1.2.9 Vacances estivales
L'été arrive. La plupart des élèves sont à Pré au lard pour des courses. Un grand cri de terreur résonne. Nous nous précipitons tous, élèves comme professeurs. Nous apercevons deux Serdaigles et trois Gryffondors de dernière année en suspens dans les airs, ayant des difficultés à respirer. Sarah est par terre, en pleurs. Une créature dragonesque ailée aux cheveux verts est entre elle et les filles, dos à nous. C'est elle qui tient en l'air les cinq filles. Jamie se précipite vers sa sœur, ignorant le danger.
La créature se tourne vers nous et nous apercevons un museau de Serpent avec sa langue fourchue. Deux yeux violet lumineux aux pupilles verticales regardent les nouveaux arrivants et soupire. Je suis fasciné par ce que je vois. La créature cligne des yeux. Ses cheveux redeviennent noirs et bouclés, ses yeux noisette. Maeve. Bordel. Comment a-t-elle fait ça ? Maléfique se tourne vers les cinq filles terrorisées et les met en garde.
- Ne touchez plus à des premières années, à des enfants. Ne touchez plus à des Serpentards. Ne touchez plus à mes amies. Premier et dernier avertissement. La prochaine fois, je serais moins gentille.
Elle s'éloigne avec un air de colère hautain et effrayant. Oliver l'a suivi puis il a fait demi-tour. Maeve a l'air d'aller bien et d'avoir besoin de solitude. Comme tous les autres élèves, je rentre à Poudlard. Sarah raconte ce qui s'est passé, son agression par les cinq dernières années et l'intervention magistrale de Maeve pour la secourir. Les autres Serpentards accusent le coup.
Une première année qui maîtrise cinq dernières années, c'est rarissime. Les cheveux verts, c'est très Serpentard. Méga flippant et impressionnant. Maeve a défendu l'honneur des Serpentards alors que personne ne lui parle si ce n'est pour la traiter de sang-de-bourbe. Les Serpentards se sentent nazes et ont honte d'eux.
Maeve a agi avec grandeur, honneur et courage. Mon cousin nous enfonce en nous le faisant remarquer d'une manière assez méprisante. Je souris. Cette andouille apprécie vraiment Maléfique. Il ne s'en rend même pas compte. C'est trop marrant. Moi aussi, j'apprécie Maléfique, toutefois, j'en suis conscient.
Le lendemain, je découvre Maeve dormant blottie contre Oliver. Je ne peux m'empêcher de chercher la bagarre avec Oliver et critique le fait qu'il accueille une sang-de-bourbe dans son lit. Je fais une remarque méprisante sur ses origines moldues. Son pitoyable sort de silence me rend joyeux. Ce con en pince pour elle. Trop génial. Je sens que je vais m'amuser à le tourmenter sur ce point.
Maléfique s'éveille enfin. Une pitoyable scène mièvre et dégoulinante de bons sentiments se déroule sous mes yeux. Sarah, Jamie et d'autres Serpentards font des câlins à Maeve. Jusqu'à ce qu'elle sorte à Sarah et Jamie une ânerie sur les Serpentards. Quel culot.
Oliver réagit instantanément. Ca dégénère en bataille de polochons. On explose les oreillers. On est au sol, reprenant notre respiration entre deux rires. Notre chambre est détruite. On va se faire punir par le préfet et le professeur Bordial.
Maeve se lève et remet tout en place dans la stupeur générale. Alors qu'Horace la remercie, elle le taquine avec gentillesse. Je suis heureux de savoir qu'elle se fait des amis, surtout Horace. C'est un chic type.
Les grandes vacances arrivent enfin. Je retourne au manoir Lestrange à contrecœur. Le procès du meurtrier de Père a lieu cet été. Je comprends pourquoi aujourd'hui ce procès a tant tardé. On ne pouvait pas juger une fillette de six ans. Elle est plus grande et les jurés auront moins de compassion envers elle d'après Mère. Ma famille a longuement préparé sa plaidoirie.
Mère va faire la veuve éplorée afin que le Ministère proclame la peine de mort, où du moins la condamnation à Azkaban ou le retrait des pouvoirs pour la fillette, ce qui permettra à Bellatrix de tuer l'enfant. Le procès va durer deux mois. Mère revient énervée à chaque audience. Elle me décrit brièvement la meurtrière. Lorsqu'elle évoque des yeux noisettes qui ont viré au violet un instant, je réalise que je connais la fillette. Maléfique. C'est elle qui a tué Père. Je prends conscience de la violence dont elle est capable lors de ses colères. Je saisis mieux pourquoi elle est si solitaire. Porter le secret d'avoir commis un meurtre aussi jeune est lourd.
Je dissimule à Mère et Bellatrix les informations que je détiens. Bellatrix a fouillé l'école de Beauxbatons avec Mère afin de retrouver la fillette. Elles veulent réessayer de la tuer. Je ne veux pas qu'elles sachent que Maeve est à Poudlard. Je fais tous pour ne pas les mettre sur la piste.
Carrow questionne Mère sur les arguments de la défense. Il veut trouver une stratégie pour les contrer. J'écoute avec inquiétude leurs discussions. Je ne peux pas envoyer de Hibou à Louise sans danger. Sans être ami avec Maeve, je la respecte et j'ai peur pour Maléfique que j'ai appris à apprécier cette année. Elle a un caractère épouvantable, un cerveau bien fait et le cœur sur la main. Je ne veux pas qu'il lui arrive malheur, surtout via ma famille qui lui a fait tant de mal déjà.
J'ai honte d'être le fils de celui qui a voulu la tuer. En même temps, je me sens coupable de soutenir la meurtrière de Père. J'ai mal à la tête à force de me triturer le cœur. Je suis déchiré entre mon amitié naissance, ma culpabilité et mon devoir familial. Au moins, cette fois, je n'ai plus envie de me donner la mort. Juste de changer de nom de famille et de disparaître dans un trou de souris.
Mon air maladif lié au manque de sommeil finit par m'accorder le droit d'aller passer le dernier mois auprès de la Famille Nott. À ma plus grande joie. Je retrouve ainsi Louise et découvre les joies de la piscine, la rivière et des batailles d'eau. Le plaisir de chaparder des fruits dans le verger du voisin ou bien de lui salir ses draps propres qui sèchent. Je deviens un enfant terrible tyrannisant un vieux sorcier acariâtre.
Je ne sais pas si c'est le relâchement de la pression ou juste le grand air, j'ai l'impression de grandir de plusieurs centimètres ce mois-là. Je me muscle un peu plus. Le père de Louise me rappelle le plaisir de faire du sport, comme quand j'étais gamin. Nous courrons tous les matins ensemble. Je me dépense en poursuivant mon amie toute la journée et finis par quelques longueurs de natation le soir. Je dors d'un sommeil calme et réparateur. Pas une fois, je n'évoque le procès, les parents de Louise évite le sujet.
J'ai tout de même parlé de mes doutes quant à l'identité du meurtrier à ma meilleure amie. Elle a été choquée d'apprendre que Père a attaqué une fillette. Elle comprend mieux mes tourments. Lorsque je lui parle de Maeve, elle est d'accord avec moi. Une lueur violette, des colères effrayantes. Maeve est sûrement la tueuse. Je ne peux pas lui en vouloir de s'être défendu contre une tentative de meurtre. Il faudra que j'aille voir Maeve à la rentrée. Mais comment lui dire ?
- Je suis le fils de celui qui a voulu te buter, mais je ne te déteste pas d'avoir tué Père.
Non, là, c'est moi qu'elle va tuer. Je préfère réfléchir à autre chose. Je ne trouve pas de manière diplomatique de sortir ma phrase et Louise non plus. La chose n'est pas aisée. Je n'ai pas envie que Maléfique me déteste pour quelque chose dont je ne suis pas responsable. Je fulmine de colère contre les Lestrange et leurs secrets.
Je me suis découvert un attrait pour la danse. La mère de Louise est professeur. J'ai quelques bases. Je me perfectionne pour le plus grand amusement de mon amie. Elle est ma cavalière particulière. Au cours, je croise Sarah qui a été invité par ma douce amie et à ma plus grande surprise Horace.
J'apprends que Louise a promis des cours gratuit à Sarah si elle venait accompagnée d'un cavalier. Sarah tenait à ses pieds donc elle ne demanda pas à son frère Jamie, elle tenait à la vie donc elle ne demanda pas à Oliver. Horace se sacrifia par amitié. Même si la mère de Louise ne nous apprends que des danses de salons pour sang pur comme la valse, nous rigolons bien et prenons plaisir à bouger ensemble. Je remplis mon iPod de musiques classiques.
Un cousin éloigné vient rendre visite à Louise. Il a la vingtaine, aussi pleins d'âneries que ma petite chérie et moi. Il sature la mémoire de nos deux iPod avec des chansons populaires moldus. Il nous emmène visiter des fabriques de sucreries et des parcs d'attractions. Je peux enfin me comporter de nouveau naturellement, comme un gamin de douze ans un peu con.
Cela me fait un bien fou. J'ai enfin l'impression d'avoir une personnalité propre, d'avoir le droit de faire mes propres choix. Mes propres expériences comme cette glace aux épinards. Je revis enfin pour moi-même, sans devoir me soumettre à la volonté et aux ordres d'adultes.
Mon caractère s'améliore grandement. Mon rôle de petit con arrogant et prétentieux est oublié à nouveau durant un mois. Je me redécouvre blagueur, puéril, crétin et attentionné envers Louise. Un autre Benoît. Le vrai Benoît. Bien caché sous sa façade de parfait rejeton Lestrange.
Je reçois des nouvelles par courrier de l'avancée du procès. Je me réjouis à chaque défaite. J'exulte de joie quand l'enfant est déclarée non-coupable et que tous les chefs d'accusation sont levés. Ce qui est moins joyeux, c'est que ma famille va sûrement faire l'objet d'une enquête et que mes petites entorses au règlement comme la multiplication d'argent, vont devenir plus difficile. Avec de la chance, le ministère va peut-être découvrir la survie de Bellatrix et cette folle va retourner d'où elle vient, dans la fange de sa cellule privée.
Je me demande si ma famille n'est pas déjà sous surveillance. J'ai parfois croisé des têtes qui me disaient quelque chose, comme si on me suivait. Je n'y avais pas prêté attention sur le moment, toutefois, à l'évocation de cette idée d'enquête, les souvenirs affluent et je me rends compte que trois ou quatre têtes revenaient trop souvent pour être par hasard dès que je sortais faire une course en dehors du manoir ou que je prenais l'air à Pré au lard.
J'en suis persuadé maintenant. Je suis suivi depuis mes six ans, dès que Père est décédé, l'enquête du Ministère perdure. En voulant tuer une fillette, Père a attiré l'attention sur les Lestrange. Croisons les doigts pour que ce soit l'erreur du plan de Voldemort qui causera sa perte.
La rentrée va bientôt avoir lieu et j'angoisse à l'idée de revoir Maléfique. Ces deux mois ont dû être particulièrement éprouvant et angoissant. Je sais qu'elle n'a rien dit aux autres et que tout le monde ignore où elle était cet été. Personne n'a pu lui écrire ou lui apporter un peu de réconfort.
J'espère que son IPod l'aura aidé, cela ne remplace pas un mot doux ou les bras d'un ami. Elle n'a aucun ami, aucun parent pour la protéger, pour veiller sur elle. Elle est si forte d'encaisser tout cela et à la fois si fragile si j'en crois ses colères magistrales.
J'aimerais faire quelque chose pour l'aider, devenir son ami, son soutien. Je suis certainement la dernière personne qu'elle voudra voir si elle fait le lien avec moi. Cette idée me vrille le cerveau. Maeve a t'elle conscience de qui je suis ? Connaissait t'elle le nom de son agresseur avant le procès ? Et l'a t'elle su pendant l'audience ? Tant de questions et aucune réponse. À une semaine de la reprise des cours, je me mets à faire des cauchemars et me réveille trempé de sueur, le cœur battant. La veille, j'ai pissé au lit comme un bébé.
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