Chapitre 14
“Quel connard!” S’exclama Kay après mon récit.
Je n’avais plus les mots. Je ne savais pas quoi lui dire. Je veux rentrer chez moi. Je veux rentrer à Dallas, et reprendre ma vie avec Kayli là où elle s’était arrêtée. Mais il me fallait une solution pour l’instant présent.
“Vi’? Tu es encore là?”
Je lui répondis que oui, que j’étais désolée de l’avoir dérangée si tard dans la nuit et qu’elle pouvait retourner se coucher si elle le souhaitait.
“Je ne te laisserai pas tant que tu ne seras pas rentrée chez toi.”
Je devais rentrer chez moi. Mais je n’avais pas mes béquilles. Cela voulait dire qu’il fallait que je remonte les chercher sans que l’on me repère. Je n’en avais pas envie. Alors j’entrepris le chemin à pieds, en boitant, avec Kay au téléphone qui me répétait qu’elle était là pour moi. Je croisa quelques types louches sur mon chemin, le quartier de la gare n’était pas très réputé, mais avec Kay au téléphone je me sentais plus rassurée.
Une fois arrivée chez moi, une demie heure plus tard, je me coucha sur mon lit en insultant ce plâtre qui m’avait ralentie encore une fois. Nous avons discuté toute la nuit -ou du moins ce qu’il en restait- comme autrefois, sans se prendre la tête, et ça me fit le plus grand bien. J’avais décidé de suivre les cours à distance ces prochaines semaines, le prétexte du plâtre fonctionnait plutôt bien, histoire de ne pas croiser Maxime dans un couloir. Je n’étais pas prête encore. Alors le matin, quand Margot m’envoya un message pour me dire qu’elle était devant chez moi, je lui dis que j’étais malade et que je ne venais pas en cours aujourd’hui, elle tenait quand même à me rendre mes affaires que je n’avais pas récupérées lors de la soirée, alors je descendis.
Arrivée en bas, j’ouvris la porte et tomba nez à nez avec Marco qui me fit immédiatement un câlin.
“Je suis désolé pour ce qu’il a fait, tu ne mérites pas ça”
Je regardai par-dessus son épaule et vit Adrian et Margot me regarder d’un air désolé. Je me suis écartée de Marco.
“Comment vous avez su?”
Ce fut Marco qui s’exprima.
“J’ai entendu quelques bribes de conservation entre vous, et surtout la gifle que tu lui as donnée, alors quand j’ai vu que tu partais si vite les larmes aux yeux, j’ai pris Maxime entre quatre yeux et il m’a avoué avoir tenté quelque chose avec toi.”
Tenté quelque chose… Mais je ne voulais pas en rajouter plus alors je me contenta d’acquiescer.
“On est vraiment désolés, on t’a ramené tes béquilles, du coca, et des chips pour te remonter le moral.”
Tu es grosse. Tu ne toucheras pas aux chips.
Je leur demanda alors s’ils voulaient monter suivre les cours avec moi. Ils se précipitèrent d’entrer et voilà comment nous nous sommes retrouvés à quatre sur mon lit une place à faire tout sauf suivre le cours qui s’affichait sur mon écran. J’imagine que c’est donc ça de faire partir d’une bande. J’étais calée entre Marco et Margot et je me sentais mieux. J’avais leur soutien.
Nous allâmes tous au restaurant le midi même, pour profiter des derniers rayons de soleil sur Strasbourg, car bientôt l’hiver ferait son arrivée. Au Café Bâle, l’ambiance était cosy, et c’était tout près de chez moi, je me promis de revenir y boire un chocolat chaud cet hiver. Et d’y emmener Kay quand elle viendrait me visiter. J’avais déjà hâte de ce jour, j’avais hâte de lui présenter mes nouveaux amis.
L’après-midi, nous n’avions pas cours, chacun est rentré chez soi se reposer après cette soirée et j’en profita pour texter Kay pour savoir si elle était disponible pour que je l’appelle.
“Hey ma personne préférée, tu as cours cet après-midi?”
“Non, je suis en repos, pourquoi?”
Il ne m’en fallu pas plus, j’appuyai sur le bouton FaceTime et elle me répondit au bout de quelques sonneries.
“Tu vas bien?” Elle demanda d’un air concerné.
“Oui ça va mieux, ne t’inquiètes pas pour moi Kay. En fait je voulais te parler de quelque chose hier et j’ai complètement oublié.”
Elle me regarda d’un air interrogateur et je continuai.
“Voilà, on parle beaucoup de moi, mais je me demandais comment toi tu allais, comment se passait ta vie dans ta nouvelle ville, tu t’y acclimates bien? Tu t’es faite de nouveaux amis?”
Il y eu un grand silence, elle parue soudainement très gênée, elle baissa les yeux et la tête.
En la relevant, elle m’adressa un grand sourire et me dis que tout allait très bien, que les cours étaient un peu difficiles, mais qu’elle s’en sortait et qu’elle avait hâte de me faire rencontrer ses nouveaux amis.
Elle me mentait. Et elle savait que je savais. Je la connaissais par coeur.
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