CHAPITRE 9 : Sayre contre Sayre
Quelques jours plus tard, tandis qu’une belle fin de journée sous le signe de la détente malgré quelques devoirs s’annonçait pour la majorité des élèves qui peuplaient l’école, deux d’entre eux pourtant, avaient encore à faire.
En effet, c’était aujourd’hui que Reiner et Bertolt avaient été convoqués par la professeur de Défense contre les Forces du Mal, Théodora Flint.
Agilement, les deux garçons allaient à contre sens de la marée humaine descendante qui rejoignait la Grande Salle, faisant la course tandis qu’ils montaient les escaliers, venant tout droit de leur salle commune, afin de rejoindre la célèbre salle de Duel, qu’ils n’avaient au passage jamais vu.
Reiner, de quelques secondes derrière son jumeau, s’élançait à travers les étudiants de tout âges et toutes tailles, se frayant un chemin au milieu de la foule dense, un rictus moqueur sur le visage, jetant parfois quelques coups d’oeil à son double, qui se débrouillait merveilleusement bien. Si bien que cela lui arracha un soupir amusé. Quel chance d’avoir un partenaire à sa hauteur, songea t-il pour lui même avant de couper la route à un immense Poufsouffle, probablement en septième année.
Lorsqu’enfin les deux garnements arrivèrent devant la porte de la dite salle, ils échangèrent un regard complice et entendu avant que la main de Bertolt ne frappe à la porte.
- Entrez, s’exclama une voix depuis l’intérieur.
Le duo s’exécuta, découvrant alors une longue pièce dénuée de fenêtres. Au centre du lieu, une imposante estrade en bois d'une dizaine de mètres scindait l’espace. Sur le bord de cette dernière était assise Theodora Flint, le nez dans un courrier qui paraissait lui ôter une étrange expression d’inquiétude sur son faciès.
- Madame Flint, vous vouliez nous recevoir ? Demanda Reiner d’une petite voix.
Sans lever les yeux de son parchemin, Theodora tendit une main, faisant signes aux garçons de s’avancer.
- Oui, approchez.
Les deux jeunes élèves avancèrent fébrilement, ne sachant pas encore de quoi retournait vraiment ce rendez-vous si officieux. Ils se dirigèrent en silence d’un pas uniforme auprès de la professeure, qui d’une main habile, rangea sa lettre, concentrant son regard bleu sur les deux visages identiques.
- J'ai entendu parler de vous ces derniers temps.
- En bien j’espère! Rétorqua Bertolt, ses yeux s’agrandissant tout à coup.
La répartie de l’enfant arracha à la professeure une moue défaite. Elle inspira lentement.
- Vous en êtes fiers ?
Reiner ne put se contenir de diriger son regard vairon vers son jumeau qui semblait avoir partagé la même idée au même moment. Un sourire similaire se dessina un court instant sur les deux visages, avant que de la même manière, les deux se mordirent l’intérieur des joues afin de ne pas céder à la comédie de la situation et aggraver leur cas.
- Je ne suis pas votre directeur de maison, continua Flint calmement, ce n'est pas à moi de vous punir, mais j'aurais du mal à justifier auprès de mes pairs le fait de donner une chance supplémentaire à des éléments perturbateurs, vous comprenez ?
- Bien sûr madame, commença Reiner, mais pour votre information, nous avons déjà été châtiés et Mademoiselle Rowle nous a bien fait réfléchir à nos actes...
- ...Et nous avons compris qu'il faudrait surement modifier notre comportement à l'avenir si nous voulions être à la hauteur de nos prédécesseurs, acheva Bertolt, sur le même ton.
Cette fois, ce fut la professeur qui afficha un sourire. Un sourire d’approbation.
- Oui, je reconnais bien là mademoiselle Rowle.
L’aînée se leva, commençant à faire les cents pas dans la salle.
- Mais dites moi, à quel âge se sont manifestés vos pouvoirs ?
Reiner prit une nouvelle fois la parole en premier :
- Notre plus ancien souvenir doit remonter à nos 5 ans où nous avions transformé notre Elfe de Maison en chaussure...
- ...Mais peut-être avions nous déjà réussi d'autres choses en rapport avec la magie avant ça, mais il faudra demander à nos parents ou notre nounou!
Il était clair que les deux enfants s’amusaient, même dans ces quelques bribes de conversation à l’apparence banale.
- Je vois... Et vos parents, que vous ont-ils dit sur votre... ascendance ?
- Ils nous ont dit qu'on descendait du grand Salazar Serpentard, qui était un immense sorcier ! Ils nous ont toujours dit qu'on était voués à un grand destin....Ou une grande puissance...Ou les deux, je sais plus...
- ...Et nous descendons également de Isolt Sayre qui a fondé une autre école de magie dans notre pays !
- Oui, je connais votre nom...
Theodora cessa alors sa marche.
- Des évènements avec des animaux ? Ou une impression d'entendre les pensées des autres ? Rien qui ne sortirait de l'ordinaire ?
Les deux jumeaux échangèrent un regard curieux. Non vraiment ils ne voyaient pas.
Enfin, il sembla que la femme mit fin à l’interrogatoire.
- Bon, montez sur l'estrade, face à face, déclara t-elle soudainement. Et prenez vos baguettes en main. Je veux voir de quoi vous êtes capables.
Docilement, les deux Serpentard allèrent se placer d’un bout à l’autre de l’étendu promontoire, se faisant face à quelques mètres de distance. Pour Reiner, cela avait quelque chose de particulier. Jamais son frère et lui ne s’étaient battus, et encore moins avec de la magie.
De sa place, l’enseignante fixait tour à tour les premières années.
- Allez-y, et que le meilleur gagne.
A ce moment là, les sorts fusèrent. D’une énergie commune, les deux jumeaux Sayre s’affrontèrent à coup de sortilèges. Pourtant, tout le temps ou dura le combat sans merci, aucun ne sembla prendre l’ascendant sur l’autre.
Theodora, qui avait l’oeil aiguisé des sorciers aguerris, nota cependant l’étonnante notion de stratégie de Reiner, ainsi que l’intéressante puissance des sortilèges de Bertolt.
Finalement, elle éleva une main dans les airs, cessant le duel, qui n’aurait apparement pas de vainqueur. Laissant planer le silence quelques secondes, et accordant un petit temps de récupérations aux garçons, elle les observa tout deux avant de déclarer :
- J'ai vu ce que je voulais voir, nous continuerons quand vous aurez fait des progrès.
Puis, se retournant vers la porte, elle ajouta tout en marchant vers la sortie :
- En attendant ne faites pas trop parler de vous, je n'aimerai pas avoir à vous le répéter.
Puis, elle disparu, laissant seuls les deux héritiers de la maison du Serpent. Immédiatement, Reiner se dirigea vers son frère, un sourire malicieux sur les lèvres et les pupilles bicolores chatoyantes, lui tendant une main fraternelle remplie de challenge.
- Seuls nous sommes fort...
La paume de Bertolt vint se coller à la sienne avec ambition, le même air apparaissant sur ses traits similaires.
- ...Ensemble nous sommes invincibles.
Annotations
Versions