Chapitre 17 Nikita

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Ma matinée a vraiment bien commencé. Un réveil comme celui-ci dans les bras de mon bien-aimé pour une baise d'enfer, j'en voudrais tous les jours. Mais ce n'est pas le tout, maintenant il faut que je m'extirpe de ce lit sans réveiller Falco. Je sais qu'ils avaient une réunion très sérieuse hier soir avec tous les membres du Club ainsi que les brebis. Il m'a laissé simplement entendre, qu'il était temps que mon frère remette les pendules à l'heure, et m’avait prévenu que cela risquait de se terminer tard ou devrais-je dire, tôt.

Je prends ma douche vite fait et descends prendre mon petit déjeuner. Aujourd'hui j'ai un tas de factures à saisir. Je voudrais clôturer le mois que je n'ai pas pu faire le trente et ça, ça craint. J'ai donc une journée très chargée et je ne pense pas que Tomy va me ramener de bonne heure, je compte bien tout avoir fini avant de rentrer l'esprit tranquille, et les bannettes vides de toutes factures.

— Hola Rosa, cómo estás tú?*

— Muy bien señorita Nikita*.

— Podrías traerme un café negro?*.

— Sí, Señorita*.

— Gracias* Rosa.

Après un bon café noir qui était d'une nécessité absolue, au vu du début de matinée, qui a puisé dans mes réserves, Tomy me dépose au garage. Amy vient juste d'arriver et boit également un café.

— Bonjour Amy, comment vas-tu ce matin ?

— Bonjour Nikita, ça va merci. J'ai failli louper mon réveil. Je ne sais pas ce que j'ai fait cette nuit mais il s'est retrouvé par terre en plusieurs morceaux.

— Je ne veux rien savoir ! dis-je en mettant mes mains sur les oreilles.

— Non, Nikita ce n'est pas la peine de te boucher les oreilles, si je me suis battue avec quelqu'un, c'est avec mon oreiller pas plus, rit-elle.

— Ça c'est toi qui le dis, moi je n'étais pas là pour constater. Que dis-je ? Heureusement !

— Je vois que tu es en parfaite forme ce matin, se raille t'elle.

Ce qui nous fait bien pouffer.

— Bon, ce n'est pas le tout mais j'ai du pain sur la planche ce matin, si je ne m'y mets pas de suite, je n'aurais pas fini ce soir.

— Tu as raison, passons aux choses sérieuses. Je dois aller à la poste déposer le courrier, j'en ai pour un petit quart d'heure. Enfin ça c’est, s'il n'y a personne, sinon cela peut vite devenir un cauchemar. Si tu as besoin de quelque chose, tu sais que tu peux compter sur mon fiston. Je vais lui dire que je m'absente.

— D’accord, mais ne t'inquiète pas, je vais être plongée dans mes papiers. Par contre, je vais demander à Chris s'il ne peut pas nous obtenir une affranchisseuse, ce serait plus pratique pour nous, au vu du courrier qui doit partir chaque jour. Je sais que les facteurs font des tournées pour le ramasser en même temps qu'ils le déposent. Je vais essayer de le surveiller ce matin pour lui demander comment cela fonctionne, avant d'en parler à Chris.

Sur ce, Amy sort du bureau. Une demi-heure plus tard, je vois le fameux facteur se rapprocher de la boite aux lettres, il fait signe à quelqu'un dans la rue et s'apprête à glisser le courrier au travers de la fente.

— Bonjour, crié-je.

— Oh, bonjour Mademoiselle Nicolson, comment allez-vous aujourd'hui. Le soleil est de retour, ça sent l'été qui arrive, me dit-il.

— Oui c'est vrai que dans un mois, on sera déjà en juin. Vivement les grosses chaleurs que je puisse m'immerger dans la piscine et lézarder sur un transat !

— Eh bien, je vois que vous avez déjà pensé à tout un programme.

— Pas vous ? Les barbecues en famille ou entre amis. Les week-ends de farniente, continué-je.

— Vous avez raison mais en attendant ce fameux jour, voici votre courrier et tenez, on vient de me donner ça pour vous, me dit-il en me tendant le courrier du jour et en ajoutant sur la pile une carte... la carte.

Des sueurs froides descendent le long de mon dos, je me sens pâlir. Une main vient se poser sur mon épaule, ce qui me fait sursauter, je relève les yeux et vois que le facteur me parle mais je n'entends pas ses mots, ses lèvres bougent mais le son ne parvient pas à mes oreilles. Il me sourit comme pour me demander si tout va bien. Je hoche la tête plus par automatisme, puis me retourne pour me diriger vers mon bureau, je n'ai pas encore retourné la carte postale mais la photo de la « High Roller Observation Wheel » ne laisse aucun doute sur son expéditeur. Je rentre dans mon bureau et vais rejoindre ma chaise. Des frissons me parcourent tout le corps jusqu'à la pointe des cheveux, mes mains tremblent lorsque je me décide enfin à la retourner. Mon sang se glace au vu des lignes qui y sont inscrites.

« Mais un jour, je vivrai mes chansons

Poupée de cire, poupée de son,

Sans craindre la chaleur des GARÇONS

Poupée de cire, poupée de son... »

Je suis là...

Je ne sais pas combien de minutes je reste interdite devant cette carte postale, mais c'est l'ouverture de la porte du bureau qui me sort de cet état léthargique.

— Ça a mis plus longtemps que prévu, il y avait une mamie devant moi qui ne comprenait rien à ce que je lui expliqu... Nikita ? Ça va ? Que se passe t’il ? me dit Amy se stoppant net devant ma mine déconfite.

— Je... oui... j'ai...

Je tiens dans ma main encore la carte postale, que je retourne dans mes doigts, dévoilant ainsi la photo de la roue.

— Oh, non pas encore ! me dit-elle.

— Com... comment ça... pas encore ?

— Je suis désolée, reprend t'elle confuse, ce n'est pas ce que je voulais dire.

— Oui mais tu l'as dit Amy donc, que voulais tu dire par « pas encore » ? Y’en aurait-il eu une autre avant celle-ci ? Est-elle également arrivée ici ?

— Et bien... en fait... oui mais je ne devais pas t'en parler ! Oh mon dieu que je suis bête alors, vraiment la pire imbécile que la terre est portée !

— Quand ? dis-je

— Il y a deux jours, m'apprend t'elle.

— Deux jours ? Comment se fait-il que je n'en ai rien su ? Que je n'ai rien vu ?

— Eh bien... en fait... c'est que... enfin...

— Amy ! m'énervé-je.

— C'est moi qui l'ai trouvé dans le courrier et j'ai senti que le contenu était bizarre. Je l'ai donné à Tomy lorsqu'il est venu te chercher. Je voulais qu'il la fasse lire à ton frère pour savoir si c'était une blague ou quelque chose de plus dangereux, me répond t'elle.

— Et bien entendu personne n'a pris la peine de me tenir au courant ! Ce n'est pas vrai ! C'est de ma vie dont il s'agit nom d’un chien ! Je suis censée faire quoi avec ça maintenant hein ? Que dois-je faire ? Faire comme si cela n'existait pas et attendre qu'il vienne me chercher ? Ce n'est pas vrai bon sang !

Je suis hors de moi, une véritable furie. Comment ont-ils pu me cacher quelque chose d'aussi grave ? Comment ont-ils pu me laisser dans l'ignorance la plus totale ? Comment puis-je me protéger si je ne sais pas quel danger je cours ?

Je claque la porte du bureau, partant à pied vers le club, sous les appels d’Amy me suppliant de revenir. Mais je dois avoir une conversation avec mon frère, il me doit des explications. Je sais qu'il y est ce matin, Sandie m’en a informé hier. Je suis à deux kilomètres et croyez-moi, dans l'état où je suis la distance ne me fait pas peur. Il va bien me falloir cela pour me calmer. Je sens mon portable vibrer dans mon pantalon mais ne décroche pas. Cela insiste de nouveau donc je prends le temps de l'attraper et de m'arrêter pour voir qui m'appelle. C'est Sandie, je ne peux décemment pas la laisser s'angoisser, si Amy l'a appelé. Pas dans l'état où elle est.

— Allô Sandie !

— Nikita ! Bordel mais t'es où ?

— Je suis en direction du Club ! J'ai deux mots à dire à mon frère et j'avais besoin de cette distance pour calmer mes nerfs.

— Mais bon sang de bonsoir ! T'es inconsciente ou quoi ! hurle t'elle dans le combiné, si bien que je suis obligée de l'éloigner de mon oreille.

— Ne crie pas comme ça nom d’une pipe, tu vas me rendre sourde !

— Tu mériterais bien plus que mes cris, tu mériterais une bonne dérouillée !

— N'exagère pas ! J'ai quand même le droit d'aller crier dans les oreilles de mon frère pour m'avoir caché que j'avais reçu une deuxième carte postale, non !

— Mais bien sûr que tu as le droit ! je t'aurais même emmené si tu me l'avais demandé, mais partir toute seule avec cette menace au-dessus de ta tête c'est de l'inconscience, pure et simple !

— Oh mon dieu ! dis je prise soudainement de panique, je n'y avais pas pensé... tu as raison... je me suis emballée un peu trop vite... écoute je fais demi-tour, je rentre au garage et je vais app... attends !

— Quoi ? Crie t'elle dans le téléphone.

Je viens d'entendre une voiture me klaxonner et lorsqu'elle fait demi-tour et s'arrête à ma hauteur, j'ai le cœur qui s'emballe de frayeur... mais... ouf... ce n'est que le barman.

— Que se passe t’il BORDEL ? Nikita ! hurle Sandie à l'autre bout du fil.

— Oh, excuse-moi, il faut que je réponde à Sandie avant qu'elle accouche de peur.

— Connasse ! entends-je.

— Eh ! Reste polie pour le ou la petite ! C'est Liam qui vient de s'arrêter à côté de moi avec sa voiture, je dois dire que j'ai eu la trouille de ma vie, tu n’as plus à t’inquiéter, je suis en sécurité maintenant.

— Dis-lui que je te ramène au garage, crie Liam penché sur le siège passager pour que Sandie puisse l'entendre.

— Bon tu as entendu Sandie, je rentre au garage ou peut-être vais-je quand même aller au club, pour tirer les oreilles à mon frère. A tout à l'heure.

Je ne la laisse pas en placer une et monte dans le véhicule.

— Le club ! s'il te plaît, j'ai des comptes à régler avec mon frangin.

— Ça tombe bien, moi c'est avec toi, dit-il en bloquant l'ouverture des portes.

Mon cœur rate un battement.

Lexique :

Podrías traerme un café negro* ? : Pourriez-vous me servir un café noir

Sí, Señorita*: Oui Mademoiselle

Gracias* Rosa : merci Rosa

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