Domenico Scribus, le désormais célèbre enquêteur romain, a reçu un message de la curie. Il était bien décidé à faire route rapidement vers Rome, mais il semble que ce voyage qui a débuté par un simple entretien avec le jeune Charles est amené à se prolonger. Le moine qui lui a donné le papier venu de Rome lui a dit que le messager avait indiqué qu’il devait remplir cette mission sans délai.

Domenico soupire et défait le sceau déposé par le pape lui-même. Il prend un moment pour déchiffrer le contenu de la lettre :

Domenico,

Nous avons appris que Roger le Pieux avait une confession à faire. Vous devez le rencontrer dans les plus brefs délais et nous informer au plus vite du contenu de cette confession. Cette mission est d’une importance capitale car nous devrons décider bientôt si nous pouvons faire de ce vieil homme un saint pour toute la chrétienté.

Sa sainteté, Honorius III

Voilà bien sa chance ! Aller écouter une confession d’un futur Saint… Il n’y a rien de plus ennuyeux que la vie d’un Saint ! Vous imaginez vivre toute une vie sans faire un seul péché ? Même pas une histoire avec une jolie femme ! Et puis, bien entendu, il habite dans un petit monastère au milieu de nulle part… Même pas une taverne à proximité ! Ben non, il ne faudrait pas que le saint soit tenté quand même… C’est bien sa chance. Domenico est vraiment dépité…

L’enquêteur romain se met donc en route vers le petit monastère perdu… A son arrivée, un moine court vers lui.

« Ah, messire Scribus ! Vous voilà enfin ! Le Pieux vous attend avec impatience ! »

Perdu dans ses pensées, Domenico met un instant à comprendre que le moine ne lui parle pas de son lit, mais bien de Roger le Pieux…

« Eh bien, me voilà. Mais votre Pieux devra encore patienter un peu. J’ai besoin d’un peu de repos après cette longue route… Vous vous rendez compte où vous avez installé votre monastère ? Ça fait bien quatre heures que je n’ai vu que des forêts et des champs !!! C’est pas humain de vivre ici ! »

Le moine lui jette un regard réprobateur.

« C’est vraiment la curie qui vous envoie ? »

Domenico éclate de rire.

« Oui, oui, c’est bien eux qui m’envoient. Mais nous sommes loin de Rome ici… C’est quand même la seule ville où il fait bon vivre ! Je suis Romain, moi, je ne pourrai jamais finir mes jours aussi loin de l’agitation de la cité ! Allez, donnez-moi une heure que je me remette un peu de mon voyage et que je fasse quelques ablutions pour me nettoyer un peu de la crasse de la route, et je viens voir votre Pieux. »

Domenico ne peut s’empêcher de voir l’image d’un lit à chaque fois qu’il utilise cette expression et cette petite plaisanterie lui fait oublier la fatigue et sourire.