Le Poids de mes Histoires

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Je m'attarde sur les marches. Avec un bouquin et une boite à feu.

Je lis des histoires parce que j'en ai besoin, j'en écris pour me sentir vivre. C'est un réconfort, l'impression vague que mes désirs existent en dehors de moi, qu'ils existent enfin. S'ils me marginalisent, s'ils m'excluent, ils ont le mérite de me rendre vivante. Mes désirs. Mes livres.

C'est un jeu, j'aime jouer.

Je suis une bohémienne, de celle qui ne décolle que par le cœur, qui se balance au grès d'un esprit danseur. Hier soir, j'ai dansé avec le coeur. Alors aujourd'hui, je suis magnanime. J'ai donné de l'amour, j'en ai reçu, alors mon coeur est léger. Qu'importe qui je suis, ce qui ne se voit pas fait mon mystère et finira par faire mon malheur.

Dans ma main, l'eau est froide comme un bris de roche cristalline. Minée de l'intérieur, elle s'éparpille le long des fissures charnières. Ce ne sont pas de simples gouttes, je vois comme à travers un brouillard sec qui m'éloigne de la fraicheur du jour. L'hésitation est forte, la caresse ou la griffure, sur la pierre de plus en plus volcanique, l'onde d'un ricochet sur ma peau. Le soleil s'immisce entre la nature et moi, tel une flamme se consumant dans un iceberg de glace. Parce que je me doute que quelque chose au fond de mon antre brûle ardemment et que le déluge qui s'avoisine l'emportera au loin. Les sentiments sont démodés. Je guerirais entre des mains expertes, qu'à cela ne tienne. Il me faut être quelque chose de tolérant, une marionnette de bois ou une poupée de cire.

Rien de fragile, rien de glacial.

Et puisque à force de maladresses, ils savent que je ne suis rien de cela, je me demande toujours si moi-même je sais qui je suis. Après tout, je suis dans la froideur, dans l'inconstance et le caprice. Je suis une ombre prométhéenne qui fais le don du feu au fou. Je préfère être haïe pour ce que je suis qu'être aimée pour ce que je ne suis pas : une silhouette agitée par la présence d'une absence éternelle, qui profite nuit et jour d'un corps à corps avec le néant, ou avec un jeune et pâle reflet de Narcisse, ou sous les ailes d'un Pan séducteur, ou d'un sigisbée vantard. Peu importe. Je sens siffler dans ma gorge les premières mesures de l'abandon. Je n'en peux plus de ces romans que je me fais, de ces vies que je m'invente et qui sont là, aussi vraies que nature. Il est où mon Ulysse ?

Parce que je ne suis rien sans mon ombre furtive, mes humeurs bileuses et mes histoires sans fin, mais, ces bouquins que je lis, ces mots que je griffonne et ces images que je crée, font mon monde, mon absence et mon absent.

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