent en cœur. Comment ai-je pu oublier tes mélodies, maman ? Un sourire gauche agite les lèvres d’Émilie. La main sur son ventre rond, elle s’exclame en direction de la télévision :
« Maman, Joséphine et moi on attend des jumeaux. Tu t’imagines ? Ils pourront t’écouter et dormir comme moi, quand j’étais toute petite ! »
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