Cela faisait maintenant un mois que Xavier, chaque soir, nettoyait une crotte que Zacharie expulsait sur le carrelage du salon après le déjeuner. Xavier avait pensé que cette lubie lui passerait vite, mais elle était au contraire devenue une habitude. L’inviter à utiliser les toilettes ou à nettoyer derrière lui se révélait vain ; personne d’autre ne voulait se sacrifier pour le faire à sa place ; Xavier avait donc plié l’échine et se dévouait cycliquement à cette tâche avec inappétence.

 Cependant, Xavier éprouvait le caractère avilissant de sa situation et il se mit à craindre que ce rôle ne lui soit éternellement dévolu. En conséquence, il décida de faire grève.

 Ainsi, un jour, la crotte resta en place. On dîna avec son fumet légèrement couvert par celui du plat en sauce, on regarda la télévision en sa compagnie sans broncher. On faisait juste un écart quand on traversait le salon afin d’éviter de l’écraser et d’en maculer ses chaussons. Le lendemain, un nouvel étron apparut. Et le troisième jour, un troisième. Mais puisque personne, à sa grande surprise, ne lui fit le moindre reproche ni ne lui posa la moindre question, Xavier décida de laisser les choses suivre leur cours, laissant le soin à qui cessera de le supporter d’intervenir et de prendre cette responsabilité qui ne le concernait plus.