Chapitre 9
J’ai toujours pensé que Kay resterait avec moi pour toujours, c’était cette pensée égoïste qui m’aidait à aller de l’avant. Pourtant quand elle m’a annoncé que son voyage de l’été dernier n’était pas à but de vacances, mais plutôt des repérages car elle allait y rejoindre sa famille qui y habitait, mon cœur se déchira en mille morceaux.
On ne se vit qu’une seule fois avant son départ précipité. Kayli n’aimait pas les adieux, elle préférait les au revoir. Quand je suis rentrée de vacances, elle était déjà sur le départ. Ses affaires étaient emballées, et une valise traînait au milieu de sa chambre.
Es-tu vraiment obligée de partir si loin de moi?
Cette question me taraudait l’esprit, mais je ne voulais pas lui rajouter un poids et la faire culpabiliser pour rien. Je savais que c’était le choix de ses parents et non le sien. Si elle pouvait, je sais qu’elle resterait avec moi, comme on se l’était promis. Alors j’affichais mon plus beau sourire, pour la rassurer que tout irait bien, et pour essayer de tromper mon cerveau.
Alors que je l’accompagnai à l’aéroport de Houston, mon coeur commençait a se serrer. Son avion décollait dans trois heures, alors nous sommes allées nous installer au Starbucks de l’aéroport pour discuter. Mais tout cela semblait faux. Elle me demanda si j’avais rencontré quelqu’un en France, je lui dis que non.
Il n’y a que toi qui compte, ne t’en es pas rendue compte?
La conversation continua, elle me parla d’intégrer une fac à Gauteng, là où elle allait habiter, puis qu’à la fin de son Master, elle filerait tout droit vers l’Italie et m’attendrait là-bas.
Alors tu n’as pas oublié notre promesse.
Elle n’était pas encore partie que j’avais déjà hâte de la retrouver. Une partie de mon être souhaitait pleurer sur son épaule et lui prier de ne pas partir si loin de moi. Mais l’autre, plus rationnelle savait qu’elle n’avait pas le choix de suivre ses parents. Je n’avais pas d’autre choix que d’accepter son départ qui se rapprochait de plus en plus. Il était l’heure d’aller enregistrer les bagages et d’aller attendre l’avion. C’était l’heure de nos adieux ou de nos au revoir, je ne savais plus bien où me situer. On se retrouva face à face, les bras ballants, les larmes aux yeux. Les parents de Kay étaient un peu plus loin, nous laissant l’intimité dont nous avions besoin.
“Je-“ nous avions parlé en même temps. Un petit rire s’échappa de ses lèvres. Je les regarda, elles étaient parfaites, comme Kay en fait, peut-être n’étais-je pas objective face à sa beauté mais pour moi tout était parfait chez elle, de sa fossette sur la joue gauche quand elle me souriait, au grain de beauté au-dessus de sa lèvre supérieure, en passant par ses grands yeux bruns qui pouvaient voir à travers de moi comme à travers d’une vitre.
“Bon, je vais parler en premier, je veux me vider le coeur en première, tu sais combien je suis égoïste” un petit rire s’échappa de nouveau de ses lèvres. Elle n’était pas égoïste. C’était plutôt le contraire, elle se donnait coeur et âme pour ceux qu’elle aimait.
“Déjà, ceci n’est pas un adieu Vi’, je t’interdis de croire qu’on ne se reverra plus. Je vais te harceler d’appels, jusqu’à ce que tu en ai marre de moi. Je t’enverrai des tonnes de photos, et on se rendra visite, je te le promets. Comme je te promets que je t’attendrais en Italie et là, peut-être que nous pourrons vivre notre idylle, celle que l’on mérite tant. Je t’aime, lovely, n’oublie jamais ça, ne me remplace pas, je t’en prie, je ne le supporterai pas. Je sais c’est une pensée égoïste, mais je veux te garder pour moi, et pour moi seule.”
Pensions nous donc la même chose l’une de l’autre? Mes sentiments étaient-ils réciproques? Je ne savais pas si c’était de l’amour, je n’avais jamais ressenti ce sentiment. Mais je savais que ce que je ressentais était fort, plus fort que moi et que n’importe qui d’autre.
“N’oublie pas que nous sommes des âmes soeurs. Et les âmes soeurs sont faites pour se retrouver, quoi qu’il arrive. Ce n’est qu’un obstacle, nous sommes plus fortes que ça, on a vécu bien pire.”
Je me rappelle de ma jalousie envers son copain du lycée, je n’aimais pas la façon dont il s’accaparait de Kay, je la voulais pour moi toute seule, toute entière.
Après sa longue tirade, elle avait les yeux pleins de larmes.
Je ne veux pas te quitter. Cette phrase me brulait les lèvres mais je ne pouvais pas l’exprimer, je ne voulais pas qu’elle se sente mal.
Je m’approcha d’elle pour lui faire un câlin, le dernier, et la serra si fort que, j’en suis sûre, elle eu le souffle coupé. Elle me retourna mon étreinte, et ce fut à mon tour d’avoir le souffle coupé.
“Je t’aime”, cette fois-ci nous le dîmes à l’unisson. Le chuchotant dans l’oreille de l’autre, comme pour le garder secret encore un peu.
Elle s’éloigna de moi, et soudain mon coeur se mit à saigner.
Je ne veux pas qu’elle parte.
Elle me prit les mains, me regarda dans les yeux pendant un long moment. Pendant ce temps, je ne savais pas bien où regarder, mon regard vaguait de ses yeux à sa bouche.
Embrasse moi.
Cette pensée me traversa l’espace d’un instant. Et je me pris à me demander si ce que je ressentais était en fait de l’amour. Mais je n’avais pas le temps de penser, je devais vivre le moment présent. Je me concentrai sur les mains de Kay dans les miennes. Quand elle me tira vers elle, tous mes sens se mélangèrent. Nos bouches n’étaient qu’à quelques centimètres l’une de l’autre et je me perdis de nouveau à observer sa bouche, le souffle court. Et soudain elle posa sa bouche sur la mienne et tous mes doutes s’envolèrent, j’étais perdue dans le temps. Ce baiser avait le goût de nos pleurs, nos lèvres avaient un goût salé, comme lorsqu’on sort de la mer, du sel plein la peau. Son baiser n’avait rien à comparer à celui que j’avais déjà vécu. Il semblait tout droit sorti d’une fan fiction ou d’un roman à l’eau de rose. Et pourtant il était bien réel. Nos lèvres se mélangèrent quelques instants, puis on se sépara, à bout de souffle.
Je la regarda droit dans les yeux, une larme s’échappa de ses yeux, que je capturai avec mon pouce, passant la main sur sa joue si douce.
“Alors tout cela est bien réel?” Je me surpris à demander.
Elle rit et me tira de nouveau vers elle pour m’embrasser une nouvelle fois. Plus passionnément cette fois-ci. Elle avait ses mains posées sur mes joues et les miennes avaient rejointes sa taille. J’aurais aimé pouvoir faire durer ce moment un temps infini. Mais nous n’avions pas l’infini devant nous. Et les parents de Kay ne mirent pas longtemps à venir la chercher pour qu’elle parte. Ils me regardèrent d’un air désolé, mais je savais au fond de moi qu’ils étaient contents pour nous.
Existait-il une dimension où le nous pouvait exister?
Je pris les mains de Kay, et lui fis promettre de ne pas se retourner quand elle allait passer à l’embarquement. Je n’aimais pas les adieux et encore moins avec elle. Je la regarda partir, et les larmes se remirent à couler sur mes joues. Je n’arrivais pas à les arrêter, même malgré le sourire béa que j’affichais.
Elle se retourna une dernière fois, couru vers moi et m’enlaça, je me surpris à sentir son parfum si familier, qui allait me manquer. Tout allait me manquer chez elle. Et c’est comme ça qu’elle partit, sans se retourner, la douceur de son baiser encrée sur mes lèvres, les larmes continuant de couler sur mes joues.
Mais je me promis d’aller la voir le plus souvent possible, lorsque j’aurais récolté l’argent pour, et pour ça que dès lors de ma première année d’université je ferais en sorte de trouver un boulot étudiant.
Je viendrai te retrouver, c’est une promesse. Ne m’oublie pas.
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