Intermède

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« Vrinda passera dans un instant pour réaliser votre premier pansement, elle le changera tous les jours », si nous parvenons à conserver suffisamment de matériel pour tous les blessés, pensa Salomé.

Jérémie n’eut pas le temps de répondre, il aurait pourtant aimer lui parler de ce qui a fait de lui un précieux captif de la Vie TM. Peut-être, ce désir était-il mû par la recherche de ce réconfort, de ce bien-être simple, consistant à se trouver à proximité d’une personne dont seule la présence suffit à nous combler.

Ses suaves pensées s’affolaient encore dans l’espace capitonné de son imagination lorsque la porte tourna sur ses gonds dévoilant une silhouette encore inconnue.

« Bonjour Monsieur Quint, je viens m’occuper de votre pansement. Comment vous sentez-vous ? »

Les cheveux noirs et luisants coiffaient la tête de cette jeune femme. Les perles d’un lac sans fond étincelaient de ses orbites, son teint, étonnamment rembruni, contrastait singulièrement avec les autres individus croisés jusqu’alors, au point même d’illustrer la parfaite antithèse de Salomé.

« Bonjour, vous êtes certainement Vrinda ? » L’interrogea Jérémie, d’un air amusé.

« Oui ! Excusez-moi, j’ai tellement peu l’habitude de voir un étrang…enfin, nous nous connaissons tous tellement ici, que nous avons totalement perdu l’habitude de nous présenter ! » Précisa-t-elle d’un air sincère.

Jérémie présupposa qu’elle devait avoisiner les vingt-cinq ans. Du haut de son mètre soixante, discrètement rehaussé par les talons compensés de ses Chelsea boots blanches, ses formes voluptueuses mettaient en relief les différents pans de sa combinaison en cuir d’un blanc immaculé.

Pendant qu’elle s’adonnait consciencieusement à sa tâche, Jérémie eut tout le loisir d’inspecter les détails de cette espèce d’uniforme. Il disposait de multiples poches, et faisait davantage office de combinaison faite de cuir, particulièrement léger, souple et résistant. Deux choses attirèrent particulièrement son attention, les épaulettes tout d’abord, semblant informer des différents grades de chacun, puis ce logo formant une sorte de lézard rouge imprimé sur la poitrine droite de l’ensemble des résidents de ce terrier.

« Et voilà ! »

Cette interjection éjecta Jérémie de sa confortable torpeur méditative.

« J’ai terminé pour aujourd’hui, je repasserai vous le changer demain, en début d’après-midi, en attendant, n’y touchez pas ! Prenez un antalgique seulement si la douleur vous est insoutenable…n’oubliez pas que nous manquons de tout ici ! » Précisa Vrinda, non sans une teinte de jovialité et d’énergie, propres à la jeunesse.

« Le Dr Haddad m’a chargé de vous prévenir que vous étiez consigné dans cette pièce jusqu’à ce que Jonas, notre guide, ne vienne s’entretenir avec vous. Je suis désolée…mais cela ne devrait pas être trop long et seulement une formalité » dit-elle, sans pouvoir totalement éclipser une pointe de gêne.

« Je comprends tout à fait, je suis un hôte inattendu, je patienterai, et merci pour les soins ! » Il se permit de clore les paupières, ses pupilles semblaient incandescentes, hors de contrôle, dansant convulsivement. Néanmoins, la sensation de brûlure diminua progressivement, une fois plongée dans l’obscurité ainsi reconstituée. Il sombra peu à peu dans un état contemplatif, propice au voyage immobile. Il s’imaginait les différents boyaux de cette fourmilière. Combien étaient-ils à survivre ici ? Comment généraient-ils leur énergie ? Disposaient-ils de l’eau courante ? Qu’est-ce qui avait provoqué une telle tragédie ?

Très vite, le visage de Lisbeth vint de nouveau tout balayer, jusqu’à occuper les derniers replis de sa conscience. Que pouvait-elle bien faire à ce moment précis ? Avait-elle été avertie de l’évasion de son père ? Comment avait-elle été impactée par cette mystérieuse catastrophe ? Et la T.V, les émissions ? Une élite avait du s’accommoder confortablement de cette situation…

Soudain, le clac de la porte dissipa sa rêverie. Un homme de taille moyenne, d’une stature compacte et athlétique, les cheveux bruns coiffés en brosse, les tempes rases mêlés de vif-argent, fit son entrée.

« Bonjour Jérémie, bienvenu dans notre camp, je crois qu’il est temps que nous prenions un moment pour discuter, nous connaître. » prononça-t-il d’un ton calme et rassurant.

Sa combinaison était légèrement différente, ses épaulettes étoilées, amalgamant l’or et la pourpre, le distinguait de tous les autres. Sa poitrine arborait l'emblème d'un lézard ocre surplombant un rempart crénelé.

Jonas, les traits impassibles mais les yeux scrutateurs, ajouta : « Si ce que vous avez dit à mes amis est vrai, vous devez probablement avoir la cervelle en ébullition, vous posant mille questions. Le monde que vous avez laissé il y a 15 ans n’existe plus…à peine subsiste-t-il encore dans la mémoire de quelques-uns d’entre nous. Suivez-moi, je vous ferai visiter notre repaire."

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