Chapitre 11
Mon départ pour Strasbourg approchait. Je partais demain. Pendant toute une semaine, j’ai été sur un petit nuage, rien ne pouvais m’atteindre. Nous avions fait en sorte que le décalage horaire et nos emplois du temps ne viennent pas à l’encontre de notre envie de nous voir. Étions-nous en couple? Je ne le savais pas vraiment. Nous n’en n’avions pas vraiment parlé à coeur ouvert. De plus je sais à quel point il est difficile d’être avec quelqu’un à distance, surtout quand la distance était si grande. Alors je me concentrai sur ce que j’avais et sur ce dont j’étais sûre. On partageait les mêmes sentiments.
Je soupçonne ma mère d’être au courant. Elle m’a vue être heureuse cette semaine, sans même me rendre compte que mon départ loin de ma famille approchait. Et elle ne m’a pas fait une seule remarque. Je pense qu’elle attend que je sois prête pour lui en parler.
Le jour de mon départ, tout le monde m’accompagna à l’aéroport. Le moment des au revoir ne fut pas si triste que ça. Ma mère me pris dans ses bras, je pense que le départ fut très dur pour elle. Mon père me fit la bise et mes frères un signe de tête.
Être dans cet aéroport me rappela des souvenirs. Alors que j’avançais vers le lieu de l’embarcation, je me revis, embrasser Kayli pour la première fois, à la vue de tous les passants et surtout de ses parents. Et surtout ne ressentir aucune gêne. Tout était naturel avec elle. Je m’arrêta pour prendre une photo du lieu et l’envoya directement à Kay.
“Ça te rappelle quelque chose ?”
Je mis mon téléphone en mode avion, me retourna une dernière fois pour dire au revoir à ma famille, et embarqua dans l’avion.
Une fois dans l’avion, à ma place, je mis en route la playlist que nous avions créée ensemble. Heureusement, la musique couvrait un peu le bruit du bébé à côté de moi qui ne faisait que de hurler. J’allais devenir folle. Les 15 heures d’avion allaient être infernales.
Je finis par m’endormir sur les heures restantes du trajet. Je n’avais pas dormi de la nuit précédente afin d’être assez fatiguée pour faire une nuit sur ce trajet. J’ai réussi à dormir six heures d’affilé, non pas sans me réveiller à cause des enfants qui s’agitaient.
Par le hublot je finis par nous voir survoler la France, ça y est! J’allais atterrir à Strasbourg. Une fois débarquée, il fallut que j’attende que tous les autres passagers descendent, c’était plus simple pour moi, avec mes béquilles, plutôt que d’être bousculée par des passagers impatients de descendre.
Récupérer mes valises a aussi été un spectacle pour tout l’aéroport. Heureusement, quelqu’un s’approcha de moi et me proposa son aide. Ce jeune homme s’appelait Adrian, et il remarqua directement que je n’étais pas française. Pourtant j’avais perdu une partie de mon accent américain à force de pratiquer tous les ans, mais visiblement pas assez. Il me demanda d’où je venais et quand je lui dis Dallas, il sembla étonné. Il me demanda ce que je venais faire à Strasbourg - sont-ce tous les strasbourgeois si gentils? - ce à quoi je lui répondis que je venais pour mes études en sciences de la vie. Il continua à me parler pendant qu’il m’emmenait vers les taxis.
“Quel hasard! J’y serais aussi! Bon je crois que nous sommes arrivés, ce fut un plaisir Violet, on se retrouve en classe!” Il me fit un clin d’oeil et parti aussi vite qu’il était arrivé.
Je me retrouva toute seule sur le quai, et leva la main quand je vis un taxi arriver près de moi. Heureusement il fut également très gentil et, me voyant handicapée, m’aida à porter mes valises dans sa voiture. Je lui indiqua l’adresse, et nous avions 30 minutes de route, j’en profita pour déverrouiller mon téléphone et déconnecter le mode avion. J’avais plusieurs messages de ma famille me demandant si j’avais fais bon voyage et si j’étais bien arrivée. Ce à quoi je leur répondis que oui, j’étais bien arrivée et que j’étais dans le taxi en direction de mon appartement. Et j’avais des messages de Kay. Le coeur battant je les ouvris.
Il y avait tout d’abord la réponse à mon message de l’aéroport.
“Les meilleurs souvenirs que j’ai jusqu’à maintenant mais j’ai hâte d’en créer encore plein d’autres avec toi”
Celui-ci me donna le sourire, puis il y avait une photo d’elle et une vidéo de sa chambre aménagée et bien rangée. Je pu admirer les nombreuses photos de nous deux qu’elle avait accrochées sur le mur, ainsi que l’ours Poufsouffle que je lui avais offert pour son anniversaire cette année. On s’était longuement battues avant de faire ce test sur internet pour définir quelles étaient nos maisons dans Harry Potter. La mienne étant Serpentard, elle m’avait traitée d’ennemie pendant tout une semaine. Je l’avais laissée faire, je sais a quel point elle adore Harry Potter. Pour Noël cette année, j’avais réussi à lui dégotter tous les tomes dans une édition spéciale Poufsouffle que j’étais sûre elle n’avait pas, et j’avais hâte de voir sa tête quand elle allait ouvrir son paquet.
Pendant que je divaguais dans mes pensées, je n’avais pas vu que nous étions presque arrivés. Le chauffeur passa devant la magnifique gare de Strasbourg, avant de s’arrêter cinq minutes plus loin dans une petite rue avec un immeuble rose.
“Voilà vous être arrivée à destination! Bon séjour à Strasbourg Mademoiselle.”
Je le paya, il sorti les valises de son coffre et me laissa sur le trottoir. La dame de l’appartement m’a dit qu’elle s’était arrangée avec mon père et qu’elle avait laissé les clés dans une boite à clés fermée par un code qu’elle m’avait donnée. Je fis glisser mes valises tant bien que de mal vers l’appartement, et en entrant, vis la fameuse boite. Une fois les clés en main, je savais que j’étais au dernier étage, sous les combles. Je me dirigea vers l’ascenseur et là le panneau “ascenseur en panne” me donna envie de pleurer. J’avais trois étages à monter avec deux valises et des béquilles. Je fis un premier voyage sans mes valises et décida d’abandonner mes béquilles en haut. Poser le pied par terre quelques instants ne devrait pas détruire toute ma guérison. Je pris la première valise et la monta, marche par marche jusqu’en haut des escaliers. J’étais en sueur et il me restait encore une valise à aller chercher. Je refis donc le même voyage, ma cheville commençait à me faire mal d’être autant sollicitée.
Une fois mes valises montées et les clés en main, j’ouvris la porte de mon nouvel appartement, un studio, petit, mais suffisant pour moi toute seule. Encore en sueur, je déplaça mes valises dans l’appartement, repris mon souffle et appela directement Kay en FaceTime.
“Hey!” Me répondit-elle presque instantanément avec un sourire montrant sa fossette que j’aimais tant.
“Hey” Lui souris-je.
Elle me demanda comment s’était passé mon voyage, je lui raconta toutes mes péripéties, allant des bébés hurlants, à Adrian puis à mon ascension des trois étages de mon immeuble sans béquilles.
“Alors comme ça, à peine ai-je le dos tourné que tu te fais draguer par des gars français?”
Je commença à m’excuser, je ne voulais pas qu’on se dispute pour quelque chose de si futile, j’avais trop peur de la perdre. Car sans elle je n’ai plus personne.
“Je rigole, lovely, c’était une blague, et je sais très bien qui tu aimes réellement” me dit-elle avec un sourire.
Je dus rougir, car plus aucun son ne voulait sortir de ma bouche. Ce qui fit rire Kay de plus belle.
“Allez montre-moi cet appartement.”
Je lui fis un rapide tour, comme l’appartement n’était pas très grand ç’été plutôt rapide. Elle me dit qu’elle avait hâte que je lui montre les environs et surtout la fac. Maintenant nous n’avons plus qu’une heure de décalage. Fini les calculs infinis pour savoir quand je pouvais l’appeler. J’allais pouvoir l’appeler n’importe quand.
“Je t’aime Vi’” me précisa-t-elle avant de raccrocher, comme si j’allais l’oublier.
“Je t’aime aussi Kay.” Lui répondis-je d’un chuchotement à peine audible.
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