21 juin. Fête de la musique.

 2h40 du matin. Je m’installe pour écrire. Puis je me ravise. Ma nuit a beau être entamée, elle n’est pas terminée. Je suis rentré il y a plus d’une heure, après avoir marché un bon moment pour rentrer chez moi, mais la fatigue est absente.

Réveil 5h58. Presque trois heures de sommeil. Habituel.

 J’ai renoué avec la nuit. Plus précisément, j’ai renoué avec Paris la nuit. Je n’étais plus sorti depuis 6 ans au moins. Les Halles. République. Le canal Saint Martin. Les rues noires de monde. La musique partout. Essentiellement de l’électro.

 On marche, on cherche un endroit où se poser. Ce sera sur le sol. Sur un trottoir, au croisement de deux rues dont j’ignore le nom, près d’un bar qui fait l’angle et duquel s’échappe des accords simples et une ligne de guitare jazz très approximative. Ça fera tout de même l’affaire.

 L’alcool ne fait pas effet. J’ai perdu l’ivresse il y a bientôt 10 ans, lorsque j’ai décidé de remettre un peu d’ordre dans mes habitudes de vie. Ça ne m’a pas coûté grand-chose. Mais depuis je ne sais plus être saoul. Je ne savais déjà plus l’être de toute manière.

 Je quitte le métro vers 1h. J’ai 40min de marche pour rentrer. Pas de Uber ou autre Bolt. Pas de participation à cette société de service déshumanisée qui adoube l’exploitation des plus précaires en leur offrant l’illusion de l’émancipation.

 Et j’aime marcher la nuit. Les choses sont un peu différentes. Dans mon imaginaire, c’est une autre vie qui se déroule lorsque le soleil prend congé. Je m’y sens bien. Bien plus que dans ce monde de lumière dans lequel nous vivons tous.

 Je m’endors apaisé. Sur mon ordinateur certes, mais apaisé. Même mes rêves m’ont laissé tranquille. 3h d’un véritable sommeil profond, sans angoisse, sans agitation, sans réveil en sursaut, sans cette sensation de ne pas avoir véritablement dormi.

J’ai renoué avec la nuit.