IV
Comme les pains et les poissons dans le désert galiléen, les étrons se multiplièrent. Yvan s’était demandé pourquoi il ne se permettrait pas ce que Zacharie faisait sans réserve, et il s’était alors mis à suivre son exemple. L’infection devint bientôt deux fois plus forte. Xavier avait de moins en moins le courage de s’y salir les mains. Régulièrement, en revanche, il s’appliquait à ouvrir en grand les fenêtres, et la maison s’en trouvait un peu aérée et assainie.
Il laissa les fenêtres béer un peu plus longtemps que de coutume le jour où il accueillit Élaine pour la première fois. Il l’avait rencontrée par hasard, elle lui avait plutôt plu, avec sa retenue et son trac de jeune fille sans expérience, et il voulait lui faire bonne impression. À son arrivée, elle lui adressa un grand sourire aux joues rouges, elle l’embrassa et le suivit d’un pas flottant à l’intérieur.
Xavier l’aida avec galanterie à ôter son manteau qu’il accrocha à une patère. Puis, après quelques minutes de conversation, il invita Élaine à monter dans sa chambre. Elle accepta, avec une joie mêlée d’appréhension de vierge, et ils entreprirent de traverser le salon pour atteindre l’escalier.
Xavier la pria alors de ne pas faire attention au désordre que sa famille avait laissé. Élaine ne sut que dire face à ce spectacle. En silence, elle zigzagua avec maladresse entre les crottes plus ou moins fraîches, faillit glisser sur une vaguement liquide, mais elle se rattrapa et réussit à atteindre les premières marches. En montant à l’étage épargné, elle essaya de fermer les yeux sur ce qu’elle venait de voir, et qu’elle pensa être un dérangement temporaire et malencontreux qui disparaîtrait d’ici peu. Dans la chambre de Xavier, Élaine et lui discutèrent et s’amusèrent beaucoup.
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