Bleus d'âmes

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Il y a des ponts, puis des barques, puis des mers.

Des ponts à traverser ensemble, main dans la main, avec des certitudes et des promesses.

Des barques, qui nous éloignent, qui nous conduisent vers des horizons incertains.

Des mers, avec des tempêtes et des cyclones, et nos corps qui se noient dans l'écume, au large.


Il y aura toujours des périples qui nous retranchent dans l'inconnu, des vagues qui nous repoussent dans l'antre des abysses. On connait la profondeur des souvenirs. J'ai parcouru des landes entières pour que tes doux yeux je puisse revoir. Mais, je me suis perdue en chemin, sur ton chemin. Pourtant, je croyais si bien le connaître, ce chemin qui me mènerait à toi. J'étais persuadée de l'avoir gravé dans ma mémoire, gardé dans mon coeur.


Il est sur mon corps désormais. 


Sur notre mer, il y a eu ce vent, ces rafales qui ont déferlées sous nos yeux, ces tempêtes qui ont perturbées nos silences. Le calme que la mer offre aux amants sous les pleines lunes s'est égaré, effacé. Seule, elle nous retarde, change nos perceptions, nous envoie le froid et ses guerres.


La mer nous en veut.

Comme une femme jalouse, elle gronde, elle tourmente, incapable d'accepter que nous autres, amants, nous nous étreignons si fort sur nos ponts.


Il fait si froid ici, aujourd'hui.

Là où autrefois nous réchauffions nos coeurs endormis.

Là où autrefois nous nous blotissions l'un contre l'autre, au zénith des corps nus.

Là où autrefois nous nagions enivrés par le parfum de nos peaux et le sourire de nos lèvres. 

Il y faisait si chaud, autrefois.


Cette brise aujourd'hui me glace les os, et le souffle tiède de la terre, ce souffle porteur de vie, d'amour a disparu sous les flots.

Je n'ai jamais eu peur des mers avant, ni des barques, ni des ponts.

Maintenant, je les évite.

Trop de courants, trop de courants d'air, trop d'épouvante et de jachères. Ce ne sont plus que des étendues noires et suffocantes. J'aimais leur bleus, pas les bleus.

Il m'est toujours si douloureux de devoir faire le deuil des souvenirs. De toi, de l'homme, ma terre, ton corps plongé dans cette eau si claire. Elle nous a balayé, détruit. La mer. Et je me sens seule impuissante, désorientée par les marées, hautes, basses, hautes, basses et ces couleurs qui n'ont rien de naturel, tous ces bleus. Et il y a ce vent. Vent de tristesse et de révolte aussi. La barque s'est échoué dans l'abandon, et quelqu'un flotte au loin, le long des vestiges du passé. Le pont a été démoli et il n'y a plus que moi pour le traverser. Mon coeur s'est enfui.

Alors à quoi bon ousnchercher ici.

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