Cabot
Une ou deux semaines plus tard, après avoir récupéré et rendu le chien à son propriétaire encore deux ou trois fois, il nous donne rendez-vous dans un bistro. Là, il nous apprends qu’il s’est rendu compte de son erreur.
- Je vous ai fait venir parce que je me rends bien compte que j’arrive pas à gérer ce chien. Donc, voilà, puisqu’il à l’air plus heureux avec vous qu'avec moi, si vous voulez, je vous le donne. Ou alors je le renvoie à la SPA.
Ça nous a pris un peu de court. Je n'avais pas vraiment l’intention de prendre la responsabilité d’un chien, ma copine avait déjà une chienne et ne voulait pas se retrouver avec un deuxième larron. On lui a donc répondu qu’on allait y réfléchir et que si nous ne le prenions pas, nous trouverions quelqu’un pour le placer, parce qu’il était exclu qu’il retourne dans un refuge. Il nous a demandé si nous voulions le prendre tout de suite, et c’est ce que nous avons fait.
Du coup, ce soir-là, je suis rentré pour la première fois avec Cabot chez moi. Mon père m'a vu débarquer avec cet espèce de loup non-apprivoisé. Lui, qui est d'habitude très vite copain et à l'aise avec à peu près tout ce qui se fait dans le monde animal, n'a pas pu l'approcher, il montrait les dents et rognait (Il lui a fallu deux bonnes semaines avant de s'habituer, et encore, avec une certaine méfiance).
- T'inquiète, p'pa (ouais, j’appelle de temps en temps mon père "p'pa"), c'est juste pour quelques jours, le temps de lui trouver un maître sympa...
Alors oui, on a cherché un peu, mais personne ne voulait de ce toutou, aussi beau soit-il. Finalement, il ne pouvait en être autrement. En quelques jours, à force d'être ensemble, c'était foutu. Ça devenait de plus en plus une certitude: ce serait nous deux pour les 10-12 prochaines années.
Alors j'ai pris la décision. Je savais que j'allais me retrouver dans des galères, je savais que j'allais devoir sacrifier des soirées, des lieux, des voyages. Par contre, ce dont je ne me rendais pas encore compte, c'est qu'il allait m'apporter tellement plus en échange. Pourtant, je l'ai prise, cette décision. Et j'ai fait une promesse. Je me souviens même très bien m'être adressé à lui entre quatre yeux:
- Bon, ok, Cabot. On va faire un bout de chemin ensemble. Je te fais la promesse que tu manqueras jamais de rien et que t'auras la vie la plus cool que je puisse t'offrir. Même si je me retrouve dans la merde, tu passeras avant moi, parce que t'y es pour rien mon pote, t'as rien demandé à personne.
Et voilà, la chose était officialisée. Je pris contact avec son ancien maître, il me transmit les papiers et fit le nécessaire. Je rendis visite au vétérinaire, on changea son nom en Cabot, vu qu'il l'avait tout à fait adopté et que ça lui correspondait bien, à ce satané toutou.
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