Juillet 2020
Prologue
" Tu seras toujours là n'est ce pas ? "
Être avec elle c'était comme se faire secouer par une énorme vague. Mais je crois que j'avais besoin d'être secouée ou de me cacher derrière sa forte personnalité car au moment où je l'ai rencontrée, je ne l'ai plus jamais quittée. On s'entendait bien et mal à la fois. On était comme deux faces d'une même pièce mais peut-être qu'on voyait le monde un peu trop différemment.
" Tu seras toujours là n'est ce pas ?"
Comment aurais-je pu imaginer qu'elle partirait. Peut être que c'est moi qui suis partie finalement. Partir étudier à Québec n'était-ce pas un moyen de la fuir ?
Je n'avais pas prévu les conséquences de mes actes.
" Tu m'as menti."
" Comment puis-je continuer ma vie sans toi ? "
En juillet 2020
J’arrive plus à parler. Quand j’essaie de transmettre mes émotions sincèrement, j’arrive plus à parler. Parler de soi en rigolant, comme si c’était une blague: c’est simple; les gens ne se rendent pas compte à quel point tu as mal, à quel point tu es brisée.
La question principale de ma vie c’est “est ce que je suis seule ?”. Si tu te poses la question, normalement, c’est que tu es seule. SEULE, SEULE, SEULE.
Pourquoi j’ai envie de briser tout ce que je vois? Pourquoi suis-je si en colère ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?
Et pourtant je ne suis pas seule. J’ai une famille, des amies, mais alors pourquoi je ressens ça ?
Des fois les mots sont trop durs à supporter. C’est pour ça que j’écris. Je voulais dire tout ça à travers un enregistrement mais je ne pouvais rien faire d’autre qu’un long silence; les mots restaient bloqués à l’intérieur de moi.
Aujourd’hui c’est la journée de l’amitié, j’ai envoyé un message à mes amies, seule une a répondu. J’ai envie de m’accrocher à cette fille. Mais trouver une bouée ne veut pas dire être sauvé de la noyade. Pas sûr qu’elle me considère comme une amie, peut être que je me fais des films toute seule.
Écrire m'aide mais ça me rend triste.
Normalement j’ai un journal. Ça m’aide à extérioriser mes émotions mais je l’ai oublié.
Parfois quand je parle aux gens j’ai une petite voix dans ma tête qui dit: “ je vous déteste, je vous déteste”.
Je dit souvent: “l’année dernière je n’allais pas bien mais maintenant ça va mieux”. Est ce que c’est mentir ? Est ce que ça va mieux ? Est ce que je vais mieux ?
Je préfère le dire tout de suite, je ne suis pas dépressive. J’ai pleinement conscience de la chance que j’ai d’être en vie. Ce que je ne comprend pas c’est moi-même; les émotions.
Je déteste tout le monde. Je les déteste tous. Pourquoi sont ils autant méchants, désagréables, toujours besoin de rabaisser les gens ?
Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?
J’ai envie de pleurer tout le temps.
Je vous déteste. Je vous déteste. Je vous déteste.
Ça fait du bien d’écrire ça. Je me sens moins en colère.
Je vous déteste je vous déteste je vous déteste.
La colère me rend méchante. La méchanceté me rend seule. La solitude me met en colère. Cercle vicieux.
Je dois taper sur les nerfs de tout le monde. J’ai envie de pleurer. Quand tu as trop de pression parfois tu craques.
J’ai envie de pleurer.
« Il en faut peu pour être heureux » c’est faux: « il en faut peu pour être malheureux ».
La plupart du temps je regrette. Je regrette les pensées négatives que j’ai eu pour certaines personnes ( ma sœur, ou même mes amies d’enfance que je considère comme des sœurs). J’ai honte d’avoir pensé: « je vous déteste, je vous déteste ». Bien sûr que je ne les déteste pas. Mais je l’ai pensé. Elles doivent me détester aussi maintenant. Je n’en fait qu’à ma tête, je suis désagréable.
Je suis dans la voiture; je regarde les étoiles. C’est grand. C’est vaste. C’est beau.
Ça va mieux.
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