Chapitre 2 Nikita

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La nuit va être courte et demain reprise du travail, mais après tout, ce n’est pas tous les jours que l’on a dix-huit ans. Nous filons donc en boite avec mon frérot et Coco. J'ai enfilé une robe rouge, près du corps, manches longues en dentelle, ouverte dans le dos dans un décolleté descendant jusqu'au reins. Le devant est plus soft, puisque l'encolure est ronde presque en ras-de-cou. Mes chaussures sont de couleur beige brillant avec une lanière entourant la cheville, quinze centimètres de haut. Des échasses comme dit mon père, mais il n'y connaît rien dans la mode.

— Bon lequel de vous deux me paie sa tournée ?

— Hé ! C'est ton anniversaire ! C'est à toi de payer, me dit mon frère.

— Ben non justement, c'est mon anniversaire donc tu me dois un verre et pareil pour toi Coco, tu m'en dois également un.

— En quel honneur ma grande ?

— Parce que vous êtes tous les deux des gentlemans et qu’en tant que tel, faire payer une femme est d’une impolitesse absolue !

— Tu es tout "juste une jeune femme", me dit Chris en mimant les guillemets avec ses doigts.

Ouch. Ça, ça fait mal.

— Ouais et bien juste ou pas juste, la galanterie c'est primordial si vous voulez un jour plaire à une femme.

— Eh ! Et l'égalité alors ! renchérit Falco.

— Bon, assez discuté ! Soit, vous me payez une tournée, soit, je fais du gringue à tous les mecs pour avoir de quoi me rassasier pour toute la soirée.

— Essaie un peu petite insolente et tu vas voir de quel bois je me chauffe, continue t'il.

— Chris ? Tu ne dis rien ? demandé-je.

— Ok... Ok... commande ce que tu veux et mets-le sur mon ardoise, moi j'ai repéré un petit lot qui fera mon affaire pour ce soir.

Je regarde dans la direction qu'il me montre du menton, pour apercevoir en effet une belle blonde dans une micro robe. Plus courte que la mienne pour dire. Elle lui fait des clins d'œil et est accompagnée d'une autre femme, métisse celle-ci et qui ne manque pas de mater derrière... Moi ? ... La garce, elle a repéré Falco et lui, et bien, il la dévore des yeux. Punaise, je rêve ! Moi qui pensais qu'il y avait un truc entre nous, j’hallucine et la réalité est bien rude.

— Plutôt que de baver sur mon épaule, ne te gênes pas, va rejoindre mon frère ! Je suis assez grande, je n'ai pas besoin d'un chaperon, lui dis-je énervée.

— Je ne bave pas ! Arrête de te faire des films, ma puce.

— Ouais et bien ta puce, ça la démange d'aller mettre sa main dans la figure de cette greluche !

— Jalouse ?

— Oh non ! Énervée que les mecs ne pensent qu'avec leur service trois pièces en me plantent à la première occasion.

— Je ne te plante pas, puisque je suis encore avec toi, non ?

— Ton corps oui ! Mais ton esprit est déjà entre ses cuisses ! Allez, file !

Sur ce, je le laisse là et me dirige vers le comptoir. Ses messieurs m’ignorent le jour de mes dix-huit ans et bien qu'il en soit ainsi, je vais les fêter toute seule.

— Eh, barman ! Un Madrid ! s’il te plaît !

— Tu es majeur ?

— Oui, aujourd’hui !

— Ok ma belle, je t'apporte ça de suite.

Le Madrid est à base de sherry, de brandy et d'orange amère. Un cocktail qui va m'aider à me détendre sans nul doute. J'enfile verre sur verre pour essayer de lâcher prise et ça marche !

J'entends ma chanteuse préférée Whitney Houston et sa chanson « I’m your baby, Tonight ». Cette chanson raconte qu'elle n'a jamais cru au coup de foudre, mais qu'à partir du moment où elle a vu son partenaire, elle est devenue folle. Je me précipite sur la piste et commence à me déhancher lentement dans une danse lascive. Passant mes mains dans mes cheveux les relevant tout en balançant mon corps. Comme sous ecstasy, je fantasme sur Falco.

Je sens un corps derrière le mien, des mains qui se posent sur le devant de mes hanches suivant le même mouvement que les miennes et... une... érection... ? Oh... Oh... je crois que j'ai fini par réveiller quelqu'un. Je n'ai pas le temps de me retourner que les mains disparaissent aussi vite qu'elles sont apparues, je me rends compte que Falco vient d'éjecter le type à dix mètres, pointant son doigt vers lui. Son regard d'ordinaire gris clair rehaussé d'éclats d'ambre, est devenu orage. Le clair est devenu sombre et du haut de ses un mètre quatre-vingt-dix-sept et ses quatre-vingt-quatorze kilos de muscles, je peux vous dire que plus d'un s’urinerait dessus. Il est brun, les cheveux mi longs attachés avec un catogan, un nez épaté et des lèvres fines. D'autant plus fines, qu'elles sont serrées par la colère qui l'envahit, car le gars est loin d'avoir peur de lui. Il est un peu moins grand, un mètre quatre-vingt-cinq pour soixante-quinze kilos, blond, rasé sur les côtés et un peu plus longs sur le dessus, les yeux bleu clair qui vous transpercent. Un corps également bien proportionné. Je ne suis pas sûre qu'il aurait le dessus sur Falco. Étant ancien marines, il connaît des techniques de combat qui vous mettent à terre en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, je pense que le mec, même s'il paraît bizarre, n'est pas suicidaire. Il lève les mains en signe de reddition avec un sourire en coin, me regarde ensuite et je peux lire sur ses lèvres « à bientôt poupée ». J'en ai des frissons dans tout le corps. Falco fait un nouveau pas vers lui, ayant compris les mots également, mais l’homme lui tourne le dos et se fond dans la foule.

— Waouh ! C'était quoi ça ? Un combat de coq, dis je en souriant.

Falco se retourne vers moi, son regard est toujours aussi menaçant. Il se baisse légèrement vers moi, m’attrape par les genoux pour me balancer par-dessus son épaule.

— Eh, mais tu es un grand malade ! hurlé-je.

— Tu t'es assez amusée pour cette nuit. Rentrons !

— Quoi ? Mais non ! Je commençais juste à m'amuser.

— Et moi, je commence juste à en avoir marre de te voir faire n'importe quoi !

— Lâche moi Coco ! Nous ne sommes plus au temps des cavernes, Bordel ! Homme lâcher Femme tout de suite ! Sinon femme va hurler au viol !

Ce qui me vaut une grande claque sur le postérieur.

— Aïe ! Bon sang mais t'es VRAIMENT un GRAND MALADE !

Tout le monde nous regarde passer et nous diriger vers la sortie. La honte !

Arrivés à l'extérieur, le froid de la nuit me met direct la tête à l'endroit, enfin si je peux parler ainsi, étant donné qu'elle est plutôt à l'envers pour le moment. Je crois que je vais finir par vomir mes cocktails.

— Falco ! Repose-moi si tu ne veux pas que je te vomisse dans le dos !

Oh, miracle il m'écoute, il doit avoir peur pour son cuir. En même temps c'est celui de son appartenance au club, il y tient comme à la prunelle de ses yeux. Alors avoir un dégueulis de jus dans le dos, je ne pense pas que ce soit son rêve.

— Merci ! dis-je, je peux ENCORE marcher toute seule !

— Ne refais plus jamais ça Niki sinon...

— ... qu'est-ce que j'ai fait nom d’un chien, je dansais... D.A.N.S.A.I. S, épelé-je. Tu sais ce que c'est au moins ?

— Ce que je sais, c'est que ce type te collait comme une moule sur un rocher et qu'il n'avait pas l'air très net, mais MADEMOISELLE J'AI DIX-HUIT ANS ! est tellement bourrée, qu'elle ne s'en est pas aperçue.

— J'allais me retourner avant que tu n'interviennes ! crié-je à mon tour.

Il continue à m'invectiver mais je ne l'écoute plus. La sensation d’être observée me prend d’un coup, un frisson glacé recouvre chaque centimètre de ma peau, remontant le long de ma colonne vertébrale, jusqu’à la racine de mes cheveux. Je me retourne pour voir ce qu’il se passe et mes yeux rencontrent les siens. Il est dans un pick-up noir, il fume à la fenêtre et son regard ne me quitte pas. Oh bon sang, qui est ce type ? Falco doit sentir que je ne suis plus avec lui car je ne l'entends plus non plus, je me retourne vers lui puis remarque qu'il a suivi mon regard, parce qu’il commence à me dépasser, me laissant sur le côté pour se diriger droit vers la voiture.

— Falco, non ! Reste là s'il te plaît, le supplié-je, prise d’une peur panique.

Mais il ne m'écoute pas, il est en mode combat, rien ne peut l'atteindre, alors je m'accroche à son bras car j'ai peur pour lui. Mais, je suis sûre qu'il ne me sent pas, car il me traîne sans difficulté derrière lui. Et là, tout se passe très vite, l’homme sort une arme et tire. Falco tombe, je hurle, m'écroulant sur lui. Une auréole rouge commence à s’étendre sur son côté gauche, sur son flanc. Il me regarde les yeux fixent, il veut me dire quelque chose mais je ne l'entends pas. Je veux me rapprocher de ses lèvres mais je suis soudainement tirée en arrière. Nos mains jusqu'alors accrochées, se détachent. La sienne reste suspendue en l'air vers moi quelques secondes avant de retomber sur le goudron. La mienne est toujours tendue vers lui. Mes larmes dévalent mes joues et je crie... mais aucun son ne sort. J'entends quelqu'un au loin, hurler d’effroi mais je n'ai pas le temps de voir quoique ce soit car je suis propulsée sur le siège arrière du pick-up.

Celui-ci démarre sur les chapeaux de roues, laissant Falco se vider de son sang sur l’asphalte. Falco... non ... Falco.

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