Chapitre 19 Nikita

22 minutes de lecture

— Que fais-tu ? Pourquoi fermes tu les portes à clef ?

— Tu n'en as vraiment aucune idée ?

— Le club n'est pas par-là ? Que me veux-tu ? paniqué-je.

— Tu ne vois vraiment pas qui je suis ?

— Non ! Bordel... qui es-tu ?

— Son frère !

— Son frère ? Mais le frère de qui bon sang ?

— Russell... Russell Mason.

Je ne me sens pas bien, la bile inonde ma bouche, je pose ma main sur celle-ci, c'est là que je sens le petit pendentif que Falco m'a offert, frapper mon poignet. Ce petit pendentif qui va me sauver la vie si je le manipule discrètement. Je connais tous les petits boutons qui le composent. Il y a celui qui permet d'émettre un signal d'urgence en cas de danger, et qui est directement relié au téléphone de Falco mais s’il ne déclenche pas l'application, cela est ensuite transféré sur celui de mon frère et ainsi de suite. Il va rebasculer sur celui de Falco si Chris ne décroche pas, jusqu'à ce que l'un d'entre eux répondent. Puis, il y a l'autre bouton qui permet d'entendre la conversation. Ils peuvent également me suivre avec le GPS intégré tout en entendant notre discussion, cela sans émettre un seul son. C'est ma chance. J'enclenche le bouton, attends quelques secondes et commence à parler pour donner le maximum d'informations à celui qui entendra, en espérant que quelqu'un m'entende.

— Quoi ? Non ce n'est pas possible, tu t'appelles Liam, Liam Jacobs, réponds-je au bout de quelques secondes.

— Désolé de te décevoir, je m'appelle Ashton Mason. C'est moi le flic qui est pris l'appel de Sandie lorsqu'elle a essayé de sauver tes fesses. C'est encore moi qui ai arrêté tes parents et baisé ta mère, pendant que ton père nous suppliait de l'épargner et de prendre sa vie à la place de celle de sa femme. Bon sang, si tu savais comme elle était bonne, me dit-il en effleurant mon visage avec son index.

— Ne me touche pas espèce d'enfoiré ! crié-je en pleurant sur les derniers instants de vie de mes parents, qu’il vient de me détailler.

— Oh non, je ne vais pas te toucher, du moins pas pour l'instant... c'est Russell qui va s'en charger et figure-toi qu'il m'a promis ma part du gâteau. Qui sait, tu vas peut-être apprécier d'être prise en même temps des deux côtés. Moi, je me réserve ton cul ! dit-il hilare.

— Où m'emmènes-tu ? Pourquoi prenons nous la direction de Midway Park ? Qu’allons nous faire dans un camping ?

— Tu verras bien assez tôt ne t'inquiète pas, sois patiente.

— Comment as tu réussi à t'infiltrer parmi nous ? Comment ?

— Simple, les informations demandées en Australie ont été détournées et modifiées. Mais au vu des derniers évènements au club, Leslie commençait à se faire dessus, il a fallu improviser.

— Leslie ? Qu’a-t-elle à voir dans tout cela ? C'est une brebis !

— Une brebis qui aurait bien aimé être la régulière de ton frère, mais celui-ci a préféré Sandie, la putain qui a échappé à Caleb. Mais le pire dans tout ça, c'est que c'est vers ton frère qu'elle a était. Trahi par son propre neveu, tu imagines la fureur de Caleb ? Puis ensuite toi, la petite nièce qui échappe à Russell, mon frère. Tu sais, il est vraiment fou de sa poupée, tu lui manques énormément.

— Pourquoi Leslie aurait fait ça ? continué-je à le faire parler. Elle sait ce qu'elle risque, en plus elle n'avait aucune chance avec mon frère !

— C'est bien ça le problème... vous les femmes... vous êtes tellement puériles lorsque nous blessons votre égo. Elle se sentait tellement unique aux yeux de Ghost, que lorsqu'il l'a laissée pour Sandie, elle a voulu se venger et j'étais là pour la consoler et la retourner contre lui. Mais la vidéo lui a remis les pieds sur terre, elle a voulu aller tout raconter à Ghost en espérant que celui-ci, lui pardonne. Quelle déception non ?

— Que lui as-tu fais ?

— Bien moins pire que ce qu'elle aurait eu avec ton frère ou Falco. Je l'ai livrée à Russell qui avait ses nerfs à passer. Tu devrais d'ailleurs la revoir puisqu'elle te manque tant.

— Mon frère et Falco vont vous retrouver, ils vont tellement vous faire souffrir que tu vas regretter de ne pas être resté en dehors de toute cette merde. Quand ils sauront ce que tu as fait à ma mère, dis-je avec rage les larmes dévalant mes joues, ils te tueront avec lenteur, espèce d’enfoiré !

— Encore faudrait-il, qu'ils nous retrouvent. Nous ne sommes plus sur le sol de Las Vegas, il n'a pas autant de monde à Waco et c'est là où nous comptons nous installer pour un petit moment. Ils ne penseront jamais à nous chercher ici, nous nous assurerons d'égrainer des fausses pistes à droite et à gauche pour les cinquante prochaines années, se gausse t'il.

Tu peux rire mon gars, tu ne sais pas ce qu'ils te réservent et ton rire de hyène, tu vas vite le remballer quand tu vas voir la cavalerie débarquer, pensé-je.

Nous arrivons dans ce fameux camping, proche du lac de Waco. En effet c'était une très bonne planque. En remontant la rivière, nous sommes à quinze minutes de China Spring, où se situe notre club, il est vrai que personne ne penserait à venir les chercher ici.

Liam ou devrais-je dire Ashton, arrête la voiture près d'un camping-car. Enfin par camping-car, je veux plutôt dire un Mercedes Actros de douze mètres de long. Il comprend même à l'arrière un garage pour voiture et devinez quelle voiture est garée à côté ? une Chevrolet Corvette C7. Cet enfoiré ne se refuse rien. Il descend les marches de sa maison mobile et vient à notre rencontre. Il a les yeux qui brillent d'excitation et moi, j'ai envie de lui vomir dessus.

— Comme on se retrouve ma poupée... tu m'as tellement manqué. Je vois que tu as repris du poids, ça te va très bien. Tu es en forme, c'est un plaisir de le savoir, je vais pouvoir en profiter pleinement.

Je lui crache à la figure.

— Oh mais c'est qu'elle se rebelle maintenant ! Je t'ai connue plus docile mais je vois que toute mon éducation est à refaire.

— Va te faire voir ! Falco va te tuer !

— Falco... ce ne serait pas ce petit ami que tu pleurais pendant des nuits, alors que tu étais bien au chaud dans mes bras ?

— Tu n'es qu'un psychopathe. Tu finiras comme Caleb... aux chiens ! Si tant est qu'ils veuillent de toi, mais d'après moi tu ne seras même pas comestible même pour les porcs.

— Ouch... c'est qu'elle mordrait la petite poupée. Emmène-la à l'intérieur !

Liam m'attrape par le haut du bras pour me traîner vers son camping-car. L'intérieur est immense. Sur la droite, l'avant de la cabine avec les deux sièges, celui du conducteur et celui du passager. Ils sont en cuir blanc, comme tous les sièges présents d’ailleurs. Ces derniers pivotent complètement pour venir se rapprocher d'une table dépliable. Un autre siège est positionné de l'autre côté de la table.

Sur la gauche de la porte, à droite de l’allée centrale, se trouve un canapé tout en long de deux mètres. Au bout de celui-ci, il y a un plan de travail et une cuisine aménagée, sans oublier un frigo encastré. En face, une autre table de deux personnes, avec deux gros fauteuils faisant plus office de salon. Au bout du couloir des marches qui conduisent à la chambre et au cabinet de toilette. Le cabinet de toilette comprend une douche et un meuble vasque. Le sanitaire a une porte séparée. La chambre possède un lit King-size dans sa longueur et une petite banquette en cuir blanc en ferme le pied. Le luxe à l'état pur. Ce qui l'est moins, c'est Leslie ficelée comme un saucisson au pied du lit. Le visage tuméfié, elle a pris cher.

— Alors Leslie, heureuse ? Ne puis-je m'empêcher de lui dire d'un ton sarcastique. Tu as bien choisi ton camp, on dirait ?

A part faire des bruits de gorge, c'est tout ce que j'aurai. Elle est bâillonnée.

— Tu vas regretter de ne pas être morte quand mon frère et Falco te mettront la main dessus. Tu vas regretter tes choix ! Sale traitre.

— Oh là, ma poupée, calme-toi, me dit Russell en me caressant la joue.

Ce qui a pour effet de me faire reculer.

— NE... ME...TOUCHE... PAS ! dis-je les dents serrées.

— Je vois que tu as retrouvé de sa superbe, poupée ! me dit-il en m'attrapant à la gorge et en enfonçant ses doigts, empêchant l'air de rentrer dans mes poumons.

— Qu'est-ce que cela ? dit il soudainement en me relâchant.

Je comprends qu'il prend en main mon pendentif.

— C'est quoi ce truc Ashton ? dit-il en l'arrachant de mon cou pour le tendre à son frère.

— Je ne sais pas, on dirait comme un style de MP3 peut-être ?

— Un MP3 ducon ! Et elle sort où la musique ?

— Hé ! Ne t'en prends pas à moi bon sang ! Il y a un bouton et un haut-parleur là, c'est par là que ça doit sortir, dit-il en retournant l'objet dans tous les sens.

Russell se tourne vers moi au moment où j'entends le bruit des motos.

— Surprise ! dis-je, c'est un traceur bande d’imbécile et vous savez quoi ? Vous êtes tous morts !

Leslie s’agite prise de panique pendant que Russell me couche d’une droite sur le lit.

— Je vais te buter avant qu'ils ne te sauvent salope ! tu n'appartiendras à personne d'autre qu'à moi !

Il saute sur moi, apposant ses mains autour de mon cou puis commence à serrer. J'ai beau me débattre, il est plus fort que moi. J'entends des cris, des coups de feu et soudain l'air revient dans mes poumons.

— Nikita ! Nikita ! ça va ? me crie Falco.

Je tousse tout en hochant la tête.

— Punaise mais ce n'est pas vrai ! Que t’est-il passé par la tête pour quitter seule le garage, nom d’un chien ! hurle t'il.

Je sais que c'est la peur qui guide ses paroles, il a cru me perdre une deuxième fois et je ne peux pas lui en vouloir d'être en colère contre moi.

Les larmes coulent le long de mes joues, pourtant je lui souris. Je souris de bonheur, tout en pleurant de soulagement. Le stress accumulé certainement. Il s'en aperçoit, arrête de m'invectiver de toutes sortes de noms d'oiseaux pour me prendre dans ses bras.

— Bon sang, j'ai cru mourir une seconde fois ! Excuse-moi de t'avoir crié dessus, pardonne-moi ma puce.

— Je ne t'en veux pas Coco, je suis heureuse. Heureuse que tu m'aies offert ce pendentif qui t'a mené à moi, heureuse que tu m'aies retrouvée avant qu'il ne me fasse du mal. Heureuse que ce soit enfin terminé et enfin, heureuse de partager ta vie pour les jours et les années à venir si dieu le veut.

— Je t'aime ma puce.

— Pas plus que moi.

— Je ne parierai pas là-dessus. Par contre, il va falloir aller affronter ton frère maintenant et il est très très remonté, surtout qu'il n'a pas pu participer à ton sauvetage.

— Mais c'est vrai ça ! Où est-il ?

— On va dire que le coup de fil que Sandie t'a passé a précipité les choses.

— Comment ça ?

— Sandie a entendu la voix de ce fameux Liam, la reconnaissant de suite. C’était celle du flic ripou de Las Vegas. Cela lui a déclenché la perforation de la poche des eaux.

— Oh mon dieu ! Comment va t'elle ?

— Je ne sais pas, Ghost est à l'hôpital avec elle, si tu veux, nous pouvons les rejoindre, me dit-il tout en m'entraînant en dehors du camping-car.

Liam de son vrai nom Ashton, Russell et Leslie ont été ligotés. Ashton a pris une balle dans la jambe, Russell, lui a pris un coup de crosse derrière la tête, c'est pour cela que ses mains ont relâché mon cou.

Pour l’évacuation du camping-car, c'est un des membres du club qui s’en occupe. Il doit le rapatrier au M.C. Il a pris soin de remettre la voiture dans le garage intérieur puis a ajouté sa moto. Il aurait été dommage de laisser un tel bijou partir à la fourrière. Nous y trouverons bien une utilité.

Nous, nous dirigeons vers l'hôpital rejoindre mon frère et ma belle-sœur. Une fois passé les portes de la maternité, c'est une dispute haute en couleur qui nous accueille. Mon frère est dans tous ses états, il insulte une infirmière. Les noms d'oiseaux fusent.

— Espèce de connasse ! vous n'avez pas le droit de m'empêcher d'entrer ! C'est ma FEMME BORDEL !

— Calmez-vous Monsieur, ce sont les directives. Vous ne pouvez pas entrer pendant une opération, ce serait mettre en danger la vie de votre femme.

— Mais c'est vous qui la mettez en danger ! Vous êtes des incapables ! je n'aurai jamais dû la mettre entre vos mains ! S'il lui arrive quelque chose, je viens tous vous tuer ! Je fous le feu à votre hôpital de merde ! vous m'entendez !

Oula... Quel est ce bazar ? Il est remonté comme une pendule. Nous nous précipitons à ses côtés.

— Chris ! Que se passe t’il ? dis-je.

Il se retourne vers moi les yeux exorbités, le teint pâle, il a l’air d’être dans tous ses états, je ne l’avais jamais vu comme cela auparavant.

— Oh mon dieu merci, tu vas bien ! Je ne supporterai pas de perdre une de vous deux ! Je ne pourrais pas m'en relever, me dit-il en me prenant dans ses bras, me serrant un peu trop fort.

— Eh Chris ! doucement tu vas m'étouffer, je vais bien je t'assure mais dis-nous ce qu'il se passe ?

— C'est Sandie bon sang !

— Quoi Sandie ? Où est-elle ?

— En salle d'opération depuis une heure. Le bébé est en souffrance il paraît ! Tu parles, il voulait simplement lui ouvrir la brioche pour gagner plus de fric oui ! hurle t'il.

— Calme toi et explique nous, reprend Falco.

— Mon dieu ! crie t'il les dents serrées et en s'agenouillant au sol.

— Chris... s'il te plaît explique nous ? dis-je en lui posant la main sur l'épaule puis en m'agenouillant à ses côtés.

— Venez, nous dit Falco, allons dans la salle d'attente, tu vas tout nous expliquer. D'après ce que je vois cette pauvre infirmière ne pourra pas aller contre les ordres de ses supérieurs, inutile de lui hurler dessus, comme tu le fais. Tu es bien placé pour savoir qu'on ne discute pas les ordres sous peine de répercussions et elle, elle peut perdre sa place ou mieux avoir un blâme.

— Il a raison, dis-je, viens avec nous.

Nous nous dirigeons vers la salle d'attente qui est aménagée de plusieurs espaces, créant une intimité pour chaque personne désireuse de se reposer, en attendant les nouvelles de leur proche. Nous nous asseyons dans un de ces espaces, où il y a deux petites banquettes qui se font face avec une petite table et des livres sur le dessus. Certainement pour passer le temps.

— Vas-y mon frère, explique-nous ce qu’il se passe, reprends-je.

— Lorsque nous sommes arrivés avec l'ambulance, Sandie souffrait tellement bordel ! Le bébé commençait à se présenter et le toubib lui a dit qu'il n'aurait pas le temps de lui faire une péridurale, dit-il les larmes aux yeux.

Je n'ai pas l'habitude de voir mon frère pleurer, il faut vraiment que ce soit très grave. La seule fois où je l'ai vu dans cet état, c’était pour essayer de m'annoncer la mort de nos parents. Chose qu'il n'a pas réussi à faire sans l'aide de Falco. C'est la colère et la violence en général qui le caractérisent.

— Elle est forte ma Sandie si vous saviez... elle leur a dit qu'elle se foutait de leurs explications, qu'elle voulait simplement qu'ils sortent ce bébé avant qu'il ne souffre. Qu'elle en avait vu d'autres. Puis elle a perdu connaissance, ils m’ont dit qu’elle faisait une fibrillation atriale*, lorsque nous sommes arrivés aux urgences. Ils m'ont planté là au milieu de couloir en m'empêchant de la suivre, et depuis je suis dans le flou bordel !

— Écoute, je vais essayer d'aller voir l'infirmière pour avoir des explications, d’accord ?

— Elle ne te dira rien cette conne ! Elle ne m'a rien dit à moi !

— Peut-être parce que tu y es allé un peu fort ? Je reviens, lui dis-je.

Je sors de la salle d'attente laissant mon frère avec Falco puis me dirige vers le comptoir des infirmières, pas très fière de devoir leur demander de l'aide après l'esclandre de Chris.

— Bonjour Mesdames, veuillez excuser le dérangement.

Que ne faut-il pas faire.

— Je souhaiterais avoir des nouvelles de Madame Nicolson Sandie actuellement en salle d'opération, enfin si vous pouvez me renseigner. Mon frère est très inquiet...

— ... nous l'avons en effet remarqué, me dit une infirmière d'un âge assez mûr.

— Euh... oui...

Grognasse, pensé-je.

— ... je voudrais m'excuser pour lui, c'est son bien le plus cher et s'il lui arrivait quelque chose, il ne s'en relèverait pas, vous comprenez.

Une infirmière un peu plus jeune, je dirais une quarantaine d'années, se rapproche du comptoir avec un sourire un peu désolé.

— Oui, je comprends votre frère.

— Il manquait plus que ça ! répond l'autre sorcière.

— Lydia... stop ! lui rétorque l'infirmière... en chef, d'après ce qui est inscrit sur l'étiquette de sa blouse, tu n'as pas autre chose à faire ? Il me semble que la sept cent huit sonne depuis un moment, tu devrais aller voir ce qu'il se passe.

— Mais... je ne suis pas aide-soignante !

— Peu m’importe, elles sont débordées, toi non.

La vieille peau part en bougonnant, mais au moins elle ne nous ennuiera plus.

— Madame Nicolson, c'est votre belle-sœur d'après ce que je comprends ?

— Oui en effet.

— Bien, Madame Nicolson est arrivée un peu tard pour pouvoir pratiquer une péridurale car le bébé se présentait déjà.

— Mais, normalement elle devait accoucher que vers le quinze Mai ? Est-ce grave ?

— Non ne vous inquiétez pas, à dix jours ce n'est pas un problème. Elle l’aurait eu à son huitième mois, cela n'aurait pas été pareil.

— Que se passe t'il alors ?

— Comme je vous l'ai dit, le chirurgien a décidé de l'anesthésier à cause d'une fibrillation auriculaire* suite à un gros stress physique. Un évènement traumatisant a dû déclencher de violentes contractions, ajouter à cela, le fait que nous ne pouvions pas lui faire de péridurale car le bébé commençait à se présenter, et vous obtenez un combo gagnant.

— Je comprends mieux, est-il possible de savoir si tout se passe pour le mieux ?

— Exceptionnellement, je vais essayer de me renseigner auprès... ah le chirurgien sort ! me dit-elle en souriant.

Je me retourne pour voir en effet le chirurgien sortir de la salle d'opération, on dirait qu'il a la mine défaite. Je sens les palpitations dans mon cœur s'accélérer et des frissons parcourir mon corps. Pitié non pas ça... pas Sandie... pas à mon frère... Je me précipite à sa suite lorsqu'il rentre dans la salle d'attente pour être à côté de lui.

Ce dernier s'est levé à son entrée et s'avance vers lui. Il est comme moi, il ne le sent pas.

— Alors ? disons-nous en chœur.

Nous sommes suspendus à ses lèvres, tremblants.

— Cela a été plus compliqué que prévu. Je dirais même qu’il s'en est fallu de peu pour que le bébé ne se réveille pas. Il avait le cordon ombilical autour du cou et la décision de la césarienne s'est révélée être la meilleure solution.

— Mais encore ? Allez au fait merde ! dit mon frère perdant patience. Comment va ma femme ?

— Très bien ne vous inquiétez pas, elle est en salle de réveil.

— Oh bon sang, dit mon frère en s'écroulant à genoux. Merci mon dieu merci.

— Mais, reprend le toubib.

Et là, nous restons immobiles comme figés sur place car un « mais » quel qu'il soit n'est jamais bon dans une phrase.

— Mais... quoi ? dit Falco.

Chris et moi ne pouvant pas exprimer le moindre mot. Le chirurgien sourit enfin puis continue.

— Ne faites pas ces têtes d’enterrement, je vous ai dit que tout s’était bien passé. Par contre, le fait que vous soyez nombreux en ce jour si particulier va lui être d’une grande aide. Elle va avoir besoin de beaucoup de repos et vous ne serez pas trop de trois.

Il se décale légèrement pour laisser passer deux infirmières portant chacune un...bébé ?

— Qu... Quoi ? dit mon frère.

— Félicitations Monsieur, vous êtes papa de deux magnifiques bébés. Ce sont des jumelles !

Chris s’assoit sous le choc de cette nouvelle, les infirmières s’approchent de lui, tendant à mon frère, chacune leur tour, un bébé. Il a donc de chaque côté, deux adorables petites filles qui gazouillent, pendant que lui pleure de bonheur.

— Ce sont... mes filles... mes filles... elles sont sublimes comme leur maman.

— Nous allons vous demander de nous suivre dans la chambre de votre femme pour attendre son retour. Le premier contact avec les parents est très important. Nous allons donc vous demander une fois dans l'intimité de la chambre, de retirer votre haut pour tenir vos bébés sur votre peau, lui explique l'infirmière.

Le docteur s'étant retiré, nous suivons les infirmières, qui ont repris les jumelles dans leurs bras. Lorsque l'on arrive près de la porte de la chambre, Falco et moi, nous stoppons, pour lui laisser quelques minutes avec la chair de sa chair. Nous nous adossons contre le mur du couloir, face à la porte.

Quelques minutes plus tard, les infirmières ressortent et nous font signe d'entrer.

— Regardez-les... elles ne sont pas magnifiques ? nous dit-il.

Nous rions devant sa mine enjouée.

— Elles sont superbes ! dis-je, mais je ne comprends pas ? Vous ne le saviez pas ?

— Non ! dit-il doucement, nous n’avons pas pu faire la troisième échographie, le monitoring du gynécologue était en panne. Il a pris son stéthoscope à la place mais à priori ce n'était pas fiable. Il a dû entendre un cœur et se dire que tout était Ok. Et tu sais de fil en aiguille, les jours sont passés, nous n’avons pas pu revenir le voir. J'ai été pas mal occupé et à force de repousser, et bien voilà où nous en sommes.

— Bon sang ! dit Falco, c'est Sandie qui va être surprise car d'après ce que j'ai compris, elle n'est au courant de rien.

Et quand on parle du loup ! La porte de la chambre s'ouvre et le lit transportant Sandie apparait, poussé par deux aides-soignantes. Elles le positionnent contre le mur du fond, puis effectuent les divers branchements, sonnette, commandes du lit puis ressortent. Sandie nous regarde encore enveloppée dans un voile de brume mais le sourire aux lèvres. Elle n'a pas encore aperçu les deux berceaux positionnés maintenant de chaque côté de son lit. Elle regarde mon frère, les yeux emplis de larmes.

— J'ai eu si peur de ne plus te revoir, j'ai eu si peur de te laisser seul affronter ma mort, renifle t'elle.

— Oh mon amour, ma tigresa, je te jure que je ne t'aurais pas laissé en paix au paradis, répond t'il avec un clin d'œil.

— Où est mon bébé ? dit-elle.

— Nos bébés ! reprend t'il.

— oui pardon notre bébé.

— Non, continue t'il, nos bébés.

Elle le regarde interrogative, ne comprenant pas ce qu’il veut dire.

— Nous avons des jumelles, Tigresa.

— Qu... Quoi ? tu me fais marcher c'est ça, je vois bien qu'il n'y a qu'un berceau derrière toi, sourit-elle, mon frère s'étant rapproché du lit et cachant de son corps le bébé.

— Oui, il y en a un dans chaque berceau, fait-il en se décalant et en pointant du doigt un côté du lit puis l'autre.

Sandie tourne la tête à droite puis à gauche. Puis à droite... puis à gauche... elle ouvre la bouche... la referme... la rouvre...

— Mon amour quand vas-tu arrêter de faire le poisson ?

— Hein ?... imbécile !

Sandie est de retour.

— Je t'aime aussi ma tigresa.

Elle se soulève en grimaçant suite à sa césarienne, sans doute. Chris revient immédiatement à ses côtés pour installer des oreillers derrière son dos.

— Nos félicitations, dis-je incluant Falco dans mes propos.

— Oui nos félicitations, reprend t'il derrière moi.

— Vous nous avez fait de jolies petites nièces mais maintenant comment allez-vous les nommer ?

— Oui justement, je viens pour remplir le formulaire, dit une infirmière en entrant dans la chambre.

— Oh euh... dit Sandie en regardant Chris. En fait, nous avions pensé à plusieurs prénoms féminins et masculins ne sachant pas ce que nous aurions. Mais nous n'étions pas d'accord sur le prénom à choisir. Chris préférant Maïa et moi Hope.

— Maïa et Hope, voilà de jolis prénoms et au vu des circonstances, Je peux déjà vous dire que chacun de vous aura la sienne, rit-elle.

— Oui en effet, confirme Sandie.

— Je suis d’accord, va pour Maïa et Hope, appuie mon frère.

Et nous partons tous dans un éclat de rire devant sa mine réjouit.

L'infirmière ressort le sourire aux lèvres.

— Pourquoi Maïa et Hope ? demandé-je.

C'est Sandie qui me répond entre deux bâillements.

— Hope c'est Espoir, car il faut toujours garder espoir même dans les pires moments, et quand Caleb m'a enlevé la seconde fois, j'ai gardé un infime espoir que ton frère me retrouve.

— Et Maïa, reprend mon frère, c'est aimée en hébreu, mais c'était aussi le prénom d'une déesse romaine. Donc un enfant rassemblant nos deux groupes sanguins, si c'était une fille, ne pouvait être qu'une déesse comme sa mère.

— Tu parles ! Au départ il avait choisi Tigris en faisant référence à tigresse. J'ai été catégorique, lui donner un prénom pareil, ne l'aiderait pas à se faire une place tranquille dans ce monde. Inutile qu'elle soit aussi agressive que son père et sa mère, rit elle.

— Bon d'accord, tu as raison, de toute façon il n'y a qu'une tigresa et c'est toi mon amour.

— Beurk... autant de guimauve dans cette chambre va me filer la gerbe, dit Léo en entrant.

— Léo ! dit-on en chœur.

— Qui d'autre ? Les infirmières à l'entrée m'ont dit que je pouvais venir vous rejoindre sans trop fatiguer la maman, mais je vois que c'est tout ce déballage de mièvrerie qui va l'épuiser, rit-il.

— Léo, tu n'as pas l'impression que tu manques de respect à ton Préz ? lui fait Chris

— Oh, veuillez excuser Monseigneur, je pensais que dans un tel moment, j'aurais affaire au père de famille et non au chef d'un gang, parce qu'à première vue, en entrant c'est au premier que j'ai cru avoir affaire.

— C'est bon mon pote, je plaisante. Aujourd'hui est un jour spécifique, tu me connais depuis tellement longtemps, que tu feras un oncle tout à fait respectable, si tu acceptes.

Léo a soudainement les yeux qui brillent à l'énoncé de ce surnom, et pour ne pas s'épandre davantage, coupe vite la discussion en se penchant sur le premier berceau à sa gauche.

— Alors jolie poupée, à qui avons-nous affaire ?

— Maïa... Hope, disent en même temps mon frère et Sandie.

Ce qui provoque des éclats de rire dans la chambre.

— Je crois, dit Falco, qu'il va falloir maintenant vous mettre d'accord pour choisir qui portera le prénom.

On entend alors des gazouillis provenant du côté droit du lit et des petits bras s'agitaient dans les airs. Mon frère se retourne vers le berceau, toujours le sourire collé aux lèvres.

— C'est toi Maïa ? lui dit-il.

Et voilà qu'elle se remet à gazouiller.

— D’accord va pour Maïa, dit-il en se retournant vers nous. Ce sera elle, la déesse et notre espoir sera de savoir si Hope daignera nous accorder un peu d'attention plutôt que de continuer à ronfler.

— Chris ! dis-je.

De nouveaux rires fusent dans la chambre lorsque le médecin entre à son tour.

— Allons jeunes gens, il serait plus sage de laisser la maman se reposer, vous ne croyez pas.

On se retourne tous vers Sandie que nous n'avions pas vu partir dans les bras de Morphée. Nous sortons tout doucement de la chambre.

— Bon parlons un peu affaires, dit mon frère, reprenant son sérieux. Combien en vie ?

— Tous les trois, dit Falco.

— Trois ? Mais qui ? continue Chris.

— Liam de son vrai nom Ashton et Russell son frère, en espérant que la lignée s'arrête là, mais j'ai déjà demandé à Jim de se renseigner, il ne faudrait pas qu'il y en ait un autre. Et puis la surprise de l'année, Leslie !

— Leslie ? C'est quoi ces conneries ? dit Chris.

— Madame pensait devenir ta régulière mais quand tu l'as remplacée par Sandie, il faut croire qu'elle n'a pas apprécié. Par contre la petite vidéo de mardi a fait son petit effet, puisqu'elle a voulu tout arrêter et venir tout te raconter. Sauf que Liam alias Ashton, l'a intercepté quand il a déposé la dernière carte postale entre les mains du facteur. Il l’a ramené au camping puis lorsqu’il a repris la route vers le club, il a vu Nikita marchant en direction de ce dernier, il a saisi sa chance et avancé leur projet, nous explique Falco.

— Nikita, ma puce, tu veux bien rester au côté de Sandie le temps que je règle le problème ? Je ne veux pas que mes filles et ma femme reviennent au club avec trois pourritures dans le coin, me demande mon frère.

— Oui ce sera avec plaisir, ne t'inquiète pas, le fait d'habiter tous ensembles vous facilitera la tâche, on pourra se relayer pour s'occuper des petites.

— Je t'aime ma sœur !

Et il tourne les talons après m'avoir fait un bisou sur le bout du nez. Falco le suit après m'avoir lui aussi embrassée sur le coin de la bouche. Je me retrouve donc seule au milieu du couloir, sans avoir eu le temps de demander à mon frère ce qu'il comptait faire de Leslie. Certes, cette dernière était prête à nous trahir mais elle a eu un regain de lucidité non ? Enfin, après avoir vu une vidéo qui était vraiment violente d'après Coco. Je tourne donc les talons et repars dans la chambre de ma belle-sœur, au cas où les filles s’agiteraient.

Lexique :

*Fibrillation atriale ou auriculaire : La fibrillation atriale, anciennement appelée fibrillation auriculaire (fréquemment abrégée en « FA ») est le plus fréquent des troubles du rythme cardiaque. Elle fait partie des troubles du rythme supra-ventriculaires.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Charlotte LYNSEE ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0