Chapitre XVIII - 2/2

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On a quitté Aurore, Mélanie et Rémy au parking de l’aéroport en se donnant rendez-vous à la châtaignerais puisqu’ils passent à côté pour redescendre sur Porto-Vecchio.

- Elles sont super sympas tes potes papa. Elles nous ont dit que vous vous êtes rencontrés sur le bateau en venant et que tu es un mec super cool. Elle nous ont aussi parlé d’une Victoria, une super nénette avec qui tu étais lorsque vous vous êtes rencontrés. C’est qui cette Victoria ?

- Victoria, Oui. On a fait connaissance au bar sur le ferry. Elle passe ses vacances dans la baie d’Ajaccio.

- Ah ! J’ai l’impression que tu ne t’es pas ennuyé durant la traversée, mieux qu’un club de rencontres ton ferry. Et... tu la revois ?

- Non. On s’est juste échangé nos numéros de portable. Après, c’est comme tout, en club, prise dans le feu de l’action, il est probable que je n’aurais plus aucune nouvelle d’elle.

- Détrompe-toi. A priori, elle doit t’appeler cette semaine pour faire une fête chez nous avec Mélanie, Aurore, peut-être aussi Rémy s’il veut venir. C’est bizarre quand même.

- Qu’est-ce qui est bizarre ma chérie ?

- Je sais pas. J’ai l’impression que tu me caches quelque chose. Mélanie m’a laissée entendre à demi-mots et avec un énorme sourire que tu étais plutôt du genre coquin. Je n’ai rien dit mais j’étais estomaquée, enfin, ce n’est pas l’image que j’ai de toi. Tu as une liaison avec cette Victoria ?

- Non, pas du tout Caro.

- Bon tu me rassures. Il faut que je te parle. C’est important.

- Que tu me parles ?

- Oui. De maman. Elle ne va pas bien du tout, en pleine déprime. Avec Léa, on a passé beaucoup de temps avec elle. Elle veut bien revenir à la maison si tu es d’accord. Elle reconnaît ses tords et elle est prête à faire des efforts, même à venir passer quelques jours avec nous à la châtaigneraie. Ça pourrait être cool. T’en penses quoi ?

- Non, Caro, ça ne va pas être possible.

- Ben pourquoi ?

- J’ai rencontré quelqu’un d’autre. Une jeune femme que j’apprécie énormément, que j’aime beaucoup pour tout te dire.

- C’est quoi cette histoire. Tu as fait sa connaissance sur le bateau elle aussi ?

- On s’est connu un peu avant.

- Un peu avant ! Tu ne vas quand même pas me dire que tu trompais maman ?

- Non. Je n’ai jamais trompé ta mère.

- Et elle s’appelle comment cette nénette ?

- Harmonie.

- C’est quoi ce prénom à la con ? Harmonie, ça ne veut rien dire. Personne s’appelle comme ça. Et je vais dire quoi à maman ?

- La vérité.

- Tu plaisantes. Dans l’état où elle est elle est capable de se foutre en l’air. Je ne peux pas lui dire ça. C’est pas possible. Tu déconnes Papa. Tu la connais depuis combien de temps cette greluche ?

- Un peu après que je vous ai quittés. Elle faisait de l’auto-stop juste avant de prendre l’autoroute.

- De l’auto-stop ? Ben elle est où là maintenant ?

- Avec moi à la châtaigneraie.

- Putain ! Tu as ramené une auto-stoppeuse que tu ne connais même pas à la châtaigneraie. Mais tu es un grand malade. Et elle fait quoi dans la vie ?

- Rien. Enfin, si. Elle chante.

- Elle chante. Purée, une chanteuse qui fait de l’auto-stop. Je crois rêver. T’es tombé sur la tête mon pauvre père. Tu la baises toute la nuit si tu veux mais tu la vires demain matin, comme ça on n’en parle plus et je ne dirais rien à Maman.

- Non, Caroline.

- Comment ça non ? Tu ne vas tout de même pas me dire que tu es tombé amoureux d’une femme que tu as rencontrée il y a seulement quatre jours. Elle t’as fait le grand jeu et toi, comme un con tu as plongé. Mais les mecs, vous être tous des tarés, même pas un pour rattraper les autres. Je pensais que toi, tu avais du plomb dans la cervelle et je m’aperçois que même pas. Tu vois passer un p’tit cul et c’est le grand amour. N’importe quoi ! Mais vraiment n’importe quoi. Tu me déçois à un point, tu ne peux même pas savoir.

- Caroline. Ça suffit maintenant. J’aime Harmonie et c’est avec elle que j’ai envie de vivre. Attends de la connaître avant de la juger.

- Ah parce que en plus, tu envisages de la ramener chez nous ?

- Oui.

- Putain ! Qu’est-ce que j’ai fait au bon dieu pour qu’il me colle un père pareil.

- Caroline. Je te laisse vivre ta vie comme tu l’entends, que ça me plaise ou pas, c’est ta vie. C’est toi qui la gère et j’accepte sans même sourcilier. Je te demande d’en faire autant avec moi et Harmonie.

Caro s’est murée dans un mutisme absolu, le regard fixe, les bras croisées sur sa poitrine, le visage fermé. Dans le rétroviseur, je croise le regard de Léa. Des yeux magnifiques. Elle a suivit toute la conversation sans dire un mot, probablement gênée par ce déballement familial mais je comprends qu’elle n’abonde pas entièrement dans le sens de ma fille. Je suis perplexe, déstabilisé. Je ne m’attendais pas à me heurter à ce mur d’incompréhension et j’angoisse maintenant pour Harmonie qui n’est en aucun cas préparée à affronter pareil orage. Je prends conscience que j’aurai dû m’y prendre plus tôt mais là, c’est trop tard.

Je décide de m’arrêter à quelques encablures de la châtaigneraie.

- Pourquoi tu t’arrêtes ?

- Je veux que ça se passe bien.

- Qu’est-ce que tu veux que je te dise ?

- Que tu feras tout pour que ça se passe bien. Elle n’y est pour rien dans tout ça. Elle n’a rien demandé. Elle est même contente de faire ta connaissance. Elle ne s’attend pas forcément à ce que tu l’accueilles à bras ouverts, mais une chose est sûre, elle n’imagine pas voir arriver une petite furie qui ne va penser qu’à la dézinguer. Alors j’ai besoin que tu me promettes de faire le maximum pour que tout se passe bien.

- C'est impossible. C’est plus fort que moi. Je ne peux pas. Je n’ai qu’une seule envie, c’est de lui mener la vie impossible pour qu’elle se barre, qu’elle dégage le plus vite possible de ma vue et que maman revienne.

- Ok. Je vous laisse toutes les deux. Je vais m’aérer l’esprit pendant une dizaine de minutes et on reprendra cette conversation tranquillement. Sache que je ne rentrerais pas à la châtaigneraie dans ton état d’esprit.

J’abandonne mon véhicule, direction la plage. Je comprends que si Caroline s’obstine, il me faudra choisir entre Harmonie et ma fille et dans mon for intérieur mon choix est déjà fait, même s’il me déchirerait le cœur. Je contacte les hôtels les plus proches. Ils ne sont pas bondés, loin de là. J’ai donc une solution d’attente si la situation restait en l’état. J’allais regagner ma voiture lorsque Léa et Caroline viennent me rejoindre, main dans la main. Caroline est en pleurs. Léa me regarde avec un petit sourire contrit.

- Elle fera le maximum pour ne pas être désagréable Patrick.

- Je suis désolée, Papa. J’ai été égoïste et puis je voulais sauver votre couple, que maman aille bien. Je me rends compte que la fracture est beaucoup plus importante que je pensais. Tu me pardonnes ?

- Oui évidemment Caroline. J’ai bien conscience que ce n’est pas évident pour toi, pour Harmonie, pour moi et pour ta mère aussi. Je ne veux de mal à personne mais parfois il y a des choix de vie qu’il faut faire et si on ne les fait pas, c’est encore bien plus compliqué.

- °° -

A la châtaigneraie, l’effervescence bat son plein. Mélanie, Aurore et Rémy sont arrivés bien avant nous.

- Ben alors ! Vous avez fait quoi ? On commençait à s’inquiéter. Vous êtes partis largement avant nous et vous arrivez après nous, s’exclame Aurore.

- On a fait une petite pause en route.

Christelle nous accueille, rayonnante, tout sourire.

- Bonjour Harmonie.

- Heu non, moi c’est Christelle. Vous êtes Caroline ?

- Oui, désolée. Je vous présente Léa, ma compagne.

- On se tutoie, ce sera plus simple.

Les filles sont allées rejoindre Aurore et Mélanie déjà installées sous la tonnelle. Rémy n’a d’yeux que pour Christelle, fasciné par le balancé de sa poitrine, conscient qu’un peu d’ordre dans le chemisier noué juste au dessus du nombril ne serait pas superflue. Elle m'acompagne dans la cuisine.

- Harmonie est partie chercher quelque chose à boire au sous-sol. Je crois qu’elle est un peu perdue avec tout ce monde qui a débarqué sans crier gare. Tu devrais aller voir, ça fait déjà un petit moment.

- Ça s’est bien passé à la plage ?

- Oh oui, vraiment super. On a papoté comme des gamines. Je l’adore et en plus, elle a plein d’humour. Elle m’a demandée de rester ce soir. Je crois qu’elle était angoissée à l’idée de se retrouver en tête à tête avec ta fille.

- Ok, je vais aller la chercher. Merci Christelle.

Au sous-sol, je retrouve Harmonie affairée dans les liquoreux. Pour être perdue, effectivement elle est perdue. Je la regarde penchée sur le casier à bouteilles, inspectant minutieusement chaque flacon. Je me glisse discrètement derrière elle et elle se retourne, les yeux en larmes.

- Ben qu’est-ce qui t’arrive mon cœur ?

- Je ne sais pas quoi prendre. Il y a tellement de choix que je suis perdue. Je suis contente que tu es de retour.

J’essuie ses larmes délicatement. Mes lèvres cherchent les siennes, mon corps se rapproche du sien, mes mains courent dans son dos, sur ses fesses, remontent sur ses seins. Elle m’enlace et nos langues se chamaillent toute en douceur, habituées depuis peu à la passion de nos échanges.

- Viens, on va remonter. j’avais mis du champagne au frais. Ça devrait suffire.

- Tu l’as dit à ta fille pour nous ?

- Oui. Ça a été un peu plus compliqué que je ne pensais mais c’est arrangé maintenant. Allez zou dans les escaliers. Tu es trop mimi avec ta petite jupe. Si on reste ici trois minutes de plus, je vais être obligé de faire attendre nos invités.

- Inivtés, ils ont débarqué sans crier gare. Donc, on peut peut-être prendre notre temps, y a pas d’urgence.

- Coquine. Tu ne perds rien pour attendre. Allez viens, je vais te présenter Caroline.

- °° -

La rencontre avec ma fille a manqué d’enthousiasme, c’est une réalité mais globalement, on peut dire qu’elle s’est bien passée. Caroline s’est quelque peu attardée mais sans aucun commentaire sur la couleur de ses cheveux, son visage baigné de soleil, son top et sa petite jupe, un brin sexy et ses éternelles bottines. Harmonie, avec une détermination prudente a sourit légèrement.

- Je suis enchantée de faire ta connaissance Caroline.

- Pareille de mon côté. Harmonie, c’est bien cela ?

Léa tout comme moi avons suivi les échanges et d’un œil complice elle m’a gratifié d’un sourire satisfait. J’avais compris que dans l'acceptation, elle avait l’air de rien joué un rôle prépondérant.

Après la petite collation champenoise, nous nous sommes tous retrouvé au bord de la piscine. Et Christelle fut la première à se jeter à l’eau, laissant libre court à sa poitrine voluptueuse, suivi de près par Rémy après avoir réussi à extirper son slip de bain de sa valise non sans mal. Léa et Caroline sont parties se changer elles-aussi. Aurore et Mélanie qui n’avait pas prévu ce petit écart décident d’y aller quand même mais avec leur sous-vêtement, enfin limité au bas, toutes deux en string de qualité se profilant à merveille sur leur corps dénudé. L'espace d'un instant, comme un flash furtif, Je repense à Mélanie, sur le ferry, ce corps magnifique que j’aurai pu posséder si le tangage du navire n’était pas venu interrompre brutalement nos projets.

Le soleil joue à cache cache derrière le feuillage des arbres et Harmonie est venue s’asseoir près de moi. Elle est rayonnante et franchement, elle n’a rien à envier à Mélanie, ni même aux autres, mise à part Léa qui, sans aucune contestation, reste l’exception.

- Tu ne vas pas te baigner avec les autres ?

- Non, j’ai envie de rester ici avec toi ma chérie. Je suis bien.

- Sur la plage, on s’est amusée comme des folles. Il y en a même qui ont essayé de nous draguer. Je te les ai rembarrés, Christelle était médusée, sur le cul la gamine mais je l’aime bien. Elle est super nature. Jamais elle ne se prend la tête. Je l’adore. Je crois d’ailleurs qu'en ce moment, elle est en train de s’acoquiner avec Rémy.

- C'est rigolo, elle m’a dit la même chose à ton égard.

- Je suis vraiment heureuse d’avoir une amie en qui je peux avoir toute confiance.

Caroline et Léa, en maillot de bain deux pièces rigoureusement identiques, font une apparition remarquée avant de se jeter à l’eau. Une fois au bain, Léa remarque qu’elles sont seules à avoir conservé leur haut. Elle se rapproche de Caroline par derrière et d’un geste vif lui dénoue son soutien-gorge avant de l’embrasser fougueusement. Caro se laisse faire en riant et lorsque leurs lèvres se séparent, elle en fait de même en laissant ses mains courir sur la somptueuse poitrine de Léa pour le plus grand plaisir de Rémy qui n’en perd pas une miette.

- Hep, c’est par ici qu’il faut regarder s’écrie Christelle courroucée.

Et elle prend la tête de Rémy pour la plonger entre ses seins. Le pauvre Rémy n’en peut plus. Pareil traitement n’est pas de nature à calmer ses ardeurs et les voilà tous en train de batifoler dans l’eau, s’aspergeant, nous éclaboussant nous aussi âprement avec un amusement démesuré.

Aurore et Mélanie, prudentes, se sont réfugiées dans un coin de la piscine, à l’écart du tumulte, supervisant ainsi les opérations avec intérêt. De temps en temps, un baiser furtif, plein de tendresse, s’échappe sans réellement maîtriser la piste d’atterrissage.

- Elles sont lesbiennes elles aussi ? M’interroge Harmonie interloquée.

- Un peu.

- Comment ça un peu. On y est ou on n’y est pas du tout, non ?

- Chez elles, ce n’est pas aussi tranché. Elles aiment nager entre deux eaux.

- Ah ! Et comment tu sais ça toi ?

- Je les ai vu faire sur le ferry.

- Oui évidemment.

Le soleil a disparu derrière les arbres et tout ce petit monde sort de l’eau. Les serviettes de bain s’activent, les cheveux hirsutes s’emmêlent, les poitrines se gonflent, s’affirment, les fesses humides s’agitent délibérément. Christelle et Rémy discrètement ont déserté la promiscuité pour s’alanguir tous les deux tranquillement derrière la maison. Caroline a invité les filles à passer à la douche et personne ne se fait prier.

Dans la salle de bain, à travers la fenêtre entrouverte, c’est une ambiance de folie. Ça rit, ça jacasse, ça glousse dans la bonne humeur générale.

- Tu les entends ?

- Oui. Ça rigole bien.

- Mais... elles prennent leur douche ensemble. Tu trouves ça normal ?

- Ben ! C’est des filles.

- Oui mais quand même, elles sont lesbiennes. Deux par deux, je veux bien encore mais à quatre…

- Tu veux que j’aille les séparer ?

- Pfff ! Tu n’en rates pas une toi. Je crois qu'il est temps que je te montre de quel bois je me chauffe. Je vais me venger ce soir surtout que j’ai fais mes analyses ce matin et en remontant de la plage avec Christelle j’ai récupéré les résultats. Devine ?

- Tu as chopé des morpions ?

- Idiot ! Même pas drôle. J'apréhendais mais Je n'ai rien, Nickel. Alors j’en ai profité pour mettre en vente les préservatifs qu'on a achetés sur un site de petites annonces.

- Non ! T’as pas fait ça ?

- Si avec Christelle. On s’est bidonnées comme des folles.

- Je propose qu'on en garde une boîte, celle qui est entamée ? Ça peut toujours servir.

- Pas possble mon chéri. Les XXL, on les vend au détail et on a déjà une bonne centaine d'amateurs. Je plaisante évidemment. Euh... Comment ça, ça peut toujours servir ! tu peux préciser le fond de ta pensée, là ?

- °°° -

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