Ça fait sens
C'est l'acte trois.
(Je l'attrape par les cheveux, mes doigts s'enroulent autour de ses boucles brunes et je l'embrasse sur la bouche. La saveur de l'oubli est une drogue opiacée que je ne peux ignoré.)
- "Tout ça ... C'est faux !"
(Lui, il court à reculons. Vraiment. Il court entre les mots, après un sens, le sens qu'il nous a mis un beau matin. Il court après un nous à dire vrai.)
(Moi, je tire, je l'attrape et je l'embrasse à nouveau. C'est un affront. Une déclaration. Ce n'est pas pour l'exemple, c'est pour l'éternité.)
- "Non, ça ne l'ai pas !"
Ses boucles tombent sur ses yeux, obscurcissant ses regards et ses intentions.
Je ne dis rien mais j'admire, les yeux, les boucles, les mains. Je ne lui dis pas que ses doigts qui m'effleurent lentement me donne envie de tout déchirer, de tout enlacer. Il ne le sait pas encore, mais, lorsque mon regard se perds sur son corps nu, il court au travers de sa peau, plongeant dans son ventre, atteignant son cœur. C'est mon délire ultime, mon dernier accroc, ce que je pense qu'il cherche. Le sens que j'ai moi-même dissimulé dans une pulsation de folie !
... Etat d'esprit imposé :
Je ne suis jamais assez cruelle,
je ne suis pas assez réelle,
je ne sais pas courir,
je ne vis que par les boucles brunes qu'il a dessinées une nuit...
(Il n'est pas symbolique. Il court après sens artistique, le sens de l'histoire qu' il écrit de nos mains. Un sens qu' il a inventé pour nous, entre ses dents et ses lèvres de velours et d'acier.)
... Le sens du symbolique que j'ai perdu,
que je perds à chaque fois, celui qui
1. est si difficile à trouver, qui
2. ne suit aucune logique, qui
3. se fait diurne le jour et lumineux la nuit...
- "Mais tu dis toujours que ..."
(Je m'arrête, je renais du personnage, je redeviens consciente de la répétition.)
(Il ne le veut pas, il continue de courir, de courir après le sens qu'il a tué entre nous.
Le sens qui lui reste et qui m'échappe pour toujours.)
C'est l'acte final.
Il me poignarde, ses mains, là, juste derrière mon dos, sous ses yeux. Cette douleur. Ce geste est à la fois un meurtre et une confession. Il me tue avec la même intensité qu'il a cherché ce sens, un paradoxe amer, une fin qui n'est pas un commencement. Si je ne suis plus, le sens est futile, dérisoire, sans portée. Sans moi, il n'y a plus de quête, de raison, de course folle. Si je ne suis plus, il reste seul avec ses illusions, ses rêves brisés, son purgatoire. Les vestiges de notre histoire, les éclats de nos désirs déchus, se mélangent dans le néant, comme des fragments de cartes éparpillées sur le sol, témoins silencieux d'une bataille sans vainqueur.
(Le rideau tombe sur notre pièce, le tableau est achevé. Le sens, comme un mirage, s’évanouit.)
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