Le dernier quai | Prologue
Humanité suicidaire, livrant ses jours et ses nuits à qui s’applique implacablement à les asservir,
sinon les anéantir
Humanité en sursit, qui sans nous serait déjà poussière parmi les étoiles dans les confins,
détruite
Humanité prise en étau dans les mâchoires insatiables de l’ogre qui gouverne tes vies,
mutée vorace à ton tour, tel Jonas avalé se faisant baleine
Humanité grégaire, moutonnière, vainement indocile, prisonnière...
...des geôles de ces technologies mortifères, vendues à ton esprit séduit pour dit-on faciliter le quotidien
— rongeurs, inexorables, du cœur et de la cervelle, par les atomes vrillés de la matière électromagnétique
...des geôles de cette médecine empoisonneuse, qui ne sait que soulager des symptômes tout en distillant ses venins
— chimie trompeuse à gober contre quelques années de plus à survivre, les entrailles sinistrées
...des geôles de cette industrie de la mort empaquetée dans ses barils de vaisselle et de lessive, ses plastiques tout azimut, son indispensable bagnole
...des geôles de ce nucléaire sinistre et sournois qui t’éclaire et bientôt te pulvérisera
… des geôles de ces guerres, ces concurrences, ces compétitions sans fin qui font de tes chemins l’unique but de la vie, ton essence et ton moteur, comme si l’égalité véritable et la fraternité sans calcul t'étaient à la fois impossibles et indésirables
...des geôles de toutes tes sciences sans conscience qui font la ruine de ton âme
...des geôles de ces milliards de carcans et de programmes - la pensée unique, la morale commune, la mode admise, les us et coutumes indiscutables, le monopole du tout-puissant qui s'octroie toutes les parts du marché, la croyance faite vérité, les préjugés faits certitudes, les aprioris, les amalgames, les mensonges définitivement vrais et les vérités définitivement fausses des nombreux dogmes coutumiers qui font de ta conscience la créature, tour à tour servile et rebelle, de son créateur : simple composant électronique reprogrammable à l’infini et compost pour son jardin en fond de cour...
Humanité-cancre qui n’a rien appris de ses erreurs depuis que l’on t’a fait descendre de l’arbre !
Une ultime école t’attend pour t’expulser enfin de ce coma profond, t’extraire de ta gangue de torpeur, t’éveiller à ce qu’est le réel à des années-lumières de cet hologramme que tu oses nommer ‘’réalité’’.
Ton purgatoire, ta rédemption, ta guérison, ta renaissance...
ton dernier quai dans la chair !
Toi qui prend ces nuées de mondes lointains pour des astres morts, y cherchant seulement un clone de ta pâleur cloitrée de postulats faux et faussés, aux visions tronquées et aux prismes étriqués,
Bienvenue sur Orkania !
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La voix se tait, une clarté éteint le cyber-humanoïde et un message le remercie :
Peu prendront ce message pour vrai sans craindre une duperie voilée.
Formatés qu'ils sont à obéïr à ce qui leur ment continuellement, au point de ne plus savoir distinguer ce qui triche de ce qui est authentique. Méfiants par méprise.
La communauté des consciences unies des mondes de l'incarnation non cloitrée te remercie.
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