Inaya finit par rentrer chez elle, éreintée de la journée mouvementée à laquelle elle a dû faire face.

« Maman, je suis rentrée !

-Coucou ma puce ! »

Elle s’empressa d’embrasser sa mère.

« T’as besoin d’aide ? demanda-t-elle.

-Oui, ce soir je vais visiter une amie un peu malade avec papa, donc je te laisse t’occuper du dîner.

-Ok ça marche ! »

Sur ces mots, Inaya retira ses chaussures avant de monter dans sa chambre pour se changer. Elle enfila rapidement sa grenouillère et dévala ensuite de nouveau les escaliers pour se rendre dans la cuisine.

« Bon, je vais faire du riz cantonais aujourd’hui !

-Génial, répondit sa mère. Décidément, ton mari aura de la chance !

-Oh non, m’en parle pas. J’ai une vision d’horreur là.

-Haha, bon j’y vais ! À toute ! »

Inaya se trouvait maintenant seule dans son appartement.

Alors qu’elle faisait frire les oignons dans la poêle, elle s’abandonna à ses pensées :

« Ce garçon à l’arrêt de bus… J’espère qu’il va tenir sa promesse et ne rien dire… Bon, en même temps il avait l’air tellement plongé dans sa lecture, je pense que ça devrait aller. »

Sur ces mots, elle continua son repas avant de le déguster avec appétit. Elle était plutôt bonne cuisinière après tout.

La soirée se passa sans encombre. Inaya tenta de se divertir devant quelques séries.

Après s’être prélassée, la jeune fille finit par s’endormir.

Le lendemain matin, elle se rendit comme à son habitude au campus de la faculté.

« Bon, je sais pas comment je vais confronter Arya… Le rendez-vous d’hier a viré au désastre ! » pensa-t-elle.

Alors qu’elle tournait en rond, elle manqua de trébucher par l’arrière, avant d’être agrippée par des bras.

« Pardon ! fit-elle, avant de se retourner, surprise par l’interlocuteur. Toi !

-Yo ! »

C’était le garçon de l’arrêt de bus.

Elle se redressa, confuse, avant de reprendre, un peu sur la défensive :

« Qu’est-ce que tu fais là ? Attends, me dis pas que t’as craqué sur moi hier et que tu me suis ?! »

Il la scruta attentivement, comme s’il tentait d’analyser la sincérité de la question.

« T’es sérieuse là ?

-Bah oui pourquoi ? »

Il soupira :

« Décidément, t’es vraiment spéciale comme fille. Je suis étudiant ici tout comme toi.

-Oh. »

Le rouge monta aux joues d’Inaya. C’était la deuxième fois qu’elle se ridiculisait face à ce garçon.

« Ce serait pas étonnant, vu mon physique attrayant ! » ajouta-t-elle, ce qu’il ignora royalement.

Elle remarqua alors qu'il tenait dans sa main gauche le même livre qu’hier.

« Tiens, tu lis encore ce bouquin ?

-Ah ça, ouais.

-T’es tout le temps dessus, de quoi ça parle ? »

Inaya tenta d’attraper l’objet mais se fit vivement stopper dans son élan.

« Ça te regarde pas » affirma-t-il.

Elle retira ses doigts :

« Ça va, pas besoin de monter sur tes grands chevaux ! »

Il gloussa, avant de reprendre :

« Sinon quoi ? Tu vas me sortir ton fameux discours ?

-De quoi tu parles ? »

Le garçon leva alors ses deux bras vers le ciel, avant de prendre une inspiration puis de dire d’une voix aigue :

« Les garçons sont tous des ordures ! Je vous déteste ! Allez crever !

-Oh mon dieu ! »

Inaya, honteuse, s’empressa de plaquer ses mains contre les lèvres de ce dernier, lui faisant mine de se taire.

« Stop ! J’ai compris ! Arrête avant que quelqu’un t’entende ! »

Il esquissa alors un sourire similaire à celui de la veille, avant de tourner les talons.

« Bon sang, il est insupportable en fait… »

Au moment où Inaya allait reprendre son chemin, elle fut interrompue par son amie, Arya.

« Inaya ! s’exclama-t-elle, tout en la prenant chaleureusement dans ses bras.

-Arya !

-Je suis désolée ! poursuivit-elle, les larmes aux yeux. Mon cousin m’a raconté ce qu’il s’était passé hier… J’aurais jamais dû te forcer à le rencontrer !

-Ah ça… C’est pas grave, tu pouvais pas savoir !

-Alors, tu m’en veux pas ?

-Bien sûr que non ! »

Arya, soulagée, s’empressa d’enlacer encore son amie.

« Bon, chose promise chose due, tu veux manger quoi ?

-Hm, j’ai bien envie d’un japonais ! »

Les deux étudiantes se dirigèrent donc vers un restaurant asiatique pour honorer le pari.

Bien installées, elles discutèrent de divers sujets, avant qu’Arya ne reprenne le fil de la conversation :

« Dis-moi Inaya… Tu me cacherais pas quelque chose par hasard ?

-Quoi ? Comment ça ? »

Le visage de son amie prit une expression différente.

« Avant que je vienne te voir, je t’ai surprise dans la cour…

-Hein ?!

-Avec ce garçon… »

Inaya manqua de recracher son jus.

« T’es en train de me dire que tu m’as jamais vue avec un gars ? Pourtant ça devrait pas t’étonner… »

Arya croisa alors les bras :

« Oh si, justement… Ce qui m’étonne, c’est que tu tiennes plus de cinq minutes à converser avec un homme…

-Tu te fais des idées ma parole.

-D’autant plus que cet Aaron est loin d’être désagréable à regarder… »

Inaya fixa son amie :

« Aaron ? demanda-t-elle.

-Haha ! Je t’ai ! s’exclama-t-elle. Alors t’es intéressée hein ? »

Inaya soupira :

« Non. C’est juste un gars que j’ai croisé pas mal de fois récemment.

-Tu vas me dire que t’es vraiment complètement insensible à son charme ? »

Inaya posa son verre brusquement sur la table.

« De quel charme tu parles ? Ce garçon est insupportable !

-Bon d’accord, j’insiste pas ! »

Après avoir conversé pendant près d’une heure, les deux jeunes filles finirent leur repas et sortirent du restaurant.

« Ouah, j’ai bien mangé ! s’exclama Arya.

-Moi aussi, merci pour l'invitation, répondit Inaya en terminant de siroter son jus. »

Arya expira d’un coup, avant de reprendre :

« Je sais qu’on vient d’en parler…

-Quoi ? Oh non Arya tu vas pas remettre ça sur le tapis !

-Inaya comprends-moi, c’est la première fois que je te vois parler volontairement à un gars depuis des mois… »

Inaya soupira, désespérée.

« S’il te plaît, dis-moi la vérité ! »

Inaya passa sa main dans ses longs cheveux, puis rétorqua :

« Ecoute Arya, t’es mon amie et pour rien au monde je te cacherais quoique ce soit.

-Oh ! (Elle rougit.)

-Donc ce gars là, pour info, est à une décennie de correspondre à mon type de garçon !

-Ah bon, pourquoi ?

-Il est irrespectueux, il se permet de répondre seulement quand ça le chante… »

Au même moment, une silhouette fit son apparition dans le dos d’Inaya, ce qui pétrifia Arya de stupeur.

« Euh, Inaya c’est bon j’ai compris… Pas besoin d’en rajouter !

-Non, tu m’as demandée de commencer, alors maintenant je vais jusqu’au bout !

-Inaya…

-Donc, ensuite il est condescendant. Il veut se la jouer mystérieux en lisant des bouquins alors que je suis sûre qu’un gamin de dix ans pourrait les lire. Tu vois, c’est typiquement le genre de gars qui veut se donner un style pour attirer les filles ! Un playboy quoi ! »

Une main se posa sur l’épaule de cette dernière :

« Un playboy, hein ? s’exclama une voix masculine, visiblement agacée.

-Hein ?

-Inaya je t’avais dit de te taire, chuchota son amie, désespérée. »

Elle se retourna, surprise, avant de faire face à son interlocuteur. À la seconde où leurs regards se croisèrent, elle recracha la gorgée de jus qu’elle venait d’aspirer :

« Oh mon dieu… Aaron ?! »