Chapitre 9
Je fus réveillé par la lumière du matin perçant à travers les arbres. Me souvenant de mon objectif d’aller dans la ville à l’aube, je réunis rapidement mes affaires tout en mangeant un bout de sandwich, avant de partir vers la ville.
J’entrai dans la ville un quart d’heure plus tard. J’eus l’impression que cette ville n’avait pas été trop touchée par le tsunami, même si on voyait que certaines maisons étaient détruites.
Je me faufilai entre les immeubles, écoutant le moindre bruit qui sortait de cette ville. Je ne croisai personne, alors que normalement à cette heure de la journée, il y avait plein de bruit et plein de monde.
Je repérai la vitrine d’un supermarché, et m’approchai de la porte. Elle était ouverte. Jetant un dernier regard derrière moi, j’entrai dans le supermarché. Tout était noir, malgré le soleil qui commençait à pointer.
Je trouvai tout d’abord un sac à dos, bien plus gros que le mien. Je fis un rapide échange et me résignai à laisser mon sac à dos. J’allai ensuite dans le rayon nourriture, pour prendre des paquets de sandwiches et des bouteilles d’eau.
Je trouvai un sac de couchage et un oreiller, que je réussis à mettre dans le sac à dos, avant que celui-ci ce soit plein. J’effectuai un rapide changement pour mettre les bouteilles à l’extérieur du sac.
Je trouvai ensuite une lampe torche, une casquette et des lunettes de soleil, mais sans réussir à trouver de cartes plus précises de la région. Je me contenterai des cartes de mon grand-père.
Un bruit résonna soudain dans le magasin. Le bruit d’un store qui se levait. Je crus que c’était le propriétaire du magasin jusqu’à ce que j’entende une voix dire :
- On va pouvoir trouver deux choses ici : le petit gamin qui s’est introduit ici, et de la nourriture !
- Et on commence par le gamin ! cria une autre voix.
Un concert d’acclamations s’en suivit, et un homme cria :
- Allumez les lumières, et que la chasse à l’homme commence !
- Ça, s’est mauvais pour moi, pensai-je. Qu’est-ce que je peux faire sans me faire repérer ?
Je bougeai tout doucement, pour m’approcher de la sortie. Mais j’entendis une voix crier :
- N’oubliez pas de garder l’entrée !
- Et, les gars ! Il y a un sac qui ne correspond pas à cet endroit ! répondit une voix.
Ils avaient dû trouver mon ancien sac. Réfléchissant à cent à l’heure, je ne trouvai aucune solution sans utiliser les cartes. Je sortis de ma sacoche le huit de Pique, et respirai lentement. Il fallait être calme. Puis, alors qu’une voix s’écriait :
- Je l’ai trouvé !
Je balayai l’air de ma carte, et l’obscurité se fit dans le magasin. Je me relevai tout doucement, en essayant de ne pas faire de bruit, puis marchai pas à pas vers la sortie. Des cris de rage venaient de tout côtés :
- Mais je l’avais trouvé !
- Où es-tu ? demanda une autre voix. Ceux de l’entrée, vous ne bougez pas, compris ?
- D’accord ! répondirent ensemble deux autres hommes, plus près de moi.
- Mais combien sont-ils ? pensai-je. Ça y est ? Ils ont déjà formé des gangs ?
Je vis soudain de la lumière provenant du dehors. Je devais me rapprocher de la sortie. Au détour d’un rayon, j’aperçus les deux silhouettes des gardes qui se découpaient dans la lumière du matin.
Je réfléchis à toute vitesse, puis je vis que les deux hommes murmuraient en regardant dans ma direction. A cause de la lumière de la porte, mon ombre se découpait par terre. Je renonçai à toute discrétion et fonçai vers les deux gardes.
- Alerte ! crièrent ceux-ci. Le gamin est à la sortie !
Un concert de voix leur répondirent et le reste de la troupe fonça vers moi. Je sortis en vitesse le neuf de Pique et fis deux grands gestes avec la carte. Les deux gardes tombèrent par terre, deux grandes blessures en diagonale sur leurs torses.
L’un d’eux réussit tout de même à m’agripper la jambe et me faire tomber. Il dit, assez fort :
- Alerte ! Il va s’échapper !
- Mais ils sont increvables ou quoi ? pensai-je en me dégageant d’un coup de pied. Ils perdent leur sang, mais non, ils donnent quand même ma position !
Je me relevai et courus dans la ville. L’un des hommes du supermarché sortit aussi et tira dans ma direction, m’éraflant la cuisse. A cet instant, je pensai :
- Voila ! Je n’ai pas pris de pansements ! Je savais bien que j’avais oublié quelque chose.
Puis, tandis que l’homme tirait une seconde fois, je me dis :
- Pas grave. J’en trouverais à la prochaine ville.
Puis l’homme cria d’un coup :
- Il a de la nourriture ! Ce gamin a de la nourriture !
Je fronçai les sourcils, m’empêchant de m’arrêter de courir. Pourquoi avait-il fait ça ? Puis je vis apparaître des têtes aux fenêtres, des regards fous qui se tournaient vers moi. Je corrigeai ce que j’avais dit en arrivant dans la ville :
- Apparemment, le tsunami a touché aussi cette ville. Mais ce n’est pas logique ! Pourquoi les gens se tournent vers moi alors qu’ils peuvent simplement en voler au supermarché ?
La réponse me vint lorsque l’homme poursuivit :
- Il a volé de la nourriture de notre ville ! Il ne doit pas quitter la ville ! cria-t-il de toutes ses forces.
Puis pour parachever son discours, il tira plusieurs coups de feux, me ratant complètement.
- Super ! pensai-je. J’ai une ville entière à mes trousses !
Les personnes dégringolèrent dans les escaliers et se lancèrent à ma poursuite. J’avais presque quitté la ville, et j’espérai avoir une bonne avance. Mais au bout d’un certain temps, je n’aurai plus de chance de m’échapper.
Je puisai dans mes dernières forces, et rejoignis une voiture. Je me glissai rapidement dedans et me cachai, priant pour que personne n’ait vu cette manœuvre hasardeuse. Je me cachai dans la banquette arrière et me fis le plus petit possible.
Des ombres passèrent près de la voiture en direction du bois où j’avais dormi la nuit dernière. J’hésitai à sortir de la voiture, mais il y avait peut-être des personnes encore dans la ville qui me verraient, et je ne savais pas où aller.
Et je risquai d’être rattrapé trop rapidement. Je me terrai donc dans la voiture, priant pour que personne n’ouvre la voiture.
Un long moment passa, où je paniquai au moindre mouvement venant du dehors, ou à chaque fois qu’un homme passait près de la voiture.
Je ne sus pas combien de temps je restai dans cette voiture, mais vers midi, un rassemblement se fit près de la voiture. Un homme, sûrement le chef, dit :
- Nous n’avons pas retrouvé le gamin ! Mais John et moi allons sillonner le terrain jusqu’à le retrouver, ce petit voleur !
Un concert d’acclamations et de grognements s’en suivit. Le chef reprit :
- Mais il va falloir faire plus attention ! Il y aura plus de tours de garde, plus de surveillance aux frontières de la ville ! Plus personne ne doit entrer !
Nouveau concert d’acclamations. Je bougeai légèrement car j’avais des crampes partout.
- Notre ville est notre ville ! Notre nourriture est notre nourriture. Personne ne nous la volera ! Et ceux qui s’y risque seront mis à mort ! Rentrez dans la ville, reprenez votre surveillance. John, viens avec moi.
Les ombres s’en allèrent, il n’en resta plus que deux. Le chef et le dénommé John discutèrent un moment, puis s’approchèrent de la voiture. Ils ouvrirent la porte et s’installèrent sur le siège conducteur et avant. John dit :
- Tu ne comptes pas chercher le gamin, pas vrai ?
- Non. On va juste faire un tour en voiture, puis on dira qu’il s’est échappé. Honnêtement, j’en ai rien à faire de ce gamin. Il a réussi à s’échapper, tant mieux pour lui.
- Et si on le retrouve ?
- Vaudrait mieux pas, grimaça le chef. Sinon...
- Les hommes lui feront les pires tortures possibles, compléta John. Le pauvre...
Tandis qu’ils démarraient, je réfléchis aux différentes possibilités. Soit je sortais de la voiture maintenant, mais les hommes de la ville pouvait m’attraper et je pouvais me faire écraser par la voiture.
Soit attendre un peu, et sauter d’un coup ? Je pourrais de bénéficier de l’effet de surprise, mais je risquais de mourir, et je me ferais sûrement mal. Sans matériel de soin, je mourrais d’une infection.
Et John et le chef pouvaient me rattraper et me tuer. Soit... La voiture démarra et bondit en avant, et les hommes se turent. J’attendis que la voiture se fut éloignée de la ville, puis je passai à l’action.
Je me redressai, et, sortant le revolver de mon sac, je l’appuyai contre le cou du conducteur et ordonnai :
- Freine et arrête-toi, ou je tire.
L’homme, les yeux écarquillés, obtempéra. John se tourna vers moi et tenta de me prendre le revolver. Je lui donnai un coup de crosse et lui tirai dessus. John s’affala contre la portière et tomba sur le sol de la voiture. Je dis au conducteur :
- Je n’aurai aucune hésitation à vous tuer. Maintenant, freine.
Le conducteur freina complètement, puis arrêta la voiture. J’ordonnai :
- Descends de la voiture.
- Qu’est-ce que tu vas me faire ? murmura-t-il, tremblant de tout son corps.
- Descends ! criai-je en appuyant plus fort le canon du revolver contre son cou.
L’homme ouvrit la portière et sortit dehors. Sans lui laisser le temps de réagir, je lui tirai dessus au niveau du cœur. L’homme poussa un cri déchirant et tomba par terre.
Une flaque de sang commença à paraître sur le sol, signe que j’avais touché le cœur. John était encore vivant, et il sortit de la voiture en grognant. Je me levai, m’approchai de lui.
Pour ne pas gâcher de balles, je lui cognai violemment la tête contre la voiture. Il s’affala par terre, mort. Je traînai le corps de John près de son compagnon, puis sortis mon sac à dos de la voiture et partis.
Plus tard, alors que je préparai mon campement pour la nuit, je me mis à réfléchir à mes actes. Se sauver d’une ville en folie, et surtout tuer deux hommes à mon âge semblait impossible. Pourtant je l’avais fait.
Et je n’avais pas eu le moindre regret à tirer sur les deux hommes. J’avais tenu entre mes mains le sort de deux personnes. J’avais supprimé plus deux vies humaines... Je m’endormis sur cette pensée rassurante :
- Le tsunami en a pris bien d’autres...
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