Labyrinthe
Respire.
Je me force à l’immobilité, inspire et expire. Mon souffle franchit mes lèvres gercées, les assèche un peu plus. Mon regard se trouble. Je cligne des yeux. Une fois. Deux fois. Trois fois. Enfin le feuillage des buissons m’entourant retrouve un contour net. Je jette un coup d’œil à gauche, puis à droite. Merde. Je ne sais pas où aller, ni d’où je viens.
Baboum ! Baboum ! Baboum !
Je recule, trébuche sur quelque chose. Un hurlement alourdit déjà ma gorge, alors que je regarde par terre. La sueur plaque mes cheveux et mes vêtements contre mon corps glacé. Ma main s'écrase contre ma bouche. Je retient mon cri de justesse, en même temps que la nausée monte. Le corps humain est surprenant : une machine bien huilée, prête à tout pour survivre. Même si cela signifie museler sa terreur. Mon cœur m’assourdit par ses battements.
Baboum ! Baboum ! Baboum !
Mes ongles se plantent dans l’herbe et la peau de mon visage. La tête d’un petit garçon m’observe. Le reste du corps est introuvable. Je me redresse, guette le moindre bruit et mouvement. Pense à la récompense, pense à la récompense ! Je contourne le bout de cadavre et avance à l’aveugle. Je marche de plus en plus vite, trottine puis court.
Baboum ! Baboum ! Baboum !
Les larmes me montent aux yeux. Je renifle, frotte mon minois du revers de la main. Pas le temps de pleurnicher ! La nuit tombera bientôt. Je me fige, les poils hérissés. Là, sur ma gauche, quelque chose ou quelqu’un s’approche. Je me baisse, sort un petit couteau de ma botte. Le manche en cuir ne m’a jamais paru aussi lourd. Je prends la pose que Tonton Augustin m’a appris.
Baboum ! Baboum ! Baboum !
Un homme apparaît.
Baboum ! Baboum ! Baboum !
Il ne s’arrête pas, fonce droit devant lui. Je le regarde faire, bras ballant. Erreur fatale. Le monstre est là et m’attrape en un claquement de doigts. Je me débats, plante mon arme dans ses avant-bras, agite mes pieds pour le frapper.
Baboum ! Baboum ! Baboum !
Il rit et ouvre en grand la bouche.
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