Chapitre 18 Partie 1/2 - La plaine des vérités
Note de l'auteure : Après réflexion et retours que j'ai eu, ce chapitre est en réécriture pour apporter plus de détails et d'éléments dans cette première partie allant potientiellement jusqu'à en faire un chapitre totale. Je l'organise donc ainsi dans le but de plusieurs réécritures. Il sera donc assez court aux premiers jets !
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— Lève toi, et marche, Démon, ordonna une voix profonde.
Ses lèvres d'un rouge ardent, pulpeuses, ne bougeaient pas. Elle regardait la créature dépourvue de graisse d'un air indifférent. Tout était noir autour d'elles, sans décor, ni personne, aucun bruit mise à part le son de cette voix diaboliquement sensuel. La chose ne bougeait pas, c'était comme si elle ne l'entendait pas. Alors la femme se baissa, s'accroupissant à son niveau. Elle posa une grande main munie de longs ongles rouges sous le menton de la bête et le souleva, la forçant à être regardée. Lorsque ses lèvres bougèrent, aucun son ne sortit. Sa voix était devenue inaudible, inexistante. Celles-ci se fermèrent.
— Tu ne comprends peut-être plus lorsque l'on t'appel, conclut-elle.
Un sourire dominant marqua son visage alors que l'éclat de ses yeux de chats brillaient sur les cheveux sombres et affreusement long du monstre.
— Moi non plus, je n'ai pas de nom. C'est pourquoi je vais te libérer de ta souffrance, déclara-t-elle. Je te donne un nom par lequel tu pourras être appelée: Azelle.
La chose la regarda enfin de ses yeux noirs.
— Je te donne une utilité: me servir.
La femme aussi possédait des cheveux semblables aux ailes de corbeaux. Ils lui ondulaient sur le corps cachant sa poitrine et caressant son dos. Sa main empoigna fermement la gorge de la mal aimée. Elle l'étrangla.
— Et je te donne une liberté conditionnelle que je t'ai choisis.
Des marques rougeâtres, ressemblant à l'écriture d'une langue bien plus ancienne que le monde, apparaissaient dans le cou d'Azelle. Sa main lâchait lentement son objet et venait caresser la joue de la démone. Son sourire s'élargissait.
*
— Une fois de plus il est hors de question que j'y participe, insista l'elfe. Je veux bien te servir d'yeux, de bras et de porte parole mais je refuse de m'engager dans une nouvelle guerre. J'en ai déjà suffisamment vue, je refuse d'en prendre partie, déglutit-elle, honteuse.
Je posa mes mains réconfortantes sur ses épaules puis les fit glisser le long de ses bras jusqu'à tenir ses mains avec chaleur. Je souris avec peine, compréhensive de la situation alors que elle, qui était si calme et habituellement sur d'elle, peina à me regarder en face.
— Je comprends. Je ne t'obligerai à rien. Je te demanderai toujours de m'aider et tu auras toujours le droit de refuser. Je te le promet. Est-ce qu'on peut néanmoins continuer à... se voir ? peinai-je à articuler sous l'émotion.
La grande dame acquiesça avant de sourire.
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Des monstres ressemblant trait pour trait aux descriptions des chiens de Cali saccageaient des pièces remplies d'enfants. Ils étaient venus en plein jour et détruisaient tout ce qu'ils touchaient. Certains enfermaient le corps frêle des marmots dans leur mâchoire et venaient taper leur tête contre le meubles, les murs, le sol. D'autre les empoignaient par le bras quand ils ne les arrachaient pas et les égorgeaient lorsqu'ils ne les absorbaient pas pour s'en nourrir. Ils riaient, hurlaient comme des bêtes heureuses au milieu des cris des futurs morts.
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Tout était si sombre et pourtant l'on pouvait discerner un décor spécieux digne des plus grandes demeures. Côte à côte étaient placés deux bras élégants arrachés à leur maitresse. Une voix s'éleva.
— Naamah, Nahama, levez-vous.
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— "Quand le blanc seigneur des anges naîtra, il sera d'un sang pur et royale". Personne n'a choisit quand et qui se sera. Alors arrête de te plaindre et assume ton rôle ! Si c'est toi, c'est que tu es formée pour ça depuis ta naissance ! hurla-t-il.
— Tout comme on est née pour être roi, parent, monstre on none ? On ne nait pas comme tel, on le devient ! J'en ai bien la preuve sous mes yeux, père, grognais-je. Rien n'est écrit à l'avance. Les fins heureuses sans pertes, c'est pour les contes et les légendes !
— Tu fais parties de la légende, même si tu ne le veux pas. Et si t'es pas contente, c'est pareil !
— Je peux très bien choisir de ne plus en faire partie, à tout moment, murmurais-je.
— Je n'aime pas ce que tu dis.
— Bah si ça te plait pas, c'est pareil, répétais-je, lacsée.
— Pardon ? questionna-t-il, déboussolé.
— Absolument rien, répondais-je de mon plus beau sourire.
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— J'aime les faux hasards, dit-elle, curieuse, en se léchant les doigts avec appétit. Dis bonjour à ta nouvelle amie, Azelle.
Les chiens s'envolèrent en poussières dans des rires cassants. Azelle agrémenta le bruit par un pouffement ennuyé, presque effrayé. La femme tendit une main vers la petite qui se tordit de douleur.
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— Non ! hurla une jeune fille. Arrêtes tes bêtises !
Elle se jeta sur moi, pleurante. Le coup venait de partir de mon doigt et avait frôlé ma tête. L'orbe traversa la pièce puis creusa le mur, le brûlant. Mon amie m'enlaça, pleurante avec moi tandis que je hurla avec désespoir. Même aussi entourée, je me sentis toujours aussi seule, sans espoir, inutile. Être adulée et aimée est bien plus difficile qu'il n'y parait. Je hais les gens qui m'envient, moins que moi même. J'aimerai trouver quelqu'un qui pourrait m'haïr autant que je le hais.
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Elle lui arracha l'œil d'un geste vif. Elle sourit, montrant de longues canines, jouissante des cris de la petite qui serra les dents.
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Une petite rouquine riait chaleureusement aux côtés d'une jeune femme aux cheveux blancs. Elle caressait les cheveux de l'enfant fière de sa double invocation.
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J'étais dénudée sur mon lit, seule. Ma culotte était posée sur mon oreiller et je la regardais, vide face à moi-même. Recroquevillée, je cacha ma tête au creux de mon bras tout en tapotant mon pouce et mon majeur entre eux. Ils étaient recouverts de mon liquide qui m'écœurait. Je les frottai pour le faire partir sans rien ressentir. De petits paquets collant se décrochèrent peu à peu de mes doigts, puis je me mis à pleurer sans chercher à comprendre pourquoi. J'étais submergée par les larmes et la crainte face à moi même. Je me retrouvais seule en tête à tête avec mes émotions, comme si toutes mes barrières étaient tombées, et je vie à quel point je me haïssais.
*
Un garçon aux cheveux aussi noirs que les miens me regardait au bord des larmes. Il semblait si désolé, si dévasté. Il me suppliait de l'excuser, de lui pardonner.
— Je t'aime si fort ! hurlait-il les mains couvertes de sang.
— Moi aussi... peinai-je à répondre, sans émotions réciproques, en baissant les yeux. Moi aussi je t'aime.
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