L'illusion d'un regard

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Cette nuit-là, les regards furent plus prolongés. Il y avait dans l'air une vibration différente, où était-ce peut-être une simple nécessité isolée. Une manière un peu brusque de colmater l'absence d'autre chose.

Paradoxalement, ma propre analyse trahissait les résultats, nuls. Ne jamais savoir. Même si on chercher des réponses, des éclaircissements, des vérités, même si on cherche l'essence même. Parce que l'essence existe déjà et il est impossible de la saisir. C'est ainsi que ton regard était le fruit de ma recherche et non une recherche en soi.

J'avais tant envie de poser ma tête sur ton épaule comme le réflexe d'un besoin. De toi ? Je ne le saurais jamais vraiment. Dessiner tes mains parfaites dans ma mémoire était m'imposer l'incertitude de l'avenir. Dans l'immédiat, je te voulais près de moi, admirer mon regard se refléter dans le tien, dans un silence extrême, vibrant, occulté par notre réalité invisible.

C'est un déséquilibre non apparent. C'est l'éveil d'une douleur constante. Pendant que l'évidence de notre relation envahit mon corps, mon coeur lui parcourt mille hésitations. Mon attirance cosmique vers toi a été le mobile d'un crime dont je suis à la fois créatrice et victime.

Dans quelques moments excusés, j'aurai pu tenté l'inimaginable, la négation avant même son existence, le démenti avant les pensées, mais je n'ai pas été capable de le faire. Cela aurait largement suffit que la confusion reste mienne, et avec elle, l'angoisse. Je n'avais pas besoin de répercuter mes peurs en toi. Et nulle fois je n'ai pensé que toi aussi tu pouvais avoir des idées confuses, déconnectes, intermittentes. Des passions nocturnes ou des sentiments illusoires, discontinus. Des tentatives, on méritait au moins cela ; si seulement nos regards prolongés avaient été vrais.

Mais alors que la tentative s'évaporait en secondes fugitives, les opportunités s'échappaient entre nos doigts entrelacés. Il y aurait eu ensuite nos peaux suaves, dans un mouvement furtif, mais naturel, spontané. 

C'est une illusion si peu signifiante après tout, mais il y aurait eu ce flux d'énergie parcourant nos corps, éparpillant l'émotion de nos cœurs.

C'est si bon de ressentir cette sensation d'explosion continu, cette sensation si extatique, cette espèce d'énergie si intense.

Si je croisais tes yeux dans la seconde, et embrassais tes lèvres nues, attentives, entrouvertes sur l'indécision, je sombrerais avec une telle passion que ta seule vue deviendrait pour moi l'interdiction suprême.

Alors, voilà, si je croisais tes yeux un seul instant je créerais pour nous une réalité inexistante, une réalité primordiale, juste pour nous ; une vérité qui seulement existerait pour tuer l'audace de ne pas être probable.

Je me forcerais à cacher mon bonheur, à me conforter dans le mystère.

Mais si je croisais tes yeux, peut-être alors que cette réalité, dont l'horizon serait la courbe de tes cils, deviendrait paradisiaque et que je pourrais ainsi embrasser tes lèvres avec l'indécision de la torture mais avec le bonheur de l'avoir tenté. Peut-être, que je me tromperais en le faisant. Peut-être que je causerais vents et tempêtes dans nos cœurs.

Mais le risque de croiser ton regard dans l'infini du temps en vaudrait vraiment la peine.

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