Chapitre XV
A la châtaigneraie, la musique bat son plein. Allongée à même la pierre, juste au bord du bassin, un pied nonchalamment déposé dans l’eau, un string posé sur les fesses, Christelle se relève brusquement.
- Je ne vous ai pas entendu arriver, Patrick.
- Christelle, je te présente Harmonie.
Les deux femmes se dévisagent. J’aimerai savoir ce qu’elles pensent à cet instant précis. Harmonie est on ne peut plus surprise par la présence de la jeune fille et surtout par la légèreté de sa tenue. Elle est aussi très étonnée devant sa candeur, debout devant elle, les seins libérés, toute bronzée, avec un sourire mi accueillant, mi confuse.
- Bonjour Harmonie. Je viens de temps en temps faire un peu de ménage ici.
- Oui, je vois. Ça a l’air d’être éreintant… Bonjour Christelle.
Christelle ne relève pas. Elle se tourne vers moi, le visage déconfit, les yeux embués.
- Je suis désolé Patrick, après le ménage, j’ai voulu profiter un peu de la piscine et je me suis assoupis. J’étais si bien que je n’ai pas vu le temps passé.
- Pas de soucis Christelle, tu as bien fait. Tu veux prendre un verre avec nous ?
- Avec plaisir Patrick.
J’ai bien compris qu’il faille détendre l’atmosphère. Le premier contact des deux femmes n’a pas été des plus chaleureux. Harmonie interloquée, perplexe, déçue probablement, avait à n’en pas douter une idée derrière la tête, coquine j’en suis certain, au regard qu’elle m’a gratifiée en mettant le pied à terre. Elle s’attendait je suppose à une intimité de couple qu’elle n’était pas prête à partager dès son arrivée. Et voilà que dans la place, il y a déjà quelqu’un et cette personne a un corps magnifique, halé au possible, sexy, très sexy avec son string noir qui enveloppe à peine son pubis épilé, soulignant délicatement la forme de ses fesses avec de longs cheveux qui viennent les caresser, des sourcils épais noir ébène et des yeux magnifiques qui illuminent un visage plutôt banal. J’ignorai moi aussi que ma charmante aide ménagère allait prendre ses aises chez moi. Mais qu’importe après tout, il n’y a rien de grave et j’avoue que la vision de Christelle en si petite tenue dans ma propriété n’a absolument rien de déplaisant si ce n’est pour Harmonie qui s’interroge. On ne le serait guère mieux à sa place.
On se dirige tous les trois sous la tonnelle et je laisse les deux femmes entre-elles le temps de préparer une petite collation. Christelle a masqué sa poitrine généreuse d’un caraco léger où les seins opulents trônent en maître sous le tissu. Elle interroge Harmonie ; son bras dans le plâtre, ses cheveux rouges, ce qu’elle fait. Le ton est sympathique, sans chichi. Christelle ne se prend pas la tête et je les entends maintenant discuter à travers la fenêtre entrouverte. Le ton est devenu beaucoup plus jovial et Harmonie a quitté sa réserve, intéressée par ce petit bout de femme qui n’arrête pas de parler, vantant allègrement tous les charmes de son île.
Je rejoins les filles avec un muscat pétillant rosé typique de la région bien frais. C’est la première fois qu’on se retrouve à plus de deux, en petit comité et j’appréhendais ce moment, par crainte d’une sociabilisation compliquée ou problématique. Il n’en a rien été.
Je découvre un peu plus celle que j’ai choisie sans même être certain de l’avoir réellement choisie. Je suis rassuré, content pour ne pas dire heureux et je m’assois juste à côté de ma chérie. Je pose un bras sur ses épaules et je dépose un tout petit baiser au creux de son cou. Christelle me dévisage avec des yeux interrogateurs, presque réprobateurs. Je vois qu’elle ne comprend pas, qu’elle s’imagine probablement des choses ; une maîtresse ? un coup d’un soir ?
- Avec Eléna, on est séparé.
- Ah ! Je comprends mieux Patrick et de toute façon, pour le peu que je l’ai vu, je n’ai pas franchement accroché.
La conversation dévie sur les spécialités du pays, la gastronomie.
- Si tu veux, je t’apprendrai à faire des beignets au brocciu. Tu verras Harmonie, c’est excellent.
- La cuisine, je ne sais pas faire mais je veux bien essayer si tu me montres.
Christelle prend congés. Elle se lève, récupère son short qu’elle enfile trop rapidement à mon goût, masquant à regret ses petites fesses admirables.
- Tu reviens quand ?
- Demain je suis au marché toute la journée. Vendredi, je suis disponible. Si tu veux je passe te chercher et on ira à la plage.
Harmonie se lève et raccompagne Christelle au portail. Je regarde la silhouette élancée des deux filles s’éloigner, Harmonie plus âgée qui n’a rien à envier à Christelle hormis peut-être sa peau entièrement hâlée et sa chevelure magnifique ; nul doute qu’elle s’adonne au bronzage intégral. Ma chérie revient s’asseoir à mes côtés toute contente, rayonnante.
- Elle est vachement sympa. Je crois que je vais m’en faire une copine.
- Oui elle est nature et elle ne se prend pas la tête.
- Euh, je peux te poser une question ?
- Oui évidemment Harmonie.
- En la voyant en arrivant, je me suis demandée si tu…
- Si quoi ? Si je l’ai sautée ? Non. Elle est bien foutue comme nana, aussi bien foutue que toi d’ailleurs, jeune et pétillante à souhait, pas farouche pour deux sous. Mais non, désolé de te décevoir. Je n’y ai pas touché.
- Mouais ! j’ai bien vu que tu matais son cul et ses seins et ça ne te gêne pas, même devant moi ?
- Si ça me gênait Harmonie, il y aurait un problème. Une fille bien gaulée, je la regarde, j’apprécie. C’est pas pour autant que j’ai envie de la sauter. Franchement, elle est super mimi mais bien trop jeune et puis tu es là et c’est avec toi que je veux être. D’ailleurs…
- D’ailleurs quoi ?
- On fait le tour de la propriété et ...
- et… on teste les capotes ?
- Bonne pioche.
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Cette fin d’après midi fut comme dans un rêve paradisiaque, non pas sexuellement parlant parce que préservatifs obligent, j’ai eu du mal à m’y faire et finalement on n’a pas réussi à trouver la recette idéale. Qu’importe car sur le plan sensuel, se fût une énormité.
Harmonie s’est révélée une déesse de délicatesse. Ses mains, sa bouche, ses lèvres, ses cheveux, ses seins, ses fesses, son sexe, elle a joué de tout son corps pour me faire voyager en volupté et lorsque j’ai fermé les yeux, tout n’était que frissons, murmures, frémissements, vertiges. Elle était partout même là où je ne l’attendais pas.
J’ai adoré ses rires discrets et amusés lorsqu’elle effleurait mon corps. J’ai raffolé de ses baisers léger, parfois plein de folie, parfois éthérés, souvent passionnés, très souvent ivres d’amour partagé. Sur le bord de la piscine, allongés sur la pierre surchauffée, on s’est aimé comme jamais je n’ai aimé, avec une tendresse démesurée jusqu’à ce que les flammes de nos ardeurs accompagnent lentement la tombée de la nuit.
Et puis, on est resté longtemps noyé dans l’obscurité, heureux comme deux amants éperdus, collés l’un à l’autre, si proche que son cœur murmurait encore au mien lorsque les rayons de la lune sont venus nous surprendre. Et tandis que le ciel étoilé nous acclamait toujours de ses milles feux silencieux, encouragé par la voix lactée qui flirtait avec les plus belles constellations, au dessus de nos corps épuisés, nous nous sommes éclipsés discrètement, l’air de rien, comme deux amoureux comblés.
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