Chapitre 8 Falco

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Quelques minutes plus tôt

— Attends ! Attends ! je ne pars pas sans elle ! dit Sandie.

De qui parle t'elle ? La blessure par balle a dû s'infecter et elle doit avoir des hallucinations.

— Daisy ! s'il te plaît, sors de l'ombre.

Mes yeux se portent où son regard se pose. J'entends un bruit de métal, certainement le lit en ferraille qui grince. Et là, je crois défaillir. Si je n'étais pas aussi bien campé sur mes jambes, j'aurais pu mettre un genou à terre tellement le choc est violent. La chair de poule s’empare de tout mon corps. Nikita... ma puce... j'entends comme dans le fond d'un gouffre la voix de Ghost s'élever.

Bon sang ! Elle est bien là ! elle est vivante BORDEL ! VIVANTE !

Je vois Sandie s'écrouler au sol, j’ai vu ses lèvres bouger lorsqu’elle m’a regardé, sans comprendre un mot, n'étant focalisé que sur Nikita.

— Ghost ! crié-je me dirigeant vers Sandie.

— Qu'est-ce... bon sang Sandie ! crie t'il.

Il se précipite vers elle, me tendant sa sœur. Je la réceptionne encore sous le choc de nos retrouvailles. Je la colle contre mon corps ne voulant plus la lâcher, la serrant au plus près de ma poitrine. Elle est si légère depuis la dernière fois que je l'ai eu dans les bras. Mon dieu, un poids plume. Elle est décharnée, son regard ne brille plus. J’ai comme la sensation qu'elle est morte à l'intérieur, je ne sens même plus la vie dans son corps. Les larmes m’embuent la vue mais je fais tout pour ne pas les laisser couler. Il faut que je sois fort, il faut qu'elle puisse se reposer sur moi. Je ne la laisserai plus jamais partir, je ne la lâcherai plus, c'est une promesse que je me fais ! Le premier qui voudra me la prendre, je le tuerai de mes propres mains !

— Bon retour parmi nous ma puce, lui glissé-je doucement dans l'oreille.

Ces simples mots la font vriller, un sanglot long s'échappe d'entre ses lèvres. Ce petit corps si fragile est parcouru de spasmes douloureux. Cela est déchirant, je la serre plus fortement, essayant d’y distiller ma chaleur et ma force. Elle niche son nez contre mon torse, comme si elle voulait être sûre de ma présence, être sûre qu'elle ne rêve pas, mais non ma puce tu ne rêves pas, je suis là et pour longtemps.

Nous arrivons enfin à notre M.C, cinq heures plus tard. Nikita était complètement déshydratée, le docteur que nous avions embarqué avec nous, a dû intervenir rapidement lorsque je l'ai déposée sur le siège de l'avion. Prise d'une crise de panique, elle s'est mise à chantonner en se balançant d'avant en arrière, les mains sur les oreilles. Son frère a eu beau lui murmurer des mots, la câliner contre lui, rien ne la sortie de son état. J'ai donc pris le relais quand le toubib lui a injecté un sédatif dans sa perfusion. Elle a agrippé mon tee-shirt et ne l'a plus jamais lâché. Même lorsque l'avion a atterri, même lorsque nous avons embarqué dans le van. Je l'ai gardée sur les genoux, pour à l'arrivée, venir la déposer dans sa nouvelle chambre, sur son nouveau lit. Chambre que Ghost a pris soin de refaire à l'identique lors de la vente de la maison familiale, suite au décès de ses parents.

Il a toujours dit que lorsque Nikita reviendrait, il lui faudrait retrouver ses repaires. Je pense qu'il n'avait pas tort. A voir l'état dans lequel nous la ramenons, avoir des attaches du passé l'aidera à se reconstruire. Je l'allonge délicatement sur le dessus du lit et garde précieusement ma main dans la sienne. Elle a les yeux rivés au plafond. La perfusion lui a été retirée avant l'atterrissage. Sa main est glacée et ses os sont saillants. Son visage est pâle et creux, elle n'a plus de joues, ses yeux cernés de noir sont enfoncés dans ses orbites. Le bleu lagon est gris. En fait, si je ne voyais pas sa poitrine se soulever, je pourrais penser qu'elle est morte, tellement le tissu qui lui recouvre le corps laisse apparaître ses côtes, un trou en dessous. Son ventre creux sûrement, je ne parle pas de ses jambes, le pantalon qui devait la serrer fut un temps, paraît trop grand. Une anorexique...voilà...c'est le mot que je cherchais... elle a le corps d'une anorexique en fin de vie... Je ne peux pas retenir mes larmes et me cache en posant ma tête sur le matelas à côté de sa main. Je me suis agenouillé près d'elle ne pouvant plus la quitter... je ne peux pas la quitter... merde... ce n'est pas possible... je vais crever cette pourriture, ce tas d’immondices, j'aimerais le faire souffrir comme il a fait souffrir ma femme... ma femme ? Non... ma sœur... non... ma femme... je la veux comme ma femme... je l'aime à en crever, bordel !

J'aurais dû lui dire à ses dix-huit ans et tant pis si Ghost ne l'avait pas compris, je suis sûr que Niki avait les mêmes sentiments, je l'ai senti dans ses regards, ses mimiques, ses coups d'œil lorsqu'elle pensait que je ne la voyais pas.

Nos premiers regards nous ont tous deux retournés. J'en mettrais ma main à couper. Elle n'avait que quinze ans mais bon sang, je crois que je l'ai aimée dès que je l'ai vue. J'ai failli la perdre... je l'ai perdue ! Son corps est là mais son esprit ? Je n'arrive plus à arrêter mes larmes qui humidifie le matelas. Moi si fort, moi que rien ne pouvait atteindre, moi le marines qui n'ai même pas versé une larme à la perte de ma famille, à la perte de mon unité, à la perte d'une partie de mon poumon et à la perte de ma vie dans l'armée... je n'ai jamais pleuré... mais là... je ne sais pas ... j'ai l'impression que mon cœur saigne, la voir aussi immobile, aussi fragile, aussi cassée... ça fait un mal de chien !

J'entends la porte s'ouvrir derrière moi, j'essuie discrètement mes yeux et me tourne vers cette dernière. Ghost entre dans la chambre, en un signe de tête, je comprends qu'il vient s'occuper de sa sœur. Il faut que je les laisse, je ne peux pas violer son intimité, je ne sais pas ce qu'elle a vécu, mais son frère est la seule personne qui pourra la toucher intimement pour la laver.

Il a changé ses couches alors qu'il n'avait que cinq ans. Il poussait sa mère pour qu'elle lui laisse la place. Il lui donnait le bain, lui coiffait les cheveux. Sa mère m'a raconté que lorsque Ghost a appris qu'il allait avoir une petite sœur, il a crié de joie et couru dans toute la maison en sautant partout. Donc le corps de sa sœur n'a plus aucun secret pour lui, même si ce n'est plus une enfant, leur lien a fait qu'ils n'y avaient aucune pudeur entre eux. Ils occupaient la salle de bains en même temps, l’un prenant le lavabo, l’autre la douche. Je dois donc m'effacer pour quelques heures.

Je quitte la chambre, puis descends dans la cuisine où je retrouve Rosa qui s'affaire aux fourneaux. Il est encore tôt mais dès qu'elle nous a entendus rentrer, elle s'est précipitée à notre rencontre. Je dois dire qu'elle est restée en état de choc en découvrant Nikita dans mes bras. Elle savait que nous allions chercher Sandie mais nous n'avons pas eu le temps de prévenir qui que ce soit, que nous avions retrouvé Nikita.

C'était donc en plus d'une surprise, un choc. Elle a ouvert la bouche, mis sa main devant mais n'a pas pu sortir un seul son. Les larmes lui sont montées aux yeux et ont dévalé ses joues.

Il faut dire qu'elle l'a élevé « la petite » comme elle aimait l'appeler, pendant que ses parents s'absentaient pour leurs affaires. Alexandra a toujours accompagné Lewis partout, elle disait qu'ils étaient mari et femme mais aussi, amants et associés pour le meilleur et pour le pire. « jusqu'à ce que la mort nous sépare » disait elle, mais même la mort les a fauchés tous les deux. Ils sont partis ensemble dans un accident de voiture qui ne leur a laissé aucune chance. Le légiste nous a appris qu'ils n'avaient pas souffert, ils sont morts sur le coup. Tant mieux pour eux. Je ne suis pas sûr qu'ils auraient pu vivre l'un sans l'autre, ils étaient trop fusionnels.

Rosa vient vers moi et chose qu'elle n'a jamais fait avant, elle vient entourer ses bras autour de ma taille, collant sa joue sur mon ventre. Elle est petite avec ses un mètre cinquante en comparaison avec mon mètre quatre-vingt-dix-sept. Je pose à mon tour, mes mains dans son dos et le frotte en réflexe. Peut-être pour la consoler car je sens ses larmes humidifier mon tee-shirt.

— Ça va aller Rosa, nous l’avons enfin retrouvé. Nous allons bien nous occuper d'elle, nous allons la ramener à la vie. Son esprit n'est peut-être pas encore là mais j'ai confiance, elle ne peut pas nous quitter définitivement, je ne lui permettrai pas, je te le promets, nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir avec son frère pour la ranimer. Ce ne sera peut-être plus tout à fait la même mais mon défi va être d’entendre de nouveau son rire dans cette maison.

Elle hoche la tête contre mon ventre.

— Pour l'instant, Ghost lui donne un bain mais il faudrait que tu ailles changer les draps que nous avons souillé avec ses vêtements sales, puis que tu me prépares un bon petit déjeuner, mais pas trop, le docteur m'a conseillé d'y aller doucement car elle n'a pas dû manger grand-chose depuis longtemps. Son estomac pourrait tout renvoyer. Il faut y aller en douceur... n’est ce pas Rosa ? lui dis-je en lui souriant. Elle est de retour « ta petite », tu vas pouvoir la choyer de nouveau, ne t'inquiète pas. Je te laisse, je dois remonter. Fais ce que je t'ai dit d'accord ?

— Oui... oui... señor Falco, je vais aller chercher ce qu'il faut de suite pour lui préparer un bon lit douillé, ainsi qu’un bon petit plateau déjeuner, avec tout ce qu'elle aimait. Merci señor Falco pour ce petit moment dans vos bras, j'en avais vraiment besoin... merci.

— De rien ma Rosa mais n'en profites pas trop, lui dis-je avec un clin d'œil pour détendre l'atmosphère, j'ai bien senti que tu palpais la marchandise.

— Oh, sagouin ! me dit-elle en me donnant un coup de torchon. Filez vite la retrouver, j'arrive avec ce qu'il faut.

Je remonte et me positionne en face de sa porte, appuyé contre le mur d'en face et j'attends... j'attends...les minutes me semblent des heures.

La porte finit par s'ouvrir, Ghost sort ou devrais-je dire Chris, en ce moment ce n'est plus le président du club que je vois mais le frère, l'ami avec ses faiblesses, celles qu'il ne montre jamais devant ses hommes, mais que nous nous permettons de laisser sortir, lorsque nous sommes entre nous. Il vient poser son front sur mon épaule et craque complètement, je sens son corps parcouru de secousses et mon épaule s'humidifier. Je ne peux retenir plus longtemps les miennes et me joins à son chagrin.

— Elle n'a que la peau sur les os bon sang ! dit-il dans un murmure. Que la peau sur les os !

Ses jambes vacillent et je le soutiens.

— Nous allons lui faire payer mon frère, nous allons lui faire payer ! réponds-je.

Nous restons ainsi quelques minutes, le temps pour nous deux de reprendre contenance.

— Pourrais-tu veiller sur son sommeil pour que je puisse m'occuper de Sandie maintenant ? elle aussi a besoin d'un bon bain pour effacer cette odeur de mort.

— Oui bien sûr. Chris, tu sais que je l'aime plus que ma propre vie, je ne la quitterai plus des yeux, tu as ma parole.

— Je n'ai pas besoin de ta parole, je sais que je peux compter sur toi.

Je rentre de nouveau dans sa chambre, elle est enfouie sous les couvertures, les paupières closes. Je rapproche le fauteuil de la tête de lit et la regarde dormir. Son souffle est léger, ses traits détendus, son frère a dû réussir à la calmer, à l'apaiser.

Cela fait presque deux heures qu'elle dort, lorsqu'elle commence à s'agiter, je vois des perles de sueur se former sur son front. Sa bouche s'ouvrir dans un cri muet, son visage se déformer sous la souffrance, elle se met à geindre, je ne peux pas la laisser s'enfoncer dans son cauchemar, il faut qu'elle sache que je suis à ses côtés. J'approche mes lèvres de son oreille droite, lui prends la main délicatement.

— Nikita... ma puce... c'est coco... tu ne risques plus rien, tu es revenue avec nous... tu fais un cauchemar... reviens moi ma puce... tu es chez toi.

Ses yeux s'entrouvrent d'un coup, je peux encore y lire la peur. Puis elle détourne la tête et nos regards s'accrochent.

— Oui ma puce, tu ne rêves pas, je suis près de toi et plus jamais je ne te laisserai seule.

Elle dégage son bras droit de dessous les couvertures, il est d'une maigreur incroyable, un bout de bâton. Elle tend sa main vers ma joue et la pose doucement, comme si elle n'était pas certaine que je sois réel. Je lui souris pour la rassurer, appui mon visage dans sa paume, lui infusant ma chaleur.

— Tu es en sécurité ma puce... plus personne ne te fera du mal, je te le jure. J'ai failli une fois mais plus jamais... tant que je serais en vie... plus jamais quelqu'un posera une main sur toi... rappelles toi... attachiante... délichieuse... lui fais je avec un clin d'œil.

Je crois voir un petit sourire se dessiner sur son visage, c'est rapide, cela n'a pas atteint ses yeux mais c'est un début. La ramener à la vie avec toutes les anecdotes que nous avons en commun, sera désormais ma mission.

— Maintenant que tu es réveillée, j'aimerai te proposer un petit déjeuner. Rosa t'a préparé un plateau, veux-tu essayer de manger quelque chose ?

Un hochement de tête et je sais qu'elle est encore avec moi même si ses yeux sont vides.

— Je reviens, je n'en ai pas pour longtemps.

Mais elle accroche mon tee-shirt paniquée.

— Nini, je ne te quitterais plus, je te le jure. Ici tu es en sécurité mais il faut que j’aille récupérer ton plateau.

Elle me fixe sans dire un mot, je vois que ses pupilles vont de droite à gauche, me détaillant, cherchant dans mon regard, la vérité dans mes propos.

— Je te jure que je serais de retour dans quelques minutes, juste le temps de demander à Rosa de te préparer ton repas.

Je sens ses doigts relâcher le tissu.

— Dix minutes tout au plus, je te le jure.

Je desserre de mon poignet, la montre qui l’enserre puis lui dépose dans le creux de la main.

— Dix minutes, tu as ma parole.

Elle regarde la montre, referme ses doigts dessus puis la porte à son cœur, me faisant un signe de tête d’assentiment.

Je quitte la chambre, descendant les marches deux par deux puis entre dans la cuisine. Je trouve Rosa assise autour de l'îlot central, les yeux dans le vide, en pleine réflexion. Dès que j’arrive, elle relève son regard sur moi et me fait un sourire timide.

— Comment va t'elle señor Falco ?

— Difficile à dire pour l'instant, elle ne parle toujours pas. Par contre, pourrais-tu me préparer ce fameux plateau, elle est d'accord pour manger.

— Oh oui, bien entendu ! C'est merveilleux... il faut qu'elle mange cette petite.

— Penses tu que dix minutes te suffiront ?

— J’ai déjà de la pâte de prête, j’en aurais pour moins longtemps que ça.

Elle s'affaire sans tarder à la cuisine, me préparant deux pancakes avec du sirop d'érable, une tasse de thé aux fruits rouges et un verre de jus d'orange tout juste pressé.

— Le jus d'orange, c'est pour les vitamines, il est tout frais.

— Merci Rosa.

Cinq minutes chrono, nous ne pouvons pas mieux faire. Je me retourne pour partir mais croise Ghost et Sandie venus s'alimenter.

— Comment va t'elle ? me dit-il.

— Elle a fait un cauchemar mais j'ai réussi à l'apaiser et maintenant qu'elle est réveillée, je compte bien l'engraisser, lui dis-je avec un clin d'œil.

— Merci mon pote mais tu crois qu'avec deux pancakes tu vas la rassasier ? Ajoute t'il avec un sourire.

— Le doc a précisé qu'il fallait lui donner de petites quantités au départ, au vu du manque qu'elle a eu. Il faut que son organisme reprenne doucement les bonnes habitudes.

— Ok, fais comme tu le penses mais... il faut que nous nous occupions du colis ce matin. Plus vite il sera expédié, plus vite tout cela sera oublié, continue t'il.

Le colis bien sûr, Caleb, nous allons nous en occuper et bien correctement en plus. Il va regretter ce qu'il a fait. Il va bouffer les pissenlits par la racine mais avant, il va pleurer sa grand-mère d'avoir touché à un seul de ses cheveux.

— T'as raison mon frère, j'enverrai Rosa lui tenir compagnie le temps de régler notre problème.

Je remonte dans la chambre, frappe doucement pour l'avertir de ma présence.

— C'est moi ma puce.

Je m'approche, pose le plateau sur la table de nuit.

— Est ce que je peux te relever un peu pour que tu puisses manger ?

Elle hoche la tête. Je passe mon bras délicatement entre l'oreiller et ses épaules et la penche doucement. Une fois en position assise, je redresse le coussin pour l'appuyer contre la tête de lit, la prends sous les aisselles puis la fait glisser précautionneusement contre ce dernier. Je reprends le plateau que je pose sur mes genoux, ne voulant pas apporter du poids sur ses jambes si frêles. Je commence par approcher le thé au bord de ses lèvres.

— Tiens, bois un peu, Rosa t'a préparé ton thé préféré.

Elle pose ses lèvres sur le rebord et avale quelques gorgées. Je repose la tasse et la remplace par une bouchée de pancake au sirop d'érable. Je continue comme cela, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien.

— C'est bien. Je ne peux pas t'apporter plus pour l'instant, le doc a dit d'y aller lentement. Veux-tu que je t'emmène aux toilettes ?

Elle rougit légèrement mais hoche la tête.

— Ok ma puce, passe ton bras autour de mon cou.

Je la prends derrière les épaules et sous les genoux, la soulève... une véritable plume... et je me dirige vers la salle de bains. Je la dépose doucement sur ses jambes qui deviennent rapidement tremblantes.

— Je vais fermer les yeux et soulever ta chemise de nuit pour que tu puisses te poser sur la cuvette, ok ?

Nouveau hochement de tête. Je l'approche au maximum des WC, la maintiens en passant mon bras autour de sa taille, je ferme les yeux comme je lui ai promis et soulève avec mon autre main sa chemise de nuit. Je me baisse légèrement jusqu'à sentir son corps rencontrer l'assise. Je me relève, les yeux toujours clos, me retourne dos à elle.

— Lorsque tu auras fini, tire sur mon tee-shirt. Je te reprendrai et te ramènerai au chaud.

Il lui faut seulement quelques secondes pour que je sente sa main agripper le bas de mon vêtement. Je me retourne donc comme promis, les yeux fermés, je sens ses mains venir à la rencontre de mes avants bras me permettant ainsi de la situer. Je la relève, descends sa chemise qui a déjà glissée le long de son corps, ouvre les yeux et lui souris.

— Prête pour une envolée dans les bras d'un bel apollon ?

J'entends un gloussement ce qui me réchauffe le cœur immédiatement.

— Jeune fille, je vois que tu te moques de moi. Ne suis-je pas le plus beau, lui fais je un sourcil relevé.

Son sourire s'agrandit. Je retrouve ma petite puce et son air canaille.

— Allez au dodo, je vais te border comme une princesse. Tous les jours jusqu'à ce que tu me renvoies, continué-je toujours souriant.

Je la dépose dans son lit, la borde comme promis, l'embrasse sur le front.

— Repose toi, je reviens vite.

La panique envahit de nouveau son regard.

— Ne t’inquiète pas, tu ne vas pas être seule, il y a une personne qui se meurt de ne pas encore avoir pu te serrer dans ses bras. Veux-tu que je la fasse entrer ?

Elle me regarde interrogative.

— Ne me dis pas que tu as oublié ta chère nounou, notre « boule » de tendresse.

Elle secoue la tête de gauche à droite.

— Non, tu ne l'as pas oublié ou non tu ne veux pas la voir.

Sur la dernière phrase, elle fronce les sourcils. Je comprends que je suis en train de faire fausse route. Je voulais qu'elle me parle mais les mots ne doivent pas encore pouvoir franchir ses lèvres, alors j'abrège ses souffrances.

— Tu veux bien la voir ?

Hochement de tête.

— Ok, je la fais entrer mais attends-toi à une tempête d'amour, fais je avec un clin d'œil.

Ce qui l'a fait de nouveau sourire... Oh... bon sang... je ne m'en lasserai jamais de retrouver ce sourire qui m'a tant manqué.

Je me dirige vers la porte et fais signe à Rosa de rentrer. Depuis que le plateau du petit déjeuner a été amené, elle n'a pas voulu redescendre dans sa cuisine et a attendu patiemment que la porte s'ouvre. Je vois ses yeux se remplir de larmes et fronce les sourcils.

— Non Rosa, dis-je doucement arrivant à sa hauteur et lui glissant discrètement dans l'oreille, essaie de ne pas pleurer, il faut que tu sois forte devant elle. Il ne faut pas que la tristesse rentre dans cette pièce, tu comprends ? Tu pourras relâcher tout ta tristesse, une fois la porte franchie dans l'autre sens, pas avant. Il ne faut pas qu'elle voit la douleur que son état nous procure, même si c'est très dur. Promets-le-moi.

— Oui señor Falco.

Je pose ma main sur son épaule, la pressant légèrement en signe de soutien. Je tourne la tête une dernière fois vers Nikita, lui souris puis referme la porte sur les deux femmes.

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