4. Le nécessaire retour 

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Sur le trajet du retour, Alexandre comble les silences à travers un monologue sans fin. Je l’écoute d’une demi-oreille jusqu’au sujet de notre fils.

« Ma chérie, Tiago a besoin de toi. Et moi aussi ...Il faut te battre....».

Cependant, utiliser les enfants, inconsciemment soit-il, ajoute à mon fardeau et fait monter ma culpabilité et ma colère dans les sommets. Répéter encore de me battre.... Je n'en peux plus.

« Il faut » me fait porter la charge d'une responsabilité immense que je ne suis pas sûr de réussir à soulever. « Te battre » me renvoi à la violence de ce qui m'attend. En a-t-il seulement conscience ? Un combat difficile contre un ennemi invincible. Je réunis le peu de force et de calme qu'il me reste pour lui répondre.

« Je me doute que les mots te manquent, que tu es certainement préoccupé par ce qu'il m'arrive mais par pitié n'utilises pas notre fils ! Arrête les injonctions et ne me demande pas de me battre !! je n'en ai pas la force, j'ai besoin de digérer ! ».

Ma voix s'était finalement mise à crier malgré moi. J'avais précisément dit « ce qu'il m'arrive » sans utiliser le « nous », lui signifiant que la principale concernée dans cette situation, c’est moi.

« Pardonnes moi, tu as raison...je suis maladroit... Tes silences me font peur, j'essayai de t'encourager...».

Je n'ai ni la force de le rassurer ni l'envie de comprendre sa souffrance à ce moment-là, bien trop centrée sur mon mal-être et mon arrivée imminente auprès de notre fils, avec la peur de ne pas réussir à le rassurer. La crainte de lire l'inquiétude dans ses yeux d'enfant rêveur. Je jette un œil sur mon téléphone portable, une trentaine d'appels en absence et de sms sans réponse. Je n'avais même pas eu le temps de penser une seconde à mes parents.

En arrivant chez eux, je vois immédiatement leurs visages tristes et leurs yeux rougis par le chagrin. Alexandre les avait prévenu par téléphone. Je suis heureuse de les retrouver.

Mon père, surnommé Fernand, d'origine portugaise, a fuit le régime de dictature de Salazar dans la fin des années 70. Au fil des années il a travaillé dur pour bâtir sa société dans le bâtiment, gros pourvoyeur de main d'œuvre étrangère à cette époque. Il a réussit socialement en partant de rien, je lui dois sûrement ma persévérance. Petit bijou unique de mes parents, j'ai été choyée et portée aux nues tout au long de mon enfance. Ma maman, Maria, m'a transmit son extrême bienveillance et son empathie. Repasseuse de profession, mettant un point d'honneur à peaufiner chaque détail et satisfaire coûte que coûte le client. Je lui dois mon perfectionnisme et ma rigueur. Je sais pouvoir compter sur leur soutien, aujourd'hui plus que jamais.

Tiago arrive en courant joyeux de nous revoir. Je retrouve immédiatement le sourire en regardant sa jolie frimousse. Je tombe à genou et il s'agrippe à mon cou. Je l'enlace, enfouie mon visage dans ses cheveux soyeux et respire son parfum doux sucré familier. Les larmes coulent sans que j'arrive à les arrêter.

« Tu m'a tellement manqué mon amour ».

Tiago entame un monologue géant durant lequel il me raconte tout ce qu'il a fait en notre absence. Très fier, il explique comment, à la piscine municipale, il a réussi à plonger directement la tête la première. Je lui témoigne de mon émerveillement non feinte. Pendant quelques minutes j'oublie que ma vie vient de sombrer. Je retrouver le bonheur et mon insouciance grâce à lui. Lidia arrive également en galopant. A mes pieds, elle se met à sauter sur place comme un kangourou. Me lèche les mains, la langue pendue et baveuse d'excitation. Lidia est un chien, un shar-peï noir, de deux ans, vive et attachante. Elle adore dormir avec Tiago dans son lit lorsque nous avons le dos tourné. Je la caresse et l'embrasse sur son museau humide avant de poursuivre jusqu'à la maison.

Arrivée devant mes parents sur le perron de la porte d'entrée, le ciel s'assombrit de nouveau. Je propose à Tiago de commencer à jouer à l’intérieur pour les saluer. Mes parents s'approchent sans un mot et m'enlacent. Nous pleurons tous les trois.

« je n'ai pas les mots... bredouille ma mère.

- on sera toujours là pour toi Delf, ajoute mon père.

- je sais que je peux compter sur vous. Et je vais avoir besoin de vous plus que jamais... ».

La chaleur de leurs bras me réconforte. Je redeviens pour quelques instants symboliques leur petite fille. L'enfant qui a besoin du réconfort car elle a beaucoup trop de chagrin. Ces bras magiques, ces bisous d'amour, voilà ce qui me fait du bien.

Je me rends compte à cet instant qu'Alexandre ne m'a pas embrassé ni même enlacé depuis l'annonce. A peine s'était-il contenté de me tenir la main et le visage. Comme si cette maladie venait déjà de creuser un fossé entre nous deux, comme s'il ne savait plus y faire et que j'étais une autre. La personne malade, celle qui va mourir, qui fait peur et qu'on regarde autrement.

Je sèche mes larmes rapidement. La pudeur reprend le dessus. Mes parents font de même sans dire un mot. Les gestes suffisent bien plus que les mots parfois sans qu'il soit utile d'en rajouter.

Nous rentrons dans la maison, un repas chaud patiente dans le four. Un parfum d'épices de mon enfance embaume l'air ambiant. Sauté de porc cuit à basse température au four, agrémenté de cumin, de piment doux, d'huile d'olive et de pommes de terre. Nous passons à table comme un dimanche ordinaire. Je rêve depuis plusieurs jours de retrouver ces instants simples du quotidien. Nous parlons de la pluie et du beau temps, nous rions lorsque Tiago raconte comment il est tombé de la balançoire en faisant le pitre. La maison familiale est chaleureuse, elle abrite des décennies de souvenirs et a ce quelque chose d'apaisant.

Mon père m'arrache à mes pensées en abordant le sujet du moment. Un silence pesant s'abat dans la pièce. Le regard que je lui lance, désignant les enfants du menton, suffit à le faire taire. Tiago du haut de ses 5 ans comprend néanmoins qu'il y a un problème. Il me demande si je suis malade d'un regard inquiet. C'est un enfant vif, il perçoit bien les choses. Je prends une profonde inspiration. Je sais qu'Alexandre compte sur moi pour l'annoncer aux enfants et ne viendra pas à mon secours à en croire par son regard paniqué et l'échange que nous avions eu plus tôt.

Je me souviens des quelques cours de psychologie de l'enfant à l'école d'infirmière. Être factuelle, faire des phrases simples, légères et rassurantes. Ne pas dramatiser. Ne pas mentir non plus et surtout ne pas les inquiéter. Mon cœur bat très fort contre ma poitrine. Mon cerveau s'affole. Le dire à mon fils rend le diagnostic encré dans le réel et c'est douloureux. J'essaye de lui expliquer le plus simplement possible et de le rassurer de mon mieux.

« Maman a une petite boule ici ».

Je désigne mon sein droit sur un ton rassurant et léger en gardant le sourire.

« Je vais devoir aller à l'hôpital plusieurs fois pour qu'elle parte ».

Tiago a un regard préoccupé, cela fait beaucoup pour son âge.

« Je vais me soigner, le docteur va me donner des médicaments, et ça va aller ».

Je me surprends à entendre ces mots sortir calmement de ma bouche avec un sourire apaisant. Mon fils est ma raison de vivre. Instinctivement je viens d'annoncer à tous suivre le traitement préconisé. Le visage de Tiago se déride instantanément. Les enfants sont merveilleux. Cette capacité à vivre l'instant présent est fascinante sans se projeter dans l'avenir, ni se poser milles questions. Comme j'aimerai y arriver moi aussi. Apaisé, il poursuit la discussion en changeant totalement de sujet, racontant comment il avait réussit à monter très haut tout seul sur la balançoire.

Ma tension redescend instantanément, soulagée. A en croire par le visage d'Alexandre et celui de mes parents nous le sommes tous.

Le repas se poursuit calmement. Je sens que ma mère à envie de m'interroger à maintes reprises sur le sujet mais se ravise. Je fais mine de ne pas le remarquer.

A la fin du repas, nous nous installons dans le jardin pour boire un café. Alexandre s'éclipse quelques instants. Tiago se rue sur la fameuse balançoire toute neuve installée spécialement pour lui quelques jours plus tôt pour me montrer ses exploits. Nous restons ainsi silencieux en l'observant. C'est une douce journée de fin d'hiver. Celle qui vous annonce les beaux jours et dont les premiers rayons de soleil vous réchauffent suffisamment pour apprécier de rester exposés dehors. Je recharge mes batteries à plat, remerciant les grands esprits de ce silence salvateur, de ce calme tant attendu retrouvé.

Au bout de plusieurs longues minutes je pars à la cherche d'Alexandre, inquiète de ne pas le voir revenir. Il est rentré dans la maison depuis d'un moment. J'entends sa voix au loin dans la chambre de notre fils. J'avance à pas de loup, silencieusement pour écouter.

« C'est horrible... Non. Elle a peu réagit, je la sens peu combative... c'est dur... Là elle vient de dire à Tiago qu'elle allait se soigner mais je ne sais pas si elle l'a dit pour le rassurer... Je suis mort de trouille Sabine... ».

Il est au téléphone. Il a appelé ma meilleure amie, Sabine. Je ressens un mélange de peine et de rage. Dépossédée de mon libre arbitre. J'aurai aimé prendre le temps d'intégrer la nouvelle moi-même avant de la diffuser. Je viens d'apprendre que j'ai un cancer de stade avancé. J'aurai préféré l'appeler, choisir le bon moment, les bons mots. Je pleure en silence sans retenue toutes les larmes de colère et de tristesse cumulées. Les mots d'Alexandre résonnent en moi. Mon cancer est disséminé dans mes organes. J'ai plusieurs combats à mener en même temps, est-ce que j'en ai la force ? Je suis fatiguée d'avance, et subir cette agitation m'oppresse. Tous espèrent que je sois forte, que je me batte et vite. Aucun ne me demande ce que je veux vraiment, ni ne me laisse le temps de le savoir moi-même.

La porte s'ouvre subitement, je me retrouve face à face avec Alexandre. Nos regards se croisent, nos yeux respectifs sont rouges et gonflés. Il me tend les bras et m'enlace tendrement de toute son envergure. Une accolade de réconfort et d'amour. La première depuis l'annonce. J'ai l'impression de retrouver enfin mon mari. Nous restons ainsi plusieurs minutes en silence.

Plus tard dans l'après midi, nous rentrons tous les quatre à la maison. Qu'il est bon de rentrer chez soi et de retrouver son confort, ses objets, ses repères. Nous nous installons sur le canapé de la véranda face au jardin une tasse de thé fumante à la main. Tiago joue au ballon dans le jardin. Je retrouve enfin mon cocon rassurant. Je sens que le moment est opportun pour me libérer de toutes mes émotions.

« Alex, c'est vraiment un moment difficile pour moi, pour nous tous... ».

J'essaye de parler le plus calmement possible, comme avec Tiago tout à l'heure.

« Tu as envie que j'agisse vite et je peux le comprendre... Mais ton insistance m'oppresse.... ».

Je déglutie, j'ai une boule dans la gorge. Alexandre reste silencieux, à l'écoute.

« Laisses-moi du temps s'il te plait, ça ne fait que quelques heures.... J'ai besoin d'y réfléchir, et besoin de calme, de silence pour cela... On en reparlera demain ».

Alexandre acquiesce sans un mot. Il semble avoir compris et mon regard reconnaissant suffit à le remercier.

V. La décision de la raison

Quelques jours s’écoulent sans que nous ayons abordé le sujet. Alexandre fait en sorte de respecter mon souhait de prendre le temps, sans m'oppresser. Ainsi, les journées se succèdent, rythmées par le quotidien.

Ce matin, installée dans la cuisine pour le petit déjeuner, je m'attache à faire le bilan, consciente de devoir prendre une décision. Il n'est pas envisageable de continuer à fuir comme cela en m'enfermant dans une sorte de déni constant. Devant Tiago et Alexandre je tente de garder la face, mais lorsque je suis seule, je m'effondre. L'instabilité de mon humeur me fait progressivement sombrer dans une déprime profonde impossible d'afficher. Ai-je la force de supporter tout cela ? La chimiothérapie, l'opération... « Sachant qu'il y a très peu de chance que je m'en sorte... Cancer de stade IV... c'est le plus grave... il n'y a pas de guérison... ».

Je sens un froid glacial envahir la pièce. Je viens de parler à haute voix sans m'en rendre compte, Alexandre est figé sur le pas de la porte, les yeux ahuris.

En tant qu'infirmière je lis entre lignes des discours médicaux, réussissant à relier mes connaissances théoriques aux situations. Je réalise en voyant son visage stupéfait qu'il n'a pas mesuré la gravité de mon état. Je n'ai pourtant pas tout entendu de ce que le médecin a dit au moment de l'annonce. J'étais tellement sonnée et ailleurs à ce moment-là que le Dr Frost nous a même laissé seuls un moment, nous avons donc eu que peu d'information. Mais je sais que le stade IV d'un cancer est le dernier, le plus grave. Je pensais que le médecin en avait dit quelque chose lorsque mon esprit s'était embué.

Alexandre s'approche de moi et m'enlace de ses bras, sans un mot.

« Et si finalement je meurs après des mois de traitement, d'épuisement intense, d'une chirurgie douloureuse, en espérant qu'il n'y ait pas de complications, qu'aurais-je gagné ? ».

Les larmes coulent silencieusement sur nos joues. Je tente de refouler la colère ressentie à l'égard du sort ayant jeté son dévolu sur moi, me condamnant à mort.

Nous sursautons au retentissement de la sonnette de la maison.

J'ouvre la porte. Sabine ! Je me jette dans ses bras. Elle est la seule personne en dehors de mon fils, d'Alexandre et mes parents que je me réjouie de voir. Sabine et moi nous sommes rencontrées sur les bancs de l'école d'infirmière, le premier jour des cours. Perdues l'une autant que l'autre au milieu de l'immense amphithéâtre. Au croisement de nos regards nous avons immédiatement accrochés. Après quelques échanges basiques de présentation et questions sur le fonctionnement de la journée, nous comprenons vite avoir fait une grande rencontre. Et en effet, un amour grandissant au fil de ces 11 années avec de beaux moments partagés ensemble. Elle est de ces amies à qui vous pouvez tout confier, de celle qui ne vous juge pas et vous soutient sans faille, voir vous pousse à aller plus loin. Sabine est une femme positive et sûr d'elle. J’admire beaucoup sa personne.

Elle renifle dans mon cou, elle pleure et je pleure aussi. À cet instant, j'imagine ce que je ressentirais si j'avais appris moi aussi qu'elle était gravement malade... Une immense tristesse m'envahit. Nousj séchons nos larmes rapidement par pudeur.

« Je t'ai apporté tes chocolats préférés ! ».

En voyant le joli sac vert, je comprends qu'il ne s'agit pas d'un assortiment de sucreries de supérette comme Antoine à l'hôpital. Je reconnais immédiatement le paquet du chocolatier meilleur ouvrier de France du coin. Tiago accoure et se jette dans ses bras.

« Tata Sabine ! ».

Les liens sont si forts qu'il l'a toujours appelée « tata ». Elle est la sœur que je n'ai jamais eu. Alexandre est fils uniquement également, Tiago n’a donc pas d’oncle et tante et c'est donc naturellement que Sabine est devenu sa tata de cœur.

Elle plaisante avec lui pendant qu'Alexandre prépare du thé qu'il laisse infuser de longues minutes dans la théière en fonte que ma mère m'a offerte à Noël dernier. Une délicieuse odeur de vanille et de cannelle embaume le salon.

Tiago repart jouer dans sa chambre. Sabine ne parle pas du cancer. En tant qu'infirmière comme moi elle n'a pas besoin d'en savoir plus, cancer stade IV, elle sait. Elle est venue me témoigner de son soutien, elle a le chic pour ça, être là quand il le faut et c'est tout.

« Alors comme ça le travail te manquait au point que tu as voulu y passer tes nuits ?

- Très drôle !

- J'espère au moins que tu as pu faire la connaissance du nouvel interne « so sexy » ! C'est son surnom.

- même pas ! ».

Sabine a beaucoup d'humour. Elle n'hésite pas à faire rire dans les pires circonstances, une de ses forces également au travail, très appréciée des enfants et de leurs parents. Ma nature plus réservée et dotée d'une extrême empathie, peut-être excessive, m’enferme parfois dans quelque chose de grave et lisse.

Sabine raconte toujours des tas d'anecdotes. Elle réussit la prouesse de me faire rire joyeusement. Nous parlons de la pluie et du beau temps, de tout sauf de la maladie, une réelle preuve d'amour. Elle se tient à disposition et à l'écoute. À chaque fois que je traverse une période difficile elle est là, je peux me confier et compter sur elle au bon moment. C'est aussi vrai à l'inverse. On fonctionne en miroir elle et moi, spontanément sans le calculer, c'est fluide. Une amitié comme celle-là est rare et précieuse.

Je surprends Alexandre faire des signes à Sabine. Il se ravise comme un enfant prit en flagrant délit de bêtise.

« Comment te sens-tu ? » me demande-t-elle sentant le moment opportun.

En effet, sa présence réconfortante me permet d'ouvrir mes chaccras. Je sais qu'elle ne me jugera pas et saura trouver les mots justes. Je lui explique le choc de l'annonce, le balai des visites, l'oppression ressentie face aux questions d'Alexandre et mes doutes sur l'intérêt de suivre les traitements, me sachant condamnée.

« C'est ton choix, ta décision... Prends le temps de peser le pour, le contre et te demander ce que tu souhaites vraiment.... Surtout tiens compte de tes besoins à toi ».

C'est du Sabine tout craché. Renvoyer vers l'autre, ne pas parler à la place de l'autre, être à l'écoute. Sa manière de me rendre actrice de mon choix, de sous entendre son soutien quel qu'il soit, me fait un bien fou. Si je ne pense qu'à moi, je refuse les soins et je vie ma vie comme je l'entends jusqu'à la fin. Je suis néanmoins partagée entre l'envie de me battre et de vivre tranquille avant de quitter ce monde. Deux envies sûrement incompatibles. J'aimerais que ma famille garde en mémoire des moments heureux plutôt que mes absences et ma souffrance. Mon extrême empathie m’empêche d’assumer cela et d’accepter de blesser mes proches. Une telle décision est difficile à prendre, j'ai besoin de temps, bonne douche et une nuit de sommeil. Je suis épuisée, impossible de penser, tout se mélange dans ma tête. Je lui promets d'y réfléchir demain.

« Tu n'as pas à le promettre. Prends le temps qu'il est nécessaire de prendre ».

Alexandre reste quant à lui silencieux, préférant sans doute ne pas prendre la parole pour éviter une maladresse, et sûrement grâce à l'esprit médiateur de Sabine. Son soutien est précieux, il a finalement bien fait de la contacter.

« Bon tu ouvres la boite de chocolat que je t'ai apportée ou tu comptes la garder pour toi ?! ».

Moins d'une heure plus tard, elle repart. Après avoir dîné rapidement, baigné puis bordé Tiago dans son lit, je rejoins Alexandre, déjà couché, dans la chambre. Allongée sur le dos, les yeux rivés au plafond dans la pénombre, je prends quelques profondes inspirations pour me relaxer et évacuer le stress des derniers jours. Je sens à la respiration d'Alexandre à côté de moi qu'il ne dort pas non plus. Incapable de parler l'un comme l'autre et soulagée d'être enfin posée dans mon lit, je ferme les yeux et fini par m'endormir quelques longues minutes plus tard, d'un sommeil agité.

Au petit main, la chambre est illuminée par le levé du soleil et la voix de Tiago « maman ! Papa !» sautant sur le lit pour nous retrouver. Il est de ces matins dont vous ne vous lasserez jamais.

« Chatouille partie ! » ordonne-t-il.

Nous démarrons la journée par une partie de chatouilles collective. Son éclat de rire contagieux réussit à nous embarquer d'emblée comme à l'accoutumé, tel un réveil de samedi matin ordinaire, comme avant. Il finit par descendre du lit en pourchassant un monstre imaginaire dans la maison « je vais t'attraper ! ».

Je le regarde avec un large sourire béa, je l'aime tellement.

Tout d'un coup comme une évidence, je me tourne vers Alexandre.

« Alex, appelles le Dr Parrot à Curie pour moi s'il te plaît et prends rendez-vous... Je suis prête ».

Il me regarde sans un mot et m'embrasse. Un baiser tendre et doux, un baiser de soutien, un baiser d'amour, un baiser de soulagement.

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