Le clan Amazighawé, qui signifie "descendu du volcan", de la tribu des Bamounkés, souhaitait intercéder avec Babounda, le vieux chef qui a rejoint le Royaume des Morts il y a peu. Cet homme était bon et juste, il avait su donner la force et la dignité au clan. Quand il fut empalé par un chipekwe au cours d'une chasse désastreuse, ce fut un bouleversement pour l'ensemble des Amazighawés. Les malheurs s'abattirent alors tels des vautours face à une proie.

Il était nécessaire de solliciter l'aide du vieux Babounda, lui seul pouvait les protéger des esprits malsains qui entouraient le clan. Tous se mirent ainsi en quête du chipekwe responsable de la mort de leur ancêtre, car il fallait sacrifier la bête pour que Babounda soit libéré de ses tourments.

Un groupe de six chasseurs localisa le chipekwe, lui-même vieux et sage comme l'était Babounda. Ils lui demandèrent pourquoi il avait rendu leur ancêtre à la Terre-Mère, sa réponse fut alors des plus déroutantes : "Ne serait-il pas plutôt responsable de votre mort à tous ?" lança-t-il. Les chasseurs ne furent pas intimidés. Ils tuèrent la créature, non sans avoir maudit son esprit libéré.

Ils regagnèrent le clan avec la grande corne du chipekwe. Le trophée fut exhibé au cours des danses rituelles, qui marquèrent la fixation de l'esprit de Babounda dans le masque sacré. La relique assista à la terrifiante scène qui s'ensuivit. Un troupeau de chipekwes surgit de la brousse et se rua sur les lieux de la cérémonie. Hommes, femmes et enfants furent piétinés comme de simples fourmies, devant le regard impassible de Babounda, qui accueillit son clan dans l'au-delà.