Le Tome Six : Chapitre 3
Tom était surpris : l’homme regardait dans sa direction avec insistance, comme s’il le distinguait malgré son camouflage. Peut-être était-ce parce que sa bestiole avait disparu ? En tant que mot isolé parmi ces propositions, il devait paraître beaucoup plus visible que lorsqu'il accompagnait un nom…
Ou alors, cet homme était l’aigrefin.
— Vous êtes un sorcier ?
— Je ne crois pas.
Voilà une réponse trouble qui ne fit qu’ajouter aux suspicions que commençait à nourrir Tom à l’égard de ce lieu et de cet individu.
— Ça, c’est un peu fort.
— Autant qu’un mot qui n’a rien à faire ici ?
— Et vous, vous êtes quoi ?
L’homme sourit, tandis qu’une autre assiette volait derrière lui pour s’écraser à nouveau contre un mur.
— Je suis le personnage principal, bien sûr !
— Bah ! Dans ce cas, vous devez bien savoir si vous êtes un sorcier ou non… J’en cherche un que l’on surnomme « l’aigrefin ». C’est vous ?
L’hurluberlu semblait impassible à la vaissellerie qui flottait désormais autour de lui comme une tornade de porcelaine possédée…
— J’ignore beaucoup de choses à mon sujet ; je n’ai pas été bien défini, vois-tu. C’est ce château qui justifie mon existence. Moi, je ne suis là que pour remplir un rôle.
Une histoire basée sur un lieu plutôt que sur un personnage… Tom commençait à comprendre pourquoi il avait tant de mal à détailler la description de cet homme.
Il sursauta soudain en constatant qu’une petite fille venait d’apparaître derrière son interlocuteur, le visage entièrement couvert par un noir amas de cheveux emmêlés.
— Et… Et elle ? C’est l’aigrefin ?
L’homme jeta un bref coup d’œil à la fillette, sans paraître surpris le moins du monde :
— Non, ne fais pas attention à eux. Ce ne sont que des fantômes. Ils me harcèlent pour me filer la frousse. Ils espèrent pouvoir ainsi dérouler leur tome d’horreur sur moi. Autant les ignorer.
Tom allait avoir un peu de mal à faire abstraction d’autant d’événements insolites. Toutefois, il était bien conscient qu'il lui fallait résister au jeu de l’intrigue.
— L’aigrefin dont tu parles… reprit l’homme, songeur. Je le connais ! Par contre, ce n’est pas un personnage.
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