Le ressac d’émotions
Ça fait maintenant six mois que nous sommes à Mölle Harbor avec Alex. L’hiver arrive, on ne peut plus surfer, les températures sont quasiment tout le temps négatives. Il est temps pour nous de rentrer en France, d’aller voir nos familles. Honnêtement je n’en ai pas particulièrement envie. J’ai peur que lorsque je revienne rien n’ait changé, qu’une partie des journalistes soient toujours bloqués sur moi, sur mon histoire, je crains la façon dont je vais réagir. Vais-je réussir à les ignorer, à surmonter cette peur, la tristesse qui je sais va m’envahir une fois que je vais remettre les pieds dans mon appartement, les souvenirs de Lucas qui seront partout pour la première fois. Je dois bien y faire face, il est temps et je pense que pour la première fois je suis prête. Alex y est pour beaucoup. Tout les jours il m’aide, me réapprends que je peux vivre, les enfants aussi m’ont aidé. Je me suis décidée, je vais être journaliste sportive. Il y a quelques années un quotidien important m’avait contacté en me proposant un poste en tant que telle. J’avais refusé seulement après réflexion je les ai recontacté il y a quelques semaines et ça a fonctionné. Je commence dans une semaine.
Le jour du départ approche à grands pas, et chaque matin, je me réveille avec un mélange d'excitation et d'angoisse. Mölle Harbor, avec ses paysages hivernaux et ses vagues gelées, avait été un refuge pour moi. Ici, j'ai trouvé une forme de paix, loin des flashs des caméras et des murmures des journalistes. Mais maintenant, il est temps de retourner à la réalité, une réalité que je redoute.
Alex était toujours à mes côtés, prêt à m'encourager. « Tu es plus forte que tu ne le penses, » me disait-il souvent, son regard plein de confiance. « Tu as traversé tant d’épreuves, et tu as toujours su te relever. » Ses mots résonnaient en moi, mais la peur persistait. Je savais que le chemin serait semé d'embûches, mais je me sentais prête à affronter ce qui m'attendait.
Le dernier jour à Mölle, je décide de faire une promenade sur la plage. Le vent froid fouette mon visage, mais je me sens vivante. Je m'arrête un moment pour observer les vagues qui se brisent sur le rivage, leur force et leur beauté me rappelant que la vie continue, malgré tout. Je prends une profonde inspiration, remplissant mes poumons de l'air salin, et je ferme les yeux, me concentrant sur le bruit apaisant de l'eau.
« Tu es prête ? » demanda Alex, s'approchant de moi. Je peux voir l'inquiétude dans ses yeux, mais aussi une lueur d'espoir. Je hoche la tête, bien que mon cœur batte la chamade. « Oui, je pense que je le suis. »
Nous retournâmes à l'appartement pour préparer nos affaires. Chaque objet que je touche me rappelle Lucas. Son sourire, ses rires, les moments passés ensemble. Je savais que je devais affronter ces souvenirs, les accepter comme une partie de moi. Je pris un cadre photo sur la table, celui où nous étions tous les deux sur la plage, riant sous le soleil. Je le regarde un instant, puis je le range délicatement dans ma valise. « Je ne t'oublierai jamais, Lucas, » murmurai-je.
Le voyage de retour en France fut long et silencieux. Alex et moi échangions quelques mots, mais l'angoisse de ce qui m'attendait me pesait sur le cœur. En arrivant à Paris je sentis une boule se former dans ma gorge. Je pris une profonde inspiration, me rappelant les encouragements d'Alex et des enfants. Je ne pouvais pas laisser la peur me contrôler.
« Reste près de moi, » dis-je à Alex alors que nous sortions du Grand California. Il hocha la tête, et nous avançâmes ensemble vers la sortie. Tout tournait autour de moi mais je me concentrai sur le chemin devant. Je savais que je devais ignorer les voix qui murmuraient derrière moi, les questions qui me hantaient. Et je vis mon frère et ma mère, tout souriants et j’ai su que tout allait aller.
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